Par Sylvie Soubes
On n'a jamais autant parlé des tabacs - et en bien - que durant le passage à l'euro. Derrière ce maelström d'images et de satisfecit, un homme, Michel Arnaud.
Le
président de la Confédération française des débitants de tabac a bataillé dur et
longtemps pour obtenir que les premiers euros soient distribués par les buralistes. Coup
médiatique, certes, mais qui demandait un effort important de la part de ses groupes. Les
buralistes qui allaient s'engager dans l'aventure ne seraient pas rémunérés, et puis de
nombreuses inconnues d'ordre sécuritaire planaient au-dessus de l'opération. Qu'importe
! L'idée était excellente et Michel Arnaud a placé la profession au cur de
l'actualité et de l'événement historique.
Un coup de chapeau qui occulte d'autres succès comme la signature en octobre 2001 d'un
"accord inédit et historique sur la qualité de la distribution" avec
Altadis. "Faire mieux et faire plus pour les buralistes", tel a été et
tel est encore son slogan. Le coup de projecteur, positif pour les tabacs, l'a également
été pour les bistrots qui, début janvier, se sont retrouvés à maintes reprises sous
les caméras pour évoquer les rendus de monnaie (là encore, du côté positif). Rarement
une opération n'aura été aussi bénéfique pour le zinc. Rarement les bistrots
français n'auront fait autant d'heures sur le petit écran et n'auront participé au
remplissage des quotidiens dans le bon sens. Michel Arnaud se doutait-il du succès ?
L'homme est resté modeste, discret dans ses propos. En Euroconvaincu. zzz18p
Elu Meilleur jeune directeur de restaurant en Angleterre par le magazine Harpens and Queens en 1998, Arnaud Sehebiade, 27 ans aujourd'hui, estime qu'il faut un peu chouchouter son personnel.
Trois
ans au lycée hôtelier de Toulouse, 2 ans à celui de Saint-Nazaire, Arnaud Sehebiade a
choisi de plein gré la profession. Après son BTS, il décide de travailler en Angleterre
pour parfaire son anglais. C'était en 1995. Depuis lors, celui-ci a grimpé les échelons
de Relais & Châteaux en restaurants gastronomiques. Toujours outre-Manche.
"Ça s'est fait d'opportunité en opportunité", lance-t-il en se
reconnaissant un penchant pour la gestion et la maîtrise des hommes. "L'Angleterre
bouge énormément, les hôtels poussent comme des champignons et il y a de très beaux
établissements. Le challenge était vraiment intéressant. Et puis on m'a fait confiance,
malgré mon jeune âge."
A 23 ans, le magazine Harpens and Queens lui confère le titre de Meilleur jeune
directeur de restaurant en Angleterre. Il dirige à l'époque le restaurant du Ashdown
Park Hotel, le room service et la partie banquet. Arnaud Sehebiade veille sur une équipe
de 25 personnes. "Je ne me suis pas imposé, mais plutôt adapté. J'ai appris à
écouter et à investir du temps dans le personnel. Vous savez, compte tenu du marché, il
y encore plus de turn-over de personnel qu'en France. Pour contrer ce phénomène, on fait
vraiment attention aux individus." Arnaud Sehebiade est actuellement directeur
des opérations du Alexander House Hotel, à Turners Hill dans le West Sussex. Un hôtel
de grand luxe, dans lequel travaille une cinquantaine de personnes issues de 7
nationalités différentes. "On les prend en charge dès qu'ils arrivent. On leur
fait visiter l'établissement, on les aide au niveau des banques, des papiers
administratifs, on leur donne un livret sur la région. Notre objectif est que leur
première impression soit la meilleure possible. Bien sûr, ils sont là pour travailler,
mais nous avons instauré des petits plus." Les jours d'anniversaire sont
systématiquement chômés. Si les courts de tennis sont libres durant leur pause, ils en
bénéficient gracieusement. Leur famille paie les chambres 50 % moins cher s'ils
descendent dans l'hôtel. Depuis l'arrivée d'Arnaud Sehebiade, tout le personnel est
également logé en chambre individuelle... zzz18p
Elu président de la section des limonadiers du SNRLH, Hervé Dijols, ancien Saint-Cyrien, est aussi le benjamin de l'équipe.
Des
racines auvergnates, un bac D, un BTS de gestion hôtelière, major de la promotion
Lieutenant de France de Saint-Cyr, parachutiste, Hervé Dijols dirige Le Malakoff, place
du Trocadéro à Paris. L'homme garde de son passé militaire rigueur et discrétion. Il
n'aime pas les projecteurs, leur préférant l'efficacité de l'ombre. Le 17 décembre
2001 cependant, son élection à la tête de la section des limonadiers du SNRLH l'oblige
désormais à se mettre sur le devant de la scène. Lui, le benjamin du bureau, engagé de
longue date dans le syndicalisme tout comme le fut son père, se retrouve officiellement
aux côtés de Jacques Mathivat. "Je n'étais pas volontaire, mais Jacques
Mathivat a souhaité que je m'engage un peu plus. Ce n'est pas facile car je suis encore
dans les affaires, et mon avenir professionnel est encore devant moi. Si j'ai accepté,
c'est aussi parce que nous avons, au SNRLH, la chance d'avoir des permanents très
compétents."
Hervé Dijols a 40 ans. Membre de l'observatoire du bruit de la ville de Paris et de
plusieurs commissions 'extra municipales', les nuits sont courtes pour ce forcené du
travail. Un de ses objectifs : "Motiver les jeunes" pour qu'ils
retrouvent le chemin du secteur. "Même si nous sommes dans une génération de
loisirs, nous devons trouver les moyens de les attirer. J'y crois, sinon je ne serais pas
là. Il faut cependant que le gouvernement comprenne les difficultés propres à notre
secteur. Je pense bien sûr aux discordances de TVA." Concernant l'univers
spécifique du café, Hervé Dijols se dit farouchement opposé à l'introduction de
machines à sous. Il est là pour "défendre la profession", pour qu'elle
retrouve son "unité" et pour "défendre tous les adhérents".
Il refuse toutefois de "défendre l'indéfendable". "Le syndicat
n'est pas une assurance tous risques, ajoute-t-il. Nous sommes là pour nous
soutenir, pour soutenir les petites entreprises, pas pour faire n'importe quoi."
Bien vrai ! zzz18p
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L'Hôtellerie n° 2755 Magazine 7 Février 2002 Copyright ©