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Après 3,3 millions de francs de travaux de rénovation, le Blanche Neige à Valberg, dans les Alpes-maritimes a conquis une nouvelle clientèle, attirée par un accueil personnalisé et le parti pris peu conformiste de la décoration de l'hôtel.
Jean-Lou Kretchmann tire un bilan très positif des travaux de rénovation de son établissement, l'hôtel-restaurant Blanche Neige à Valberg (06). "Si je n'avais qu'un conseil à donner, ce serait de ne pas hésiter à se lancer..." Racheté en 1980, cet établissement, l'un des plus anciens de la station, construit dans les années 30, est exploité aujourd'hui par le couple Annick et Jean-Lou Kretchmann. "En 1996, nous avions fini de rembourser notre prêt, nous étions propriétaires. Mais il n'était plus possible de continuer à travailler en l'état : nous 'vivotions', notre hôtel avec ses salles de douches, à l'étage ne correspondait plus à la demande de la clientèle. Il a fallu faire un choix : vendre ou refaire." Une question difficile, d'autant que la période est critique et que la neige, essentielle pour la fréquentation, semble bouder l'arrière-pays niçois. Les Kretchmann demandent des conseils à leur entourage, observent leur clientèle. "Malgré son inconfort, des clients fréquentaient notre établissement alors qu'ils auraient largement pu s'offrir un 3 étoiles. Ils pouvaient donc facilement supporter une hausse des tarifs, nous ne risquions que de les fidéliser encore plus..." La décision est prise : le Blanche Neige sera totalement restructuré et rénové.
Annick et Jean-Lou Kretchmann, les propriétaires de l'établissement.
Trois mois pour tout changer
"Nous avons confié la réorganisation de l'hôtel à un architecte. L'objectif
était de doter chaque chambre d'une salle de bains. En agrandissant certaines d'entre
elles pour que des familles entières de 3 à 4 personnes puissent utiliser une seule et
même chambre. Pour nous adapter à la clientèle familiale de Valberg, nous avons donc
supprimé 5 chambres pour en obtenir 17 dans le nouvel aménagement."
Les travaux sont menés tambour battant, en trois mois, entre la fin de la saison d'hiver
et le début de la saison d'été : "Tout a été mis à nu, seuls les murs
extérieurs ont été conservés. Pour gagner du temps, nous avons pris en charge sur
place l'hébergement et les repas des différents corps de métier, puisque ni la cuisine,
ni la salle de restaurant n'étaient concernées par ces travaux." La
décoration, commencée avec l'aide de l'architecte, va prendre un nouveau tournant avec
la rencontre d'une amie de longue date, Martine Codaccioni ; elle suggère une décoration
lumineuse et gaie, dans un style provençal très éloigné des traditionnels chalets de
montagne. Pour animer la façade, elle propose du jaune et du vert vifs : "Au
début, avec les esquisses, on se demandait ce que ça allait donner... Finalement, le
résultat nous a enchantés, comme nos visiteurs. Quand la DDE nous a demandé de modifier
les couleurs, il n'en était pas question. Nous avons ouvert le livre d'or à cette
période pour avoir des traces du soutien de nos clients."
Patine, ocre, fer forgé, meubles peints, tissus provençaux déclinés en harmonie,
coussins douillets en forme d'étoile ou de cur, le Blanche Neige gagne une
multitude de petits détails coquets et confortables. "L'idée, c'est de tout
illuminer par la couleur... Même les chambres, plus petites, lorsqu'elles sont mises en
valeur par des détails soignés, comme des pieds de lampe ouvragés ou des petits stores
gais aux fenêtres, deviennent accueillantes." La décoratrice convertit les
Kretchmann aux vertus de la récupération : "Pour la salle du restaurant, je
n'avais plus de budget. Avec de la peinture, elle a refait tables, chaises et meuble de
desserte pour une somme modique." Côté financier, le coût de la rénovation
s'est élevé à 3,3 millions de francs.
Un retour sur investissement immédiat
"J'ai contracté un emprunt de 1,6 million de francs auprès de ma banque, qui a
tout de suite répondu favorablement. J'avais de très bonnes relations avec elle, certes,
mais elle n'a pas hésité un instant, car j'avais un dossier bien préparé avec mon
comptable. J'ai aussi bénéficié de 800 000 francs de subvention des conseils général
et régional. Le reste, c'est de l'autofinancement." Un emprunt complémentaire
de 400 000 francs a été nécessaire l'année suivante pour poursuivre les travaux, et,
depuis, chaque année, environ 200 000 francs d'investissements supplémentaires pour
terminer. Mais le retour sur investissement a été immédiat : "La rénovation a
tout changé, et d'abord la clientèle qui est aujourd'hui celle d'un 3 étoiles. Du coup,
j'ai changé la carte, avec une cuisine plus élaborée, un service à l'assiette. Le
chiffre d'affaires a progressé avec moins de chambres et moins de personnel (8 à 10
personnes en saison). Nous sommes passés à 1,9 million de francs en 1999 (contre 1,1
million de francs avant la rénovation), et la marge bénéficiaire a augmenté..."
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L'HÔTELLERIE n° 2716 Magazine 3 Mai 2001