de février 2004 |
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Mars 2002 : Michel Morin donne 100 jours aux cadres de Léon de Bruxelles pour inverser la tendance. Octobre 2003 : le groupe annonce des chiffres positifs pour la première fois depuis 5 ans. Explication.
Lydie Anastassion - Photos Thierry Samuel
Les moules représentent 85 % des commandes.
Tous les matins vers 10 heures, une cloche retentit dans les locaux du siège de Léon de Bruxelles, situé dans un petit hôtel particulier, rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine (92). Elle est accrochée juste à l'entrée du bureau de Michel Morin, président du directoire de l'enseigne. 10 heures, c'est l'heure des moules. Les collaborateurs sont invités à en goûter quelques-unes, histoire de garder le fil avec le produit phare de l'enseigne. Un bureau, une table ronde de réunion ; la pièce est de dimension modeste, mangée par des étagères recouvertes de classeurs et de dossiers dont ceux retraçant toutes les campagnes de pub et de promotion mises en place depuis l'arrivée de Michel Morin le 5 mars 2002. Son rôle : repêcher le groupe en assurant le succès du plan de continuation proposé par la Senimavi, une SA contrôlée à 62 % par Jean-Louis Détry, actionnaire principal et président du conseil de surveillance de Léon de Bruxelles, ses partenaires financiers et Michel Morin. L'homme est connu dans le milieu. Il vient de quitter le groupe Buffalo Grill. Formé à l'école hôtelière de Thonon-les-Bains (74), il a fait le tour du secteur : restauration d'autoroute pour le groupe Accor (1970-1989), directeur général de Courtepaille (1994-1998), centres commerciaux avec Pizza del Arte et restauration ferroviaire avec la Compagnie des Wagons-Lits.
Un concept unique
Eté 2001-printemps 2002. Le groupe de restauration, spécialiste des
moules-frites, est dans la tourmente. A son passif : 37 restaurants (33 filiales et 4
franchises) ouverts en seulement une dizaine d'années et dotés de capacités
surévaluées par rapport au marché. A son actif : une notoriété forte et un concept
quasiment jamais copié. Pour les consommateurs, "se faire une moules-frites",
c'est se rendre chez Léon. Restait à les faire venir plus souvent. "Nous avons
clarifié l'offre. A côté des moules, nous avons l'entrecôte, le saumon dans un
poêlon, les gambas également cuites et servies dans un poêlon, la carbonade et les
salades", précise Michel Morin, selon lequel la carte actuelle ne comporte pas
davantage de références que celle d'il y a 2 ans. Et si les accompagnements se sont
multipliés, les véritables changements concernent, selon lui, les produits : utilisation
de la crème d'Isigny, de beurre d'Isigny à la place du mélange beurre-margarine, de
muscadet pour cuire les moules. Testé dans le restaurant de Tours où il a généré une
progression du chiffre d'affaires de 30 %, le buffet d'entrées (crudités, charcuterie) a
été étendu sur les unités de province et de la périphérie. Vendue de 8,90 à 12,90
e, cette nouvelle offre doit booster l'activité du déjeuner dans des zones où les plus
fortes ventes se font le soir et le week-end, dans le cadre d'une sortie familiale. Le
buffet ne devrait pas être introduit dans les cartes à Paris où le "potentiel
de mangeurs de moules" est suffisant. Avec 2 formules, l'une à 9,90 e (10,30 e
à Paris) pour le déjeuner, l'autre à 13 e, la progression du ticket moyen de 3 % sur
2003 à 18,21 e témoigne de l'adhésion des consommateurs. Pour le 3e trimestre 2003, le
chiffre d'affaires consolidé grimpe de 16,2 % par rapport au 3e trimestre 2002, à 12,5
Me. A périmètre comparable, la progression du chiffre d'affaires consolidé des 3
derniers mois 2003 est de 4,6 %, celle des 9 premiers mois étant de 6,4 %. "En
2003, nous avons enregistré pour la première fois depuis plus de 5 ans une évolution
positive du chiffre d'affaires", se réjouit Michel Morin. Le 'bateau amiral' des
Champs-Elysées enregistre 850 couverts par jour, et affiche, cette année, un chiffre
d'affaires annuel de 5 Me. Quant à l'année 2004, elle devrait, selon Michel Morin, être
"conforme au plan de continuation" qui prévoyait un retour à
l'équilibre. C'est chose faite. Le programme des 100 jours mis en place a porté ses
fruits. Après la préparation et la réflexion, s'annonce maintenant la phase de
consolidation dont une partie du succès se joue principalement en interne.
De la Belgique à la France * 1893 : Léon Vanlancker ouvre un
restaurant rue des Bouchers à Bruxelles, tout près de la Grand'Place. L'établissement
est prospère. |
Mesurer la qualité
Michel Morin n'y va pas par quatre chemins : "Notre
problème numéro 1, c'est la qualité de service. A Paris, nous avons plus facilement des
professionnels, ce qui ne signifie pas que la qualité est supérieure. Ils ont beaucoup
de clients, et ils vont plus vite. En périphérie, où il est difficile de travailler
avec des temps pleins, le personnel est sans doute plus attentif à la clientèle qui est
davantage familiale." 12 points incontournables de qualité de service en salle
et en cuisine ont ainsi été définis, repris dans un petit manuel intitulé Les 12
incontournables (lire encadré Un manuel de formation), distribué à tous les
salariés. Initié sur une année, le programme de formation est dispensé par les
directeurs de restaurant ayant eux-mêmes suivi un training. Plus largement, cette bible
est l'un des quatre leviers destinés à mesurer le RBQ (résultat brut de qualité). Les
visites dans les restaurants de clients mystères, les visites de contrôle d'hygiène
effectuées par un laboratoire extérieur, et enfin, le courrier des lecteurs complètent
le dispositif. Une nouvelle politique salariale consolide la démarche. "Nous
avons dynamisé la rémunération par rapport au minimum garantie pour les restaurants de
la périphérie. Et nous étudions la possibilité d'une rémunération au pourcentage
pour ceux de Paris", poursuit Michel Morin. Aucune ouverture n'est prévue pour
le nouvel exercice, "sauf opportunité". Les établissements de Paris
intra-muros constituent les seuls emplacements de centre-ville de l'enseigne, la majeure
partie du parc étant des bâtiments solos situés en périphérie. "Si l'on
refait des bâtiments solos, poursuit Michel Morin, ils seront plus petits, de 150
à 180 places environ contre 270 actuellement." En juillet dernier, Léon de
Bruxelles a repris dans son giron l'unité franchisée des Champs-Elysées qui était à
vendre. Cette année, un programme de rénovation donnera un petit coup de jeune aux
établissements parisiens tout en respectant les identifiants forts de la marque que sont
le vert et le blanc. <
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Traçabilité Chaque année, le groupe vend quelque 1 800 tonnes de moules, pêchées selon les saisons aux Pays-Bas, en Irlande, au Danemark, en Italie, en Grèce et en France pour les moules de bouchot. Un échantillon est livré quotidiennement à un laboratoire qui l'analyse et le conserve. "La moule est un produit très contrôlé. Elle présente l'avantage, pour se développer, de ne pas avoir à être nourrie", précise Michel Morin. Un capital de 5 653
454,95 e Un manuel de formation |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2858 Magazine 5 Février 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE