Actualités

wpe289.jpg (754 octets)Recrutement

Jérôme, équipier au McDo Alésia, Paris

Un emploi pour reprendre pied

C'est l'histoire d'un pari... pas encore gagné entre un jeune homme en voie de réinsertion et le restaurant McDo dans le XIVe arrondissement. L'enjeu : un emploi pour le premier et un nouvel équipier pour le second.

Lydie Anastassion


Pour le moment, Jérôme trouve grâce à ce premier emploi un second appui pour redémarrer.

Son bonnet beige vissé sur sa tête, noyé dans son manteau noir, des clés en sautoir, Jérôme Bonnici (20 ans) se concentre, attablé au premier étage du restaurant McDonald's de Paris Alésia. Il veut répondre précisément aux questions. Il commence, hésite, se reprend et se lâche enfin : "Si les gens t'aident, il faut assurer. Le plus important, ici, c'est de montrer sa motivation." Engagé il y a 2 mois comme équipier dans ce restaurant, dans le cadre d'un nouveau contrat-jeunes, Jérôme a un parcours atypique. En rupture familiale, originaire des Yvelines, il a été pris en charge par le Centre d'hébergement et de réinsertion sociale Le Lieux-Dits (Paris XIe) qui lui procure une chambre d'hôtel et l'encadre. Un premier pas vers la réinsertion, complété par son nouvel emploi chez McDo.
"Depuis que Jérôme travaille, il a une montre, un agenda où il inscrit ses horaires de travail. Il renoue avec la notion de temps", explique Isabelle Morellet, conseillère d'insertion au Lieu-Dit. Elle poursuit : "On profite de la dynamique du travail pour travailler de nouveaux repères." Ce CDI de 20 heures hebdomadaires est le tout premier travail de Jérôme, plus habitué aux stages. Tout s'est déroulé par hasard. En face du McDo, Pascal tient le kiosque à journaux. Et quand il n'y est pas, il anime l'atelier photo du Lieu-Dit. Un jour, comme ça, il a demandé au franchisé, Philippe Tillaye, s'il n'embaucherait pas un jeune en difficulté. Le patron a dit oui et tout a démarré.
"C'est vrai, au début nous avons eu des réticences à cause d'échecs antérieurs. Nous savions aussi que cette nouvelle recrue ne serait pas productive à 100 %", commente Henri Saillard, le superviseur du restaurant Alésia et de celui des Gobelins qui appartient au même franchisé. Nettoyage de la salle (lobby), préparation des frites, des boissons et des desserts, Jérôme découvre peu à peu tous les postes.

Equilibre
Mais pour l'instant, il n'est pas polyvalent. Par exemple, il ne s'occupe pas de la caisse et ne passe pas de façon autonome d'un poste à l'autre en heure creuse. C'est pourquoi, il ne travaille qu'en période de pointe, au moment des repas. "Jérôme ne maîtrise pas encore la totalité de son poste. Il fait son nombre d'heures et travaille en coupure pour éviter les temps où l'activité redescend. Et quand il y a vraiment beaucoup de monde, il est en salle pour le nettoyage. Dans ce sens, il s'agit d'une gestion un peu particulière", poursuit le superviseur, conscient du fragile équilibre du dispositif.
"L'entreprise n'apporte qu'une partie de cette étape de socialisation. Et elle ne peut pas envisager seule ce type de démarche", ajoute Henri Saillard. La ligne de crête est fluctuante pour Jérôme qui grâce à sa bonne volonté, est bien intégré au sein de l'équipe très diverse, mais qui, de temps en temps, renoue avec les problèmes de ponctualité.
Comme pour tous les jeunes, les premiers salaires ont été la source de satisfaction. Vêtements, musique et babioles, le jeune homme découvre un semblant d'autonomie financière. Et si pour certains, l'enseigne est synonyme 'd'esclavage' comme certains le lui ont fait remarquer, pour lui, elle signifie la reconquête de l'estime de lui-même. n zzz18p zzz22t

Article précédent - Article suivant


Vos commentaires : cliquez sur le Forum de L'Hôtellerie

Rechercher un article : Cliquez ici

L'Hôtellerie Restauration n° 2807 Magazine 6 Février 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration