Il refait surface après 3 années noires où, pour cause de reconstruction, il 'squattait' des locaux provisoires, sur trois sites différents. Malgré une saignée dans ses effectifs, de l'ordre de 30 %, Bonneveine affiche ses ambitions. Il le peut. L'outil est superbe.
Incroyable mais vrai ! En 1997, le conseil
régional décide de raser un lycée qui, bien qu'âgé de moins de 20 ans, est
complètement "hors normes". Dans la foulée, il prononce sa
reconstruction sur le même site. Les conséquences sont évidentes : pendant les travaux,
la formation doit se poursuivre... Ailleurs... Avec tous les inconvénients qu'on imagine.
Geneviève Fabre, proviseur, commente sobrement : "Nous avons vécu 4 années de
perturbation. Une année de préparation et de déménagement, trois années de
fonctionnement dans d'autres locaux... Plus quelques mois d'intégration dans un bâtiment
où tout n'est pas achevé." Pendant cette période, le lycée a vécu dans 3
lieux différents : l'ancien lycée de Marseille-Veyre, au Sud, pour la partie
administrative et l'enseignement théorique ; les anciens locaux du CFAI Corot, au Nord,
pour les ateliers d'application, et enfin, les bâtiments d'une cité universitaire, près
de l'hôpital La Timone, pour l'internat. Pas vraiment pratique !
Ce lycée éclaté a conduit l'équipe de Geneviève Fabre à s'organiser pour éviter au
maximum des déplacements et pour que "l'équipe continue à exister malgré les
contraintes". Elle insiste : "Malgré les conditions de travail,
on a bien travaillé. Nous avons eu des élèves primés au concours général des
Métiers, à celui de Meilleur sommelier de France... Les professeurs ont su motiver les
élèves (lire p. 74, le témoignage de deux étudiants), les préparer aux
examens. Nous avons aussi développé des actions internationales... Mais, nous avons dû
freiner le recrutement, nous concentrer sur notre savoir-faire. Plus grave, nous n'avons
pas pu ouvrir les sections voulues." Elle remarque encore : "Pendant
cette période difficile, j'ai joué la transparence totale. Il n'y a pas eu un seul
mouvement d'élèves, de professeurs ou de mauvaise humeur de la part des parents
d'élèves."
Ce n'est donc pas vraiment un miracle si le lycée hôtelier et le CFA n'ont perdu 'que'
30 % de leurs effectifs d'avant travaux, soit quelque 300 élèves. Ce malheur relatif a
d'ailleurs fait des heureux parmi les autres établissements (La Ciotat, Arles) qui ont
récupéré une partie des jeunes, attirés par des formations proches de leur domicile.
Pour le proviseur, l'enjeu est, maintenant, "de relancer le recrutement, dans un
contexte difficile, celui d'un déficit d'image du métier, chez les jeunes".
Elle tempère : "Les métiers de salle ne font plus recette. Trop difficiles à
exercer alors que, partout ailleurs, on parle des 35 heures. Idem pour les métiers de
boulangerie. Il y a cependant un engouement important pour la pâtisserie et un maintien
pour les formations de cuisinier."
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Les nouveaux locaux
Elle conclut sur la période de reconstruction : "Même si la décision de
reconstruire sur le même site n'était pas forcément facile à vivre, il faut remercier
ceux qui ont financé un si bel outil."
Après 3 ans de travaux, 32 millions d'euros de budget, les 28 000 m2 du lycée ont
accueilli les élèves à la rentrée 2001, malgré quelques retards dans l'équipement
des locaux d'application. Dans quelques mois, il n'y paraîtra plus rien. Jean-Louis
Ivaldi, directeur technique, aura terminé une mission de bâtisseur qu'il a exercée
"malgré le changement de majorité politique au conseil régional, les
interlocuteurs qui ne sont jamais les mêmes... Et qui obligent à réexpliquer,
négocier..."
L'histoire oubliera ces aléas pour retenir l'essentiel, une démarche qui, dès le
départ, associe les professionnels du CHR 13, le groupe Accor et les enseignants, aux
réflexions sur la conception architecturale et sur l'équipement. "Ceux-ci, note
le proviseur, se sont même lancés dans le 'reportage' en enquêtant sur les
pratiques des lycées français et étrangers, et en questionnant les hôteliers et les
restaurateurs sur les besoins futurs de leur profession." Jean-Louis Ivaldi
insiste : "Nous avons fait valider nos choix avant de lancer le concours
d'architecte. Cela constitue une rareté, d'autant que nous avons dû agir dans l'urgence,
tout en assurant le quotidien." Le résultat est impressionnant. Tout a été
conçu pour faire de Bonneveine un lieu doté de ce qu'il y a de plus innovant en matière
de formation. Des exemples parmi d'autres : un internat de 280 lits (180 auparavant)
fonctionnant de manière autonome à la manière d'un hôtel, avec des chambres à un ou
deux lits. Et puis encore, une cafétéria (900 repas le midi, 350 le soir) gérée
entièrement par les élèves, un hôtel d'application de 12 chambres 3 étoiles, des
ateliers pouvant accueillir des concours professionnels...
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Les projets
Equipé pour recevoir davantage d'élèves, le lycée hôtelier pense à l'avenir. Il
souhaite renforcer la filière alimentation en ouvrant un bac professionnel alimentation,
augmenter les effectifs en BEP pâtisserie et créer une mention complémentaire en
desserts de restaurant. Il veut aussi développer les métiers d'accueil (en mention
complémentaire) au CFA. Mieux ! A la rentrée 2002, le BTS accueillera des bacs pro avec
mise à niveau éventuelle "pour donner une chance à ceux qui ont pris une voie
moins traditionnelle que l'enseignement classique", commente Geneviève Fabre.
Elle souhaite également ouvrir un BTS tourisme "parce qu'il semble anormal qu'un
lycée hôtelier n'ait pas de filière tourisme". Elle compte développer des
sections européennes "pour que les jeunes français puissent aller parler
eux-mêmes de la cuisine française à l'étranger", renforcer les échanges avec
l'Allemagne.
Ce n'est pas tout, le proviseur réfléchit à la création d'une licence professionnelle
avec les universités, et enfin, elle souhaite développer encore la formation continue
via le Greta.
Geneviève Fabre conclut : "Nous sommes un lycée des métiers qui sait mutualiser
ses ressources. Dans un même lieu, nous réunissons la formation initiale sous statut
scolaire, la formation professionnelle sous statut d'apprenti, la formation à la demande
et les missions d'audit. De ce point de vue, l'outil dont nous disposons nous permet de
vraiment remplir ce rôle." Quelqu'un en douterait-il ? n zzz68v
Lycée hôtelier Bonneveine
114, avenue Zénatti - BP 18
13266 Marseille CEDEX 8
Tél. : 04 91 73 47 81
Les 2e année BEP.
CFA |
Lycée hôtelier |
377 apprentis, dont 30 % de filles 111 CAP cuisine 64 CAP restaurant 119 BEP hôtellerie-restauration 48 Bac pro 15 BTS option A (marketing et gestion hôtelière) 18 BTS option B (art culinaire) |
543 élèves - 265 en classes d'enseignement professionnel (mention complémentaire employé barman, sommelier, traiteur, BEP alimentation, BEP hôtellerie-restauration) - 127 en lycée - 151 en BTS |
Témoignage d'élèvesGuillaume Arragon et François
Desbordes |
En chiffres |
28 000 m2 de plancher (+ 11 000) 9 000 m2 d'ateliers (+ 4 500) 280 places d'internat (+ 100) 5 salles informatiques/communication Hôtel d'application de 12 chambres 3 étoiles 3 restaurants (cafétéria, brasserie, gastronomique) 11 cuisines 3 ateliers pâtisserie 1 atelier boulangerie 1 amphithéâtre de 154 places |
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L'Hôtellerie n° 2759 Magazine 7 Mars 2002 Copyright ©