Les Français sont de plus en plus méfiants à l'égard de ce qu'ils mangent, et les restaurateurs, de plus en plus inquiets à propos de ce qu'ils cuisinent. Conscientes de ce malaise, les filières agroalimentaires se lancent dans des démarches de qualité collectives pour assurer sécurité et traçabilité.
La France, fière depuis
toujours de la qualité de ses produits du terroir et de sa gastronomie, a connu au cours
de ces
10 dernières années toute une succession de crises alimentaires : vache folle, dioxine,
listériose, fièvre aphteuse, OGM... Des événements largement relatés par les médias
qui font qu'aujourd'hui la qualité sanitaire des aliments est devenue une préoccupation
pour bon nombre de consommateurs, qui se demandent si manger n'est pas devenu un acte
dangereux. Les restaurateurs organisent de plus en plus de débats à propos de la
sécurité alimentaire. La sécurité sanitaire étant devenue un enjeu majeur de notre
société, le ministère de l'Agriculture et de la Pêche travaille au renforcement des
règles qui permettent d'assurer la sécurité des consommateurs : création de l'Agence
française de sécurité sanitaire des aliments ou Afssa, loi d'orientation agricole du 9
juillet 1999 qui renforce le contrôle de la qualité sanitaire des denrées destinées à
l'alimentation humaine et animale, rapport 2001 du Conseil économique et social à propos
de la sécurité sanitaire des aliments (lire encadré ci-contre). Tous ces dangers sont
également pris en compte à l'échelon européen puisque les réglementations nationales
à propos des résidus phytosanitaires ou de métaux lourds, par exemple, s'appuient sur
des règlements CEE. Dans ce contexte, les filières alimentaires ont commencé à prendre
conscience qu'elles se devaient elles aussi de réagir.
Une logique de filière pour la sécurité et la traçabilité
"Dans les années 50, analyse Gilbert Capp, membre du Conseil économique et
social dans son rapport intitulé La sécurité sanitaire des aliments : un enjeu
majeur, il n'y avait, entre le producteur primaire des denrées alimentaires (agriculteur,
pêcheur) et le consommateur final, qu'un ou deux intermédiaires au maximum (...). Les
crises alimentaires ont mis en évidence que nous avions affaire à une chaîne fort
complexe qui comprend de nombreux maillons : producteurs d'aliments pour animaux,
producteurs d'engrais, de produits phytosanitaires..., agriculteurs, éleveurs, pêcheurs,
transformateurs, distributeurs (...). Jusqu'à récemment, les divers maillons de ces
chaînes ne se souciaient pour l'essentiel que de leurs interlocuteurs directs en amont et
en aval dont ils vérifiaient, pour les premiers, la qualité des produits fournis, et
pour les seconds, le niveau de satisfaction. Les crises ont mis en évidence la totale
imbrication des acteurs et démontré que seule une approche globale peut permettre
d'améliorer la situation. Une large majorité d'opérateurs a pris conscience de la
nécessité de raisonner en filière avec un objectif convergent de satisfaction du
consommateur final. Les concepts de responsabilité collective, de solidarité de
filière, incluant l'ensemble des acteurs, commencent à s'imposer d'autant plus que
personne n'est à l'abri des conséquences économiques et sociales, d'incidents, si
minimes soient-ils." Pour cela, les filières s'appuient sur des démarches comme
la mise en conformité aux normes Iso 9000, l'élaboration de cahiers des charges, la
méthode HACCP, les guides de bonnes pratiques, l'obtention de signes officiels de
qualité et l'engagement au travers de marques commerciales collectives... Traçabilité
et contrôles à tous les niveaux par un organisme extérieur sont aujourd'hui les
points-clés des démarches qualitatives des filières. A l'heure actuelle, certaines
filières sont plus ou moins bien avancées dans ces démarches. Vous découvrirez dans
les pages suivantes les démarches qualité de 3 filières. Celle de la filière bovine
française dont tous les acteurs se sont mis d'accord sur un Guide de bonnes pratiques
filière bovine qui va du pré à l'assiette et qui prend désormais en compte la
composition des aliments donnés au bétail ; celle de la filière fruits et légumes qui
s'organise pour limiter au mieux l'utilisation des produits phytosanitaires ; et enfin,
celle de la filière produits de la pêche et de l'aquaculture qui est en train de
construire des outils de tri et classification des poissons, des chartes de bonnes
pratiques et entend valoriser ses meilleurs produits. n zzz44s
© Bonduelle
La sécurité sanitaire et hygiénique des aliments ne peut être garantie que par
des contrôles internes et externes.
A lire |
La sécurité sanitaire des aliments : un enjeu majeur Rapport du Conseil économique et social - Gilbert Capp Ce rapport, facile à lire et très bien documenté, intéressera tous ceux et toutes celles qui se posent des questions sur la qualité sanitaire des aliments. Dans un premier chapitre, Gilbert Capp évoque la sécurité sanitaire des aliments à travers les âges et analyse les évolutions récentes des pratiques agricoles et de notre société. Dans le second, il présente les grands principes et les évolutions les plus récentes ou en cours, qui visent à sécuriser l'ensemble du système alimentaire en France. Dans le troisième, il examine les crises les plus récentes et les actions qui ont été menées pour y faire face ; il aborde les interrogations des consommateurs face aux techniques modernes (ionisation, génie génétique...). Enfin, dans le dernier chapitre, il décrit le rôle que doivent jouer experts et scientifiques, Education nationale et médias, mais aussi consommateurs, producteurs, transformateurs, distributeurs... Brochure du Conseil économique et social n° 41101 - 0022 |
Les propositions du Conseil économique et social Pour améliorer la sécurité sanitaire des alimentsSuite à son rapport La sécurité sanitaire des aliments : un enjeu majeur,
Gilbert Capp fait 6 propositions au gouvernement : |
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L'Hôtellerie n° 2755 Magazine 7 Février 2002 Copyright ©