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Gilles Simonpietri  

Un pinceau et un plateau

Artiste peintre talentueux, il aime dessiner les façades de bistrots. Son thème favori : Les Deux Magots, à Paris, où il exerce depuis 13 ans le métier de serveur. Rencontre.

m Sylvie Soubes

Premier plateau à 18 ans, premier pinceau à 8 ! Gilles Simonpietri a deux passions dans la vie : son métier de serveur, qu'il exerce depuis près de 30 ans, et la peinture, qu'il a découverte encore gamin. "J'ai commencé avec une boîte de peinture qu'on m'a offerte à Noël et je n'ai jamais arrêté depuis." Corse de naissance et de cœur, il revendique des couleurs vives et une douceur de vivre qu'il retrouve non seulement sur sa terre natale mais également en Polynésie, où il aime croquer les façades de bistrots. Là-bas, on l'appelle Monsieur Aquarelle.
Garçon aux Deux Magots depuis plus de 13 ans, Gilles Simonpietri puise aussi son inspiration dans les différents établissements du VIe arrondissement de la capitale. Les Deux Magots font partie de ses thèmes favoris. L'an dernier, Catherine Mathivat, fille du propriétaire des Deux Magots, a relevé un défi sympathique. "J'ai souvent peint le café des Deux Magots et, en plaisantant, j'ai dit que ce serait amusant d'exposer les tableaux ici, se souvient notre serveur et peintre. Mademoiselle Catherine m'a pris au mot, et grâce à elle, j'ai fait ma première grande exposition." L'opération, qui a duré plusieurs semaines, a été particulièrement appréciée des habitués. Certains lui ont même commandé des toiles les représentant, notamment, à l'intérieur des Deux Magots.

Contact
Gilles travaille les silhouettes. Le doigté est léger, vif, l'expression figurative. Dans toutes les œuvres du maître, un chien noir renifle, regarde, s'interroge. "J'ai eu un labrador noir qui a été beaucoup plus qu'un simple chien pour moi et j'en ai fait ma signature." Gilles Simonpietri est un homme discret. Un regard doux filtre derrière de fines lunettes. Il parle peu ou va à l'essentiel. "Ce que j'aime dans le service, c'est le contact. Le contact en limonade offre une grande liberté." Ses projets sont d'ordre pictural : l'illustration d'un livre écrit par un autre garçon de café, des expositions à l'étranger. Celui-ci n'envisage toutefois pas de rendre son tablier. "Le métier de serveur me laisse du temps pour peindre et l'environnement en perpétuel mouvement dans lequel j'évolue m'est bénéfique puisqu'il continue de m'inspirer."
Chemise blanche, veste noire, nœud papillon noir, Gilles Simonpietri perpétue la tradition du service au plateau, servant, devant le client, un verre de champagne ou de whisky en présentant la bouteille. "J'ai beaucoup de chance de travailler aux Deux Magots. C'est une prestigieuse maison et il y règne une ambiance assez extraordinaire. On y côtoie le monde de la mode, de la littérature, des arts, de la politique. De nombreux touristes étrangers viennent exprès ici, au même titre qu'ils vont aller au Louvre ou à la tour Eiffel. En tant que garçon, nous avons la responsabilité de préserver l'image de l'établissement. Personnellement, j'en suis fier." Talentueusement vôtre ! n zzz18p

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L'Hôtellerie n° 2742 Magazine 1er Novembre 2001