Produits & techniques |
équipement |
Réduction du temps de travail, difficulté de recruter du personnel, plus que jamais, il est important de se pencher sur l'organisation et l'équipement de chaque poste. Parent pauvre de la cuisine, la laverie ne devrait pas échapper à cette prise de conscience. Ordre, méthode et ergonomie pour un gain de productivité évident et le confort du personnel.
m Cécile Junod
Travail ingrat par excellence, peu valorisant et pénible, le lavage de la vaisselle doit pourtant fournir un résultat impeccable. La solution : penser à la laverie de façon à ce que le personnel fasse le travail sans réticence. "Les investisseurs doivent être conscients de l'importance de la laverie, explique Michel Sevin, chef des ventes laverie chez Bonnet Cidelcem. Ce poste ne doit être ni sous-dimensionné, ni sous-équipé. Il faut se donner les moyens du résultat attendu, c'est-à-dire une vaisselle propre et brillante." Organisation du local (emplacement, surface, éclairage, ventilation, etc.) et environnement (matériel, tablerie, chariots, etc.) doivent être conçus de façon à faciliter le travail du personnel. Cet argument ergonomique est à lui seul une politique. Mécontentement du personnel, turn-over important sont les ingrédients nécessaires et suffisants pour ne jamais obtenir de bons résultats et entretenir un budget casse très conséquent. Les montants investis pour l'organisation de ce poste sont souvent très rapidement récupérés par les économies sur la casse. Un argument à bien méditer et à prendre sérieusement en considération.
Nordien System - Enodis a élaboré tout un concept avec un circuit de dépose
tournant à deux plateaux : une solution idéale pour résoudre le problème
d'encombrement.
Concepts rationnels et efficaces
"Il n'existe pas de laverie type, intervient Jean-Claude Guilloux, conseiller
technique chez Enodis. Chaque cas est différent et nécessite une étude. Certains
points sont à prendre en considération : le type de restauration car la surface du local
à prévoir en dépend, le type de vaisselle utilisé, le nombre de pièces à traiter par
couvert, où et comment est stockée la vaisselle propre. Faut-il des chariots pour la
transporter ? Où la batterie est-elle lavée ? Où se trouve le local à poubelles ?
Quelle est l'organisation du travail ? Les réponses apportées à toutes ces questions
permettront de concevoir la laverie adaptée à l'établissement. Il est impossible
d'établir un schéma type, d'autant plus que l'on doit tenir compte de la topographie
particulière du lieu d'implantation. Cependant, certains grands principes restent
toujours valables."
Pour parvenir à une organisation économique du lavage de la vaisselle et éviter la
casse onéreuse, des voies de circulation sans croisement devront être prévues, ainsi
que des zones tampon de stockage. Une laverie modèle compte trois zones distinctes : la
zone de dépose et de tri de la vaisselle sale, la zone de lavage et la zone de stockage
de la vaisselle propre. Cependant, selon l'organisation du travail, les aménagements
seront différents. Par exemple, si la vaisselle est différée par rapport au service, la
zone de dépose doit être suffisamment importante pour stocker toute la vaisselle sale.
Si un prétri de la vaisselle sale est effectué par les serveurs, des casiers et paniers
de couleurs différentes placés sur des étagères et une table de dépose bien équipée
d'un vide-liquide et d'un trou ou d'une raclette vide-déchets sont d'une grande
efficacité. Si la machine à laver n'est pas séchante, il est astucieux de prévoir une
plus longue table de sortie pour permettre à la vaisselle de sécher à l'air libre. Chez
Nordien System (Enodis, ex-Welbilt), on s'est donc penché sur tous ces problèmes
d'organisation afin d'élaborer tout un ensemble d'éléments astucieux. Ainsi le plan de
dépose tournant est-il très efficace au moment du service, où le personnel de salle
entièrement absorbé par ses clients, doit toujours trouver un endroit libre pour
déposer la vaisselle sale. Entraîné électriquement, ce plan de dépose à deux étages
constitue une vaste zone tampon de dépose. A proximité, un grattoir à déchets, une
poubelle facilement accessible et un chariot de trempage pour les couverts sont autant
d'accessoires indispensables à une parfaite organisation.
Table de triage Bonnet Cidelcem.
Actions mécaniques, chimiques et
thermiques
Chez Bonnet Cidelcem, on a également beaucoup planché sur l'organisation de ce poste de
travail. On a même créé un concept composé de tout un ensemble de paniers pour
faciliter le triage des pièces. De plus, la destination de chaque casier (room-service,
restaurant, bar, etc.) est repérable par un code couleur. Et à chaque service correspond
une dotation de casiers, donc de vaisselle. Un simple coup d'il permet d'en faire
instantanément l'inventaire. Les casiers en position inclinée sur une étagère
permettent au personnel de facilement le remplir. Une fois pleins, il suffit de les faire
basculer côté plonge. C'est facile, efficace et pas fatigant. "Une vaisselle
propre ne peut s'obtenir sans l'action conjuguée de plusieurs éléments, intervient
Michel Sevin, directeur des ventes laverie chez Bonnet Cidelcem. Il faut la puissance
mécanique fournie par la machine, un bon dosage des produits lessiviels, la juste
température de l'eau aux différents cycles de lavage et la qualité de l'eau. Bien sûr,
au-delà de ces éléments, l'organisation de la laverie est également importante. Elle
doit être logique, ergonomique et compacte, ce qui ne veut surtout pas dire trop petite.
Pour être fonctionnelle, elle doit suivre l'ordre logique des actions à mener :
réception de la vaisselle sale, triage des différentes pièces, dérochage des déchets
(avec si possible, traitement automatique des déchets par voie liquide), mise en
casiers, prélavage manuel par douchette (option), lavage de la vaisselle en
machine (avec si possible, des machines à laver distinctes pour les verres-couverts
d'un côté, vaisselle-plâterie de l'autre), une table de sortie machine suffisamment
longue pour permettre le séchage de la vaisselle (longueur variable en fonction du
type de machine), et tout le matériel nécessaire pour stocker la vaisselle propre,
soit sur des rayonnages fixes ou dans un meuble, soit sur des chariots, normalement
équipés de housses de protection pour que la vaisselle propre ne soit pas exposée à la
poussière."
Pour Michel Sevin, pas de doute. Pour un résultat de qualité, il est préférable "d'atomiser"
le lavage en disposant de deux machines distinctes, si possible proches l'une de l'autre
afin qu'une seule personne puisse gérer les deux. Quoi qu'il en soit, il est impératif
d'éviter de mélanger les verres, couverts, assiettes et plâtrerie au cours d'un même
cycle de lavage. Les couverts doivent être placés dans des godets prévus à cet effet,
la tête en bas. Quant aux verres, pour obtenir une transparence irréprochable, l'eau
déminéralisée est impérative.
"Dans ce local, l'hygiène est également un élément primordial, poursuit
encore Michel Sevin. Il doit y avoir séparation nette entre le sale et le propre, sans
croisement. Le traitement des déchets devrait être automatique. La voie liquide est une
excellente solution, facile à mettre en uvre. Le local doit pouvoir être lavé au
jet et donc étudié pour que ce soit possible : pente au sol, plinthes arrondies et à
gorge, machine à laver étanche, totalement nettoyable au jet. Et pour finir sur
l'hygiène, n'oublions pas le respect de la non-pollution du réseau primaire
d'alimentation. Encore un mot sur l'éclairage, qui doit être suffisant afin de bien
repérer les imperfections de lavage en sortie de machine et l'extraction des buées. Pour
que l'atmosphère soit supportable dans ce local souvent exigu, le système d'extraction
doit être bien adapté. Tous ces facteurs paraissent évidents, et pourtant, sur le
terrain, les plus élémentaires font souvent défaut." n
Vue par Bonnet Cidelcem, cette implantation offre la possibilité d'un traitement
de la vaisselle en continu à l'aide d'une machine à avancement automatique (4) des
casiers de lavage (1). Le triage et le lavage peuvent être dès lors synchonisés. Une
machine à porte frontale (2) peut être ajoutée pour le lavage des verres.
Autre implantation imaginée par Bonnet Cidelcem. Le débarassage et le traitement
de la vaisselle sont indépendants et peuvent être différés dans le temps. Les
assiettes sont lavées dans une machine à capot (3). Les verres peuvent être lavés dans
une machine à ouverture frontale (2). Des casiers de lavage (1) sont également
proposés. Les verres, dans leurs casiers, hors casse et hors poussière, sont rangés sur
socle rouleur (5).
Casiers judicieuxLes casiers seront robustes afin de résister aux chocs thermiques, chimiques et mécaniques auxquels ils sont soumis. Mais ils seront également légers afin de faciliter leur manutention. Cloisonnés, ils maintiennent bien en place verres et tasses, diminuant ainsi les risques de rayures et de casse. De couleurs différentes, ils permettent de classer les verres par type. Empilables, ils facilitent le stockage de la vaisselle propre. Enfin, ils permettent le transfert direct de la verrerie en salle, en toute sécurité. Des chariots adaptés à ces transferts sont nécessaires. Munis de housse, ils peuvent même constituer de véritables meubles de rangement. |
Au Sofitel Paris-Bercy"Ici, explique Eric Couturier, directeur de la restauration, le
responsable de la laverie, c'est le chef. Il gère, pour l'ensemble de la cuisine, dont la
laverie fait partie intégrante, le personnel, le matériel et le respect des règles
HACCP. Bien sûr, je me sens également directement impliqué. Pour le personnel de la
laverie, nous avons choisi de faire appel à La Française des Services, une société de
sous-traitance. Ici, c'est le personnel de salle qui effectue le tri de la vaisselle sale. Chaque
pièce est débarrassée de ses déchets et placée dans le panier correspondant. La table
de tri comprend un petit évier vide-verre et un trou à déchets. Les paniers
pleins sont ensuite récupérés par le préposé au lavage. Après un passage sous la
douchette, les paniers contenant les assiettes, tasses et soucoupes passent en machine à
avancement automatique. Les verres et les couverts sont traités à part, dans une machine
à capot. Les paniers contenant des pièces propres sont ensuite entreposés sur des
chariots qui ramèneront la vaisselle sur son lieu d'utilisation. |
|
|
|
|
Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts
L'HÔTELLERIE n° 2707 Magazine 1er Mars 2001