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Pour parler de son aventure, Hélène Grellier a choisi le décor du Train Bleu, gare de Lyon à Paris. Un restaurant renommé découvert au fil des pages du livre Les plus beaux restaurants de Paris, point de départ d'une quête. Rencontre.
m Lydie Anastassion
Tenace. Hélène Grellier
est tenace. En septembre dernier, la jeune hôtesse de l'air de 32 ans s'est lancée dans
une aventure étonnante : récolter les signatures des chefs de cuisine ou des directeurs
des 52 restaurants répertoriés dans le livre Les plus beaux restaurants de Paris
de Roger Gain, publié aux éditions Gallimard. Sa quête a débuté le 4 septembre et
s'est achevée le 24 novembre. Une 'chasse' à l'autographe soigneusement consignée sur
quatre feuilles de format A4, mentionnant pour chaque jour les établissements visités et
les signatures reçues. Presque trois mois plus tard, l'ouvrage, acheté dans une
librairie de quartier du XVe arrondissement, contient la griffe des plus grands : les
chefs de cuisine Alain Ducasse, Alain Senderens, Christophe Felder, le chef pâtissier des
Ambassadeurs...
"L'idée m'est venue tout de suite. Je lui ai consacré tous mes loisirs. C'était
comme un marathon. Les premiers jours, j'étais véritablement grisée par le succès",
raconte Hélène qui a eu pas mal de chance. "Lorsque je suis arrivée devant le
Plaza Athénée, Alain Ducasse était sur le parvis. J'ai attendu pendant au moins vingt
minutes qu'il ait fini sa discussion et je me suis présentée", poursuit la
jeune femme, avant d'ajouter, rayonnante, "j'étais aux anges". Mais les
émotions ne faisaient que commencer. "Je suis ensuite allée à La Fermette
Marbeuf où j'ai croisé l'acteur Daniel Prévost. Je crois que c'était ma journée",
raconte encore Hélène Grellier qui a alors regretté... de ne rien avoir à lui faire
signer. Pas facile parfois de forcer les portes des grandes maisons lorsque l'on n'est ni
du sérail, ni journaliste. "Pour un premier contact, j'y suis allée au flan. Et
lorsque je rencontrais un obstacle, j'utilisais le téléphone pour prendre rendez-vous."
Il en fallait cependant davantage pour décourager Hélène.
Chauvinisme
Dans l'univers de la fête, l'accueil n'a pas toujours été très fair-play. Sans
chercher à la rencontrer, des directeurs se sont faits apporter le livre dans leur bureau
pour le signer. Quant aux offres de cafés, elles ont été quasiment inexistantes. Ce qui
n'a pas, heureusement, entamé l'enthousiasme chauvin d'Hélène pour la gastronomie
française. "Je suis fière de la cuisine française. A chaque fois que je vais à
l'étranger pour mon travail, je mesure le fossé au niveau de la restauration. J'ai
grandi dans une ferme à Montmorillon près de Poitiers. Ma mère m'a appris à rechercher
la qualité", raconte encore la jeune femme.
Les anecdotes fusent à la lecture de la feuille de route. "Je suis arrivée
devant le restaurant Lucas Carton vers 11 heures. La porte était fermée. A l'intérieur,
les garçons passaient l'aspirateur. Je me suis adressée à un homme habillé en bleu et
je lui ai expliqué ma demande. J'ai eu de la chance, il était de la maison. Il m'a fait
entrer par la porte de service dans la galerie et je me suis retrouvée en face d'Alain
Senderens qui a signé sans faire aucun commentaire." Pour satisfaire
complètement Hélène, il manque encore deux signatures, celle de Jean-Paul Bucher, le
président du Groupe Flo, dont trois brasseries - Bofinger, Flo et Julien - sont au
sommaire du livre, et celle d'Olivier Poussier, Meilleur jeune sommelier du monde. Nul
doute qu'elle parvienne à ses fins. n
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L'HÔTELLERIE n° 2707 Magazine 1er Mars 2001