Les Français semblent plus contradictoires et plus
imprévisibles que jamais. Et il faut admettre qu'il devient impossible de comprendre leur
façon de consommer, notamment dans la restauration où les mois ne se ressemblent pas.
Début décembre 2001, une enquête Ipsos révélait que de plus
en plus de Français étaient pessimistes quant à l'évolution de leur niveau de vie. 43
% d'entre eux disaient vouloir épargner, 25 % déclaraient même avoir l'intention de
différer leurs achats non indispensables. Pourtant, l'indicateur Insee reflétant le
moral des ménages remonte. D'ailleurs, la baisse régulière de l'inflation a plutôt
augmenté leur pouvoir d'achat. Et les chiffres sont là : la consommation augmente.
Dans ces conditions, il devient dur de s'y retrouver. Qu'en
est-il réellement du moral des Français ? A-t-il vraiment un lien de cause à effet avec
la consommation ? Interrogés sur ce sujet, 64,4 % des restaurateurs du panel L'Hôtellerie/Coach
Omnium ont déclaré ne ressentir aucune influence du moral de la population sur leur
activité. Quant aux autres, leurs observations sont très divergentes. Certains ont senti
un regain de confiance qui a dopé leur activité. "Décembre a été exceptionnel
par rapport à 2000, se réjouit un restaurateur parisien. Les gens sont moins
sortis en septembre et en octobre. Maintenant, ils ont envie de rattraper le temps perdu
et de se faire plaisir. Alors ils ne sont pas trop regardants sur les prix."
D'autres, au contraire, ont vu leur fréquentation dégringoler. "Depuis 1995,
nous n'avons jamais eu un chiffre d'affaires aussi bas alors que nos prix moyens ont
nettement augmenté", déplore ce professionnel. D'autres encore ont perçu une
baisse de moral très nette et une limitation des dépenses. "Les clients n'ont
pas le moral, et donc consomment moins ou en traînant les pieds", s'inquiète un
restaurateur châlonnais. "Quoique confiant, le client préfère ne pas prendre de
risque", déclare enfin un restaurateur. Comment mieux résumer la profonde
contradiction dans laquelle on se trouve ?
Il est certain que la restauration, peut-être plus que les
autres secteurs, est très sensible aux phénomènes externes. Mais si certains sont
tangibles, comme le pouvoir d'achat, les conditions climatiques ou le temps disponible,
d'autres le sont beaucoup moins. Et la lassitude, le sentiment d'insécurité, ou plus
généralement l'évolution du moral des Français semblent aujourd'hui mener la barque de
leur consommation.
Peut-être est-il temps d'oublier nos vieux préceptes, et
d'arrêter de vouloir toujours chercher des explications rationnelles à tous les
phénomènes de consommation. A vrai dire, nul ne peut se targuer de pouvoir prédire les
réactions des Français. La hausse de leur moral n'entraînera pas nécessairement une
hausse de leur consommation en restauration, de même qu'une baisse de celui-ci ne les
amènera pas forcément à se cloîtrer chez eux. Les professionnels restent dans
l'expectative...
L. Coquelet zzz20t
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L'Hôtellerie n° 2755 Magazine 7 Février 2002 Copyright ©