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succès et difficultés |
Grâce à une idée originale, Christine et Philippe Rocher ont créé avec succès un pub-taverne indépendant à Brioude, ville de 8 000 habitants en Haute-Loire.
m Pierre Boyer
Christine et Philippe Rocher ont tenté leur chance
en répondant à l'appel d'offres lancé par la mairie de Brioude (Haute-Loire) au début
de l'année 1999. La municipalité proposait un local, des murs bruts de décoffrage, pour
la création d'un bar-restaurant. "Nous voulions bien nous installer dans cette
ville de 8 000 habitants, soit 12 000 avec les environs. Pour créer un fonds de commerce,
notre fonds de commerce, une idée qui nous a toujours aiguillonnés depuis que nous
travaillons dans l'hôtellerie", se souviennent-ils.
Mais il fallait se démarquer des autres candidats, dont certains alignaient une
expérience plus imposante, comme la Taverne de Maître Kanter du Puy-en-Velay. Les deux
jeunes gens ont parié sur une idée. La ville de Cardigan, au pays de Galles, est
jumelée avec la sous-préfecture de la Haute-Loire. Ils ont demandé l'autorisation
d'utiliser ce nom. Et ils ont proposé la création d'un pub-taverne baptisé le
Cardigan's, consonance très 'british' pour une ambiance qui reste dans le ton :
spécialités de bière (une trentaine), de whiskies (une quarantaine), musique, décor en
bois et tons chaleureux. Ils remportent ainsi l'appel d'offres et se lancent dans les
travaux. Ouvert depuis la mi-août 1999, l'établissement propose une carte 'réduite',
comme le reconnaît Philippe Rocher. "Mais nous accordons beaucoup d'importance
aux produits, nous ne proposons que des produits frais, donc les plats peuvent changer
tous les jours, voire plusieurs fois par jour, en fonction des achats. Et nous avons une
chocolatière qui tourne toute la journée au bain-marie." Il y a 6 entrées, 5
plats et 4 desserts pour une capacité de 50 à 70 couverts avec la terrasse panoramique
à l'étage.
Les bases restent le saumon, région de Brioude oblige, le filet de buf, l'émincé
de veau. Les formules débutent à 59 F. "Elles marchent bien. Tout le monde n'a
pas les moyens de dépenser 100 F pour se restaurer à midi", explique Philippe
Rocher.
Musique et clientèle féminine
Pour l'ambiance, ils ont banni radio et télévision, pas de sport à regarder sur grand
écran. "Nous avons mis en place un concept de musique avec CD en semaine, un
café philo, des groupes tous les week-ends en saison et 2 fois par mois le reste de
l'année." Avec une dérogation pour ouvrir jusqu'à 2 heures du matin. "Ici,
les gens retrouvent une convivialité." La clientèle varie selon les heures de
la journée : les salariés des entreprises des environs le matin et à midi ; plus calme
dans l'après-midi avec ceux qui dégustent thé ou le chocolat de Cardiff, préparé à
l'ancienne et nappé de chantilly ; retour de l'animation entre 18 heures et 20 heures
avec une majorité de clients "de 25 à 50 ans". "Notre
clientèle est à 45 % féminine, parce qu'il y a un état d'esprit et que le Cardigan's
ne dégage pas une image de bar classique, comme les bistrots de quartier."
Au total, Christine et Philippe Rocher ont réalisé un investissement de 1,7 MF, pour un
chiffre d'affaires de 2,6 MF. Ouvert 5j/7 (fermé le dimanche et le lundi), le Cardigan's
emploie 3 personnes uniquement, "à cause des difficultés pour trouver du
personnel d'une part, et d'autre part, parce qu'il y a des creux d'activité dans une
petite ville comme Brioude", expliquent-ils. En revanche, ils réfléchissent
comment développer le concept qu'ils ont mis en place. n
Christine et Philippe Rocher se complètent au niveau expérience. Elle a un
CAP-BEP de cuisine, une expérience dans les chaînes, assistante de direction, directrice
d'hôtel. Lui possède un solide bagage dans la gestion d'entreprises.
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L'HÔTELLERIE n° 2712 Magazine 5 Avril 2001