Qu'il s'agisse de la France, du Royaume-Uni, du Canada ou bien encore des Etats-Unis et de l'Allemagne, les hôtels haut de gamme n'ont pas échappé aux conséquences des attentats du 11 septembre.
France
De 1990 à 2001
Il n'y a rien à faire ! Les faits sont là. Le bon
niveau d'activité de l'hôtellerie parisienne haut de gamme dépend de plus en plus d'un
juste équilibre international. Le graphique établi par PKF Hotelexperts, qui retrace
l'évolution des taux d'occupation, du revenu par chambre disponible (RevPar) et des
recettes moyennes chambre (RMC) depuis 1990, est des plus clairs en la matière.
L'instabilité internationale a entraîné une chute sensible du niveau de remplissage des
unités 4 étoiles de la capitale. Ces derniers ont perdu jusqu'à 10 points entre 1990 et
1991. Un phénomène qui a perduré à l'occasion de nombreux autres événements survenus
en 1993, 1995 et 2001. En revanche, la Coupe du Monde de Football a eu une influence
positive sur les hôtels de luxe parisiens, générant 3 points d'occupation
supplémentaires.
Parallèlement, il semble que la RMC soit beaucoup moins fluctuante à ce style
d'événements. En fait, les mouvements de la RMC sont le reflet d'une situation
économique dans lequel le pays est installédurablement. A titre d'exemple d'ailleurs, la
RMC des hôtels haut de gamme de la Ville lumière a mis pratiquement 2 ans pour décliner
après la guerre du Golfe. Doit-on pour autant envisager une baisse analogue en 2003 ?
Difficile de tirer des plans sur la comète.
D'autant que le contexte structurel de l'hôtellerie française est aujourd'hui
différent. Le parc hôtelier a été rénové. Il n'existe pas de réel déséquilibre de
l'offre par rapport à la demande. Autre élément : les exploitants semblent décidés à
maintenir une politique ferme en matière de prix. Dans ce cas-là, l'utilisation du Yield
Management fera sans doute la différence !
Sources : PKF Hotelexperts
Les attentats terroristes ont eu un impact considérable sur les performances 2001 du
secteur hôtelier au Canada. Selon les données statistiques du cabinet PKF local, le
secteur hôtelier s'orientait en effet vers un taux d'occupation de 64 % et un prix moyen
chambre de 116 $ (contre 111 $ en 2000) avant les événements du 11 septembre. L'exercice
2001 ne s'est hélas pas achevé sur cette tendance. L'industrie hôtelière canadienne a
de fait terminé l'année avec un taux de fréquentation en baisse de 3 %. Quant au prix
moyen, il n'a augmenté que de 3 % à 114 $.
D'après les premières données nationales, le cabinet PKF prévoit néanmoins une
reprise de la demande en 2002. Mieux encore ! Celle-ci devrait croître d'environ 1,5 %
l'an prochain pour déboucher sur un taux d'occupation de l'ordre de 63 %. S'agissant du
prix moyen chambre, PKF table sur une hausse avoisinant les 2,5 % par rapport à 2001.
Le cru 2001 n'aurait de toute façon pas fait date dans les annales de l'hôtellerie
américaine. Jusqu'au 11 septembre dernier, l'industrie hôtelière aux Etats-Unis
traversait en effet une période de stagnation, voire de régression. Selon l'échantillon
des bureaux de PKF, constitué d'hôtels dans les principales villes des Etats-Unis, taux
d'occupation et prix moyen chambre reculaient ainsi respectivement de 0,9 % et 3,2 %
jusqu'à la fin du mois d'août 2001. En règle générale, les établissements les plus
affectés appartenaient bien sûr au haut de gamme et au segment Centre de conférence.
Il n'en demeure pas moins vrai que les attentats du 11 septembre ont accéléré le
mouvement, plongeant le secteur hôtelier dans un marasme profond. Du jamais vu auparavant
! 3 semaines seulement après les événements, le RevPar du mois de septembre dévissait
de 30,2 % (combinaison d'un recul de 19,5 % au niveau fréquentation et de 13,3 % pour la
RMC). A noter que les unités de grande capacité et celles situées dans le Nord-Est et
la région Montagnes ont été les plus frappées par la sinistrose du déplacement.
A ce dernier propos, l'Hospitality Research Group de PKF Consulting et Torto Wheaton
Research ont évalué qu'au cours du 4e trimestre 2001, la crainte des déplacements aux
Etats-Unis a freiné la demande dans le haut de gamme de 9,8 %. Au final, l'exercice s'est
achevé sur une régression du RevPar de 8,9 % par rapport à 2000. Et les prévisions à
venir ne sont guère plus optimistes ! Un nouveau déclin du RevPar est en effet attendu :
- 9,1 % sur l'année en cours. zzz20o
Royaume-Uni
Une année difficile
Rien n'a été épargné au Royaume-Uni l'an passé. Epidémie de fièvre aphteuse,
attentats terroristes, récession économique aux Etats-Unis... Autant de facteurs réunis
qui ont lourdement pesé sur l'activité hôtelière britannique. De par son mix
clientèle, l'hôtellerie londonienne a évidemment été la plus touchée, en particulier
dans le haut de gamme. D'ailleurs, 6 mois sur 8 se sont soldés par un net recul du
RevPar, avec une perte record de 17,6 % au terme du mois de juillet 2001 à 90,40 £.
Cette descente aux enfers s'est encore accrue après le 11 septembre. En octobre, le
segment 4 étoiles de Londres a ainsi enregistré une chute de son RevPar de 34,1 %. Au
final, le taux d'occupation a globalement fléchi de 9,7 % au terme de l'exercice 2001 à
72,9 %. Le prix moyen, lui, a conservé un niveau correct ne régressant que de 4,1 % à
108,85 £. Et le RevPar s'est établi à 79,35 £, soit - 13,4 %.
Parallèlement, les hôtels de province ont eux mieux tiré leur épingle du jeu. Et pour
cause ! Ils dépendent moins des échanges internationaux. Résultat : le prix moyen des
hôtels de province a légèrement augmenté en 2001 (+ 0,9 %) à 62,41 £, tandis que le
taux d'occupation est resté stable.
En conséquence, le RevPar des unités de province s'est sensiblement amélioré
atteignant 43,83 £.
Des scores de bon augure pour l'année 2002 au cours de laquelle plusieurs manifestations
devraient permettre de soutenir l'activité hôtelière. A commencer par le 50e
anniversaire du couronnement de la reine ainsi que les Jeux du Commonwealth.
Allemagne
Pas de drame !
Contrairement à d'autres pays voisins tels l'Italie, la France ou bien encore la
Grande-Bretagne, l'industrie hôtelière allemande est assez peu dépendante des touristes
étrangers. Marquée par d'importants événements internationaux, l'année 2001 n'a donc
pas été particulièrement dramatique outre-Rhin. Le ralentissement économique a certes
pesé dans la balance. L'activité hôtelière en Allemagne a ainsi enregistré une baisse
sensible du taux d'occupation qui est passé de 67 % en 2000 à 65 % en 2001. Par contre,
les prix moyens chambre ont progressé de manière sensible pour se stabiliser à 80 e. Au
bout du compte, le RevPar 2001 a très légèrement chuté à 52 e contre 53 e un an
auparavant.
Dans ce contexte, 2002 sera probablement une année de stagnation. Néanmoins, les
investisseurs financiers demeurent confiants dans le marché hôtelier allemand.
D'ailleurs, la plupart des projets sont maintenus et de nouveaux sont même déjà
programmés. Alors que les chaînes hôtelières américaines hésitent désormais à
s'engager contractuellement, les enseignes européennes devraient profiter de cette
occasion pour accélérer leur développement. A noter que le segment économique
(1 étoile et 2 étoiles) et les 3 étoiles semblent les plus prometteurs.
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L'Hôtellerie n° 2763 Magazine 4 Avril 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE