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Quasiment inexistants il y a quatre ans, en dehors de quelques espagnols ou italiens, les vins étrangers commencent à trouver leur place sur les tables des restaurants.
m Pierre Boyer
Vintage porto de 1964 avec des Mouton-Rothschild 1982.
Les vins étrangers, encore
rares en France, montrent peu à peu le bout de leur nez. "En Auvergne, ils
représentent 1,5 % du marché. Nous pouvons espérer atteindre les 10 % dans dix ans",
expliquent Colin Hancock et Patrick Voss. Ce soir-là, le directeur de la société
Jacques et François Lurton (JFL distribution) et son commercial pour le Puy-de-Dôme
présentent des vins chiliens, argentins et australiens à un club d'nologues
amateurs, autour de plats tout aussi exotiques (Potage congolais, Pavé de kangourou,
Filet de flétan à l'orange) dans le cadre du lycée hôtelier de Chamalières. Et ils
précisent que les vins français ont perdu de leurs attraits, à cause des prix. "A
l'étranger, un client va acheter aussi naturellement un chilien, un argentin, un
australien qu'un bordeaux ou un bourgogne."
Pour Jean-Marc Vindrié (hôtel Vindrié à Menat, Puy-de-Dôme), le constat est
identique. Depuis trois ans, il se penche très sérieusement sur les productions hors des
frontières. Sa maison est renommée pour sa cave, travail de quatre générations de
restaurateurs amateurs avertis. La carte des vins ? Epaisse comme un livre, avec 3 000
références "environ", précise le propriétaire. "Les vins
français sont trop chers et quasiment introuvables. Ils partent tous à l'exportation.
Arrivés sur table, leur prix est prohibitif pour la majorité des clients. Nous ne
vendons pas tous les jours des bouteilles à 1 000 F." Il a donc complété sa
carte. Elle contenait déjà des riojas espagnols, des vins italiens. Il a rajouté des
vins californiens, des australiens, des vins d'Afrique du Sud, d'Amérique du Sud qu'il a
lui-même sélectionnés.
Argumenter pour vendre
"Bien sûr, ils sont plus difficiles à conseiller que les crus traditionnels
français, confirme-t-il. Si j'annonce que je vais servir un vin étranger, les
clients vont faire la moue. Donc je leur dis 'je vais vous faire goûter quelque chose.
Vous m'en direz des nouvelles'. Je leur sers un vin blanc, un pahlmeyer de Californie par
exemple, et ils croient deviner un montrachet. Une fois, quelqu'un a même souligné qu'on
faisait vraiment de bonnes choses en France en dégustant un rouge australien."
Si le terroir est bien sûr très différent du nôtre, il n'en est pas moins vrai que ces
vins sont souvent travaillés par des Français, les nologues français, mais aussi
par des propriétaires qui ont presque toujours quelque chose à voir avec le Vieux
Continent...
Chapoutier est présent en Australie. Jacques et François Lurton, propriétaires d'une
vingtaine d'appellations en Bordelais, ont seulement décidé, en 1988, d'aller découvrir
d'autres terroirs. "Ils ont commencé par être conseils pour la vinification et
l'nologie. Puis ils ont lancé leurs propres productions en Argentine. Ils
réalisent un chiffre d'affaires de l'ordre de 70 millions de francs, surtout en
Scandinavie, aux Etats-Unis, au Québec, en Allemagne, mais très peu en France",
raconte Colin Hancock. Et ce ne sont pas les seuls. S'installer à l'étranger reste un
bon moyen pour se diversifier ou accroître la production. "Les Français sont les
plus gros investisseurs en Argentine à cause du potentiel. C'est un pays très prometteur",
ajoute-t-il.
Mais à côté de l'Argentine, du Chili, de l'Australie ou de l'Afrique du Sud, il ne faut
pas oublier l'Espagne, le Portugal, l'Italie, tout comme certains pays de l'Est qui
possèdent de beaux terroirs. "Où l'on trouve des choses excellentes",
précise Jean-Marc Vindrié. Il prévoit un voyage en Afrique du Sud "où il
existe les meilleurs rapports qualité/prix à mon avis". n
JFL distribution :
Tél. : 05 57 74 72 74
E-mail : jflurton@jflurton.com
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L'HÔTELLERIE n° 2707 Magazine 1er Mars 2001