Trop de résidus de produits phytosanitaires dans des échantillons de fruits et légumes prélevés en France : c'est ce qu'a révélé en juin 2001 un rapport publié par la Direction de la santé et de la protection des consommateurs de la Commission européenne. Voici les mesures mises en place par la filière fruits et légumes pour garantir des produits sains au consommateur.
La crainte de plus en plus forte des consommateurs vis-à-vis des produits phytosanitaires, et la mise en évidence que les risques toxicologiques liés aux pesticides étaient en partie la conséquence de leur dispersion dans l'environnement, conduisent aujourd'hui les acteurs de la filière agricole à abandonner la pratique des traitements préventifs pour privilégier la protection biologique des cultures et des interventions phytosanitaires plus rationnelles. Les agriculteurs sont de plus en plus conscients qu'il leur faut adopter une agriculture respectueuse de l'environnement. Cette prise de conscience a débuté dans les années 80 avec deux concepts d'agriculture : l'agriculture biologique et l'agriculture raisonnée. L'agriculture biologique, dont le cahier des charges a été homologué en 1981, n'emploie aucun engrais chimique ou pesticide de synthèse. Ce type d'agriculture ne représente cependant aujourd'hui que 1 à 5 % des surfaces cultivées en France. Contrairement à l'agriculture biologique, l'agriculture raisonnée ne s'interdit pas l'utilisation de produits chimiques de synthèse. Elle les préconise à bon escient quand les moyens de lutte biologiques, mécaniques ou thermiques s'avèrent inefficaces. Ce type d'agriculture apparaît être la voie la plus concevable pour nourrir correctement la population mondiale. "Les acteurs de la filière fruits et légumes en serre, explique Jean-Marc Jourdain, département Fruits et technologie du CTIFL, ont été parmi les premiers à pratiquer la production raisonnée en verger et sous serre. En 1980, ils ont commencé à mettre en place la lutte biologique (à l'aide de phytoséides, prédateurs d'acariens, par exemple) pour remplacer les produits phytosanitaires qui ne leur donnaient pas satisfaction, mais aussi pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs à la recherche de produits à la fois bons et sains." La première charte de qualité Agriculture raisonnée, qui a vu le jour en 1999, concerne la pomme. Aujourd'hui, plusieurs chartes de qualité agriculture raisonnée ont été définies. Elles concernent la poire, la pêche, le concombre, la tomate. D'autres sont en préparation.
Farre : promotion de l'agriculture raisonnée
Conscients de l'intérêt de cette nouvelle approche de production, des représentants du
monde agricole et de ses fournisseurs, des représentants de l'agroalimentaire, de la
distribution, d'associations environnementales se sont regroupés en 1993 pour fonder
Farre, le Forum de l'agriculture raisonnée respectueuse de l'environnement. "C'est
Farre, explique Gisèle Perrot, ingénieur en agriculture et chargée de la
communication Farre, qui a 'inventé' le terme d'agriculture raisonnée." Ce
terme correspond à la traduction française du concept anglo-saxon d'Integrated Farming,
une agriculture qui 'intègre', c'est-à-dire, qui prend en compte un grand nombre de
paramètres et pas seulement les objectifs économiques. Farre n'a pas inventé
l'agriculture raisonnée, mais a joué un rôle de catalyseur et d'accélérateur pour en
faire connaître les avantages pour les agriculteurs comme pour la société tout
entière. En 1999, l'agriculture raisonnée est en vedette au Salon de l'Agriculture, la
grande distribution la met dans ses rayons et le ministère de l'Agriculture commande un
rapport. Mais en l'absence de références nationales reconnues, les cahiers des charges
se multiplient. Le conseil scientifique de Farre rédige alors une proposition de Socle
commun de l'agriculture raisonnée, publiée le 6 janvier 2000 à l'Unesco. Un décret
chargé de définir les modes de production raisonnée en agriculture, de préciser les
modalités de qualification des exploitations et de leur contrôle, par un organisme
certificateur extérieur, mais aussi de déterminer les conditions d'utilisation du
qualitatif 'agriculture raisonnée' ou de toute autre dénomination équivalente, doit
paraître avant le 31 mars 2002. "L'objectif de Farre, poursuit Gisèle
Perrot, est de conduire 80 % des agriculteurs à pratiquer l'agriculture raisonnée
dans les 10 années à venir." Le débat sur l'agriculture raisonnée ne pouvant
rester franco-français, Farre a pris l'initiative avec 5 autres associations nationales
de placer les 4e rencontres Farre de l'agriculture raisonnée (9 janvier 2002) à un
niveau européen afin de réfléchir à l'indispensable harmonisation des règles entre
les pays. Une proposition de Codex européen de l'agriculture raisonnée a été
rédigée. Elle sert de base de réflexion à la FAO pour la promotion de l'agriculture
raisonnée. L'EISA (European Initiative for Sustainable Development in Agriculture ou
Initiative européenne pour le développement durable en agriculture) a été créée pour
devenir un interlocuteur de référence au niveau européen afin de faire progresser
l'agriculture raisonnée.
LMR et Guide de bonnes pratiques hygiéniques
Les résidus de pesticides font l'objet d'une réglementation bien précise qui intervient
de la chaîne de production agricole depuis la mise au point de nouvelles substances
actives jusqu'à la surveillance de la qualité des denrées et du milieu. Des LMR -
Limites maximales de résidus -, qui ne doivent pas être dépassées dans un aliment
donné, sont définies par l'arrêté du 5 août 1992. La direction générale de
l'alimentation et la Sous-direction de la protection des végétaux du ministère de
l'Agriculture et de la Pêche sont chargées de leur surveillance dans les fruits et
légumes. Un rapport de la Commission européenne, publié en août 2001, concluait que la
moitié des fruits, légumes et céréales consommés en France présentaient des résidus
de pesticides, dont 8,3 % à des niveaux supérieurs aux normes légales (françaises et
européennes), contre 4,3 % au niveau européen. Une analyse détaillée de ces chiffres
fait néanmoins apparaître la responsabilité de quelques produits (poires et poivrons
d'origine étrangère) qui ont fait, en 1999, l'objet de plans de surveillance spécifique
suite à une procédure d'alerte. L'agriculture biologique et l'agriculture raisonnée
respectueuses de l'environnement conduiront à améliorer la qualité sanitaire des fruits
et légumes et à renforcer la confiance des consommateurs. De plus, pour garantir la
qualité hygiénique des fruits et légumes, conformément à la réglementation
européenne relative à l'hygiène des produits alimentaires, la filière a mis en place
en juin 2000 un Guide de bonnes pratiques d'hygiène fruits et légumes frais
(publié en mai 1999) qui concerne tous les acteurs de la filière. Les risques
bactériologiques sur les fruits et légumes frais entiers sont faibles, les microbes se
développant mal sur les fruits et légumes entiers. Cependant, ils peuvent apparaître.
Comme tout Guide de bonnes pratiques d'hygiène, il indique comment travailler pour
respecter au mieux les principes de la méthode HACCP dans son entreprise. Les fruits et
légumes 4e gamme - parés, coupés et conditionnés -, donc plus fragiles sur le plan
microbiologique, font l'objet d'un guide de bonnes pratiques d'hygiène spécifique : le Guide
de bonnes pratiques d'hygiène fruits et légumes 4e gamme, publié en 1996.
Cahiers des charges spécifiques fruits et légumes
Les Guide de bonnes pratiques d'hygiène des fruits et légumes frais ou celui
des fruits et légumes 4e gamme, la réglementation relative aux résidus
phytosanitaires, le socle commun de l'agriculture raisonnée respectueuse de
l'environnement proposé par le conseil scientifique du Farre, et le cahier des charges de
l'agriculture biologique, constituent des bases pour offrir aux consommateurs des produits
de bonne qualité bactériologique et sanitaire. Comme pour tous les autres produits
alimentaires, ils sont utilisés et complétés par divers cahiers des charges ou chartes
de qualité définie pour répondre aux diverses attentes des distributeurs et des
consommateurs. Ainsi, on trouve pour les fruits et légumes des cahiers des charges
donnant droit à un signe officiel de qualité (AOC, IGP, Certification de conformité,
Agriculture biologique), des cahiers des charges filière produit à l'échelon national
(charte pomme, tomate de France, concombre de France...), mais aussi des chartes de
qualité Agriculture raisonnée (pomme, pêche, poire, Légumes du Val-de-Saire...). On
trouve également des cahiers des charges rédigés par la grande distribution qui
s'appuient sur le cahier des charges Agriculture biologique ou le socle commun Agriculture
raisonnée et des cahiers des charges rédigés par les industriels transformateurs de
fruits et légumes frais. Ceux de Bonduelle et Michel Caugand par exemple se réfèrent au
futur décret Agriculture raisonnée. Tous les cahiers des charges imposent la mise en
place de la procédure de traçabilité permettant de remonter jusqu'à la parcelle dont
sont issus les fruits et légumes. n
Diminuer le taux de résidus phytosanitaires dans les fruits et légumes et
l'environnement font partie des objectifs prioritaires de la filière fruits et légumes.
Doc Aprifel.
L'agriculture raisonnée prend en compte de nombreux paramètres afin de respecter
au mieux l'environnement. Doc Farre.
Bonduelle |
Agriculture raisonnée et traçabilité
Tout a commencé en 1997, quand Bonduelle a interdit à ses
producteurs de légumes l'épandage de boues issues des stations d'épuration, ces boues
risquant de contenir des résidus de métaux lourds et d'autres produits nocifs à la
santé. "Les communes responsables des stations d'épuration et les conseillers
régionaux ont vivement réagi à cette décision, explique Frédérique Auger,
directrice marketing Bonduelle Food Service. Des règles draconiennes * Pour recevoir cette charte, contacter Bonduelle Food Service au 03 20 43 60 60. |
Pour en savoir plus
w Sur Farre et l'agriculture raisonnée
Tél. : 01 46 05 07 14 - Fax : 01 41 10 84 77
Web : www.farre.org
E-mail : farre@farre.org
w Sur les produits phytosanitaires dans les fruits et
légumes
www.aprifel.com zzz44s
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L'Hôtellerie n° 2755 Magazine 7 Février 2002 Copyright ©