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Les nouveaux propriétaires du bar-restaurant du Relais de la Poste, sur la petite commune de Flogny-la-Chapelle (Yonne), n'hésitent pas à multiplier les initiatives et les choix de menus pour attirer une clientèle hétérogène sur un large rayon.
Un fils au bar, un autre en cuisine et tous derrière le comptoir s'il faut prêter main-forte : les choses se font en famille au bar-restaurant le Relais de la Poste de Flogny-la-Chapelle, racheté l'année dernière par Christian Chapotin. C'est bien l'occasion qui a fait le larron ici. "J'avais un peu d'argent de côté, un fils barman et un autre cuisinier-pâtissier depuis sept ans qui avait une farouche envie de monter sa propre affaire, raconte-t-il. Alors on s'est lancé : j'ai racheté les murs pour 250 000 F avec un étage, et on a effectué 100 000 F de travaux fonctionnels, avant d'ouvrir en octobre dernier. Mais je ne veux pas mener la barque, c'est aux jeunes de se débrouiller", précise-t-il. Sa femme et lui ont d'ailleurs préféré garder leur emploi.
Des prix pour tous les goûts
Il faut dire que s'installer à Flogny-la-Chapelle, commune de l'Yonne de 1 200 habitants,
en investissant de plus dans un large choix de menus, n'était pas un pari facile. "C'est
un ami brasseur qui nous a conseillé de prendre ses locaux alors que nous avions déjà
visité plusieurs salles qui ne nous plaisaient pas. L'avantage, c'est qu'au niveau
restauration, il n'y a pas vraiment de concurrence à 14 km à la ronde, vers Tonnerre et
Saint-Florentin."
Les choses ne se sont pas faites toutes seules pour autant. La famille a su prendre des
risques pour toucher la clientèle la plus large possible. Pas moins de sept menus, une
carte et deux listes de pizzas sont proposées, du plat du jour à 45 ou 58 F au repas à
385 F. "Les menus les plus chers visent une clientèle du soir et du week-end, car
les recettes du midi se font plutôt avec les représentants (nous avons beaucoup de
chèques de la région parisienne) et les gens travaillant à proximité. Ils attirent par
exemple des retraités. Nous organisons également des anniversaires ou des repas des
anciens. Ce choix de menus élaborés fait venir les gens de plus loin et aussi les
étrangers en bateau s'arrêtant au port du canal voisin. Nous misons beau-
coup sur cette clientèle de printemps et d'été (le canal ferme de novembre à mars)
tout à fait intéressante, notamment les Anglais et les Allemands amoureux de la
gastronomie française et des bons vins." Ce qui nécessite quand même une
gestion serrée des stocks pour pouvoir proposer constamment des produits frais. Afin
d'allécher les babines sur de longues distances, Ludwyg, le cuisinier, s'est fait une
spécialité du Ragoût d'escargots, de l'Onglet de veau et des Chaussons de poissons de
rivières de l'Yonne.
Fédérer les clients, les jeunes et
le PMU
Et pour faire découvrir ses talents à la ronde, la famille n'a pas voulu rater
l'inauguration du restaurant : "On l'a annoncée par voie de presse avec des
invitations personnalisées pour les associations et les élus. 450 personnes sont venues
pour le banquet : on ne s'attendait pas à une telle mobilisation !"
Et puisque toutes les possibilités de développement sont importantes, la famille a
réfléchi à un nouveau concept pour le bar. "L'ancien propriétaire avait
aménagé un petit bar et trois salles de restaurant. Nous avons repoussé un auvent afin
d'agrandir le bar et ne garder que deux salles de restaurant. Il reste quand même une
capacité totale de 70 couverts, ce qui nous paraît suffisant." Le mardi, jour
de marché, le coin bar se remplit sans mal. Et pour le reste, billard, consoles, jeux de
fléchettes, flipper et télé fraîchement installés ont conquis les jeunes des
alentours. "Ils sont une vingtaine à se réunir ici régulièrement, car il n'y a
pas beaucoup d'autres activités dans la région. Ils ne consomment pas énormément, mais
jouent beaucoup. Comme le bar est aussi tenu par des jeunes, ils viennent plus
naturellement chez nous qu'au café d'en face. Et les parents appellent ici pour chercher
leurs enfants." Seule ombre au tableau, le PMU qui n'est toujours pas installé
dans l'établissement. "On nous a répondu qu'il n'y avait pas assez de monde à
Flogny et qu'il faudrait que le PMU de Tonnerre ou de Saint-Florentin prenne des vacances."
Pas une raison de lâcher prise pour les Chapotin, qui viennent de lancer une consultation
avec l'appui de la mairie afin de récolter des signatures de consommateurs réclamant le
PMU. "Nous ne voulons pas nous lancer dans n'importe quoi tête baissée pour
autant. Nous nous sommes rendu compte que nous n'avions pas les moyens financiers pour
demander à devenir un tabac, d'autant plus qu'il y en a un juste à côté, avec lequel
nous ne voulons pas entrer en concurrence. On assure juste la revente légale de
dépannage." Quant aux projets, la famille compte entre autres, rénover les
chambres d'hôtel de l'étage. "Nous pensons remettre 15 chambres en état dès
que nous aurons le budget." Les tout premiers mois, le Relais de la Poste était
ouvert 7j/7. A présent, toute l'équipe se repose le mercredi. "La première
année, il était indispensable de faire le sacrifice des vacances. Après, on espère
bien pouvoir souffler un peu." n
Les choses se font en famille au bar-restaurant le Relais de la Poste de
Flogny-la-Chapelle, racheté l'année dernière par Christian Chapotin.
En chiffres |
Rachat des murs 250 000 F Montant des travaux réalisés 100 000 F Plats du jour De 45 à 385 F 7 menus, 1 carte, 2 listes de pizzas, Capacité 70 couverts (1 bar, 2 salles) |
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L'HÔTELLERIE n° 2707 Magazine 1er Mars 2001