de juin 2004 |
EUROPE |
Elargissement de l'Union européenne
Qu'on en ait peur ou qu'en s'en réjouisse, l'arrivée dans l'Union européenne de 10 nouveaux pays va modifier le paysage touristique du Vieux Continent. Même si les professionnels du secteur n'escomptent pas de retombées économiques dans l'immédiat, ils considèrent les petits derniers comme des marchés en devenir.
Claire Cosson
Ça
y est ! Depuis le 1er mai dernier, 10 nouveaux pays et 75 millions d'habitants ont rejoint
l'Union européenne. Avec l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République
tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, la Hongrie, Malte et Chypre, l'Europe à 25
constitue maintenant un espace politique et économique fort de quelque 450 millions
d'âmes. Le troisième plus vaste ensemble démographique, derrière la Chine et l'Inde.
De là à croire que cette population soit prise d'une envie folle de passer les
frontières, notamment s'agissant des derniers 'entrants', il n'y a qu'un pas. Un pas que
franchit allègrement l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), convaincue que l'Europe
élargie "devrait contribuer à une augmentation des flux touristiques de l'Europe
orientale vers l'Europe occidentale". Et inversement. D'autant plus aisément
d'ailleurs que l'assouplissement des formalités de déplacement va permettre, d'ici à
2007, une entière liberté de circulation dans cette nouvelle zone. Le tout favorisé par
un développement croissant des compagnies aériennes, en particulier celles appelées
'low cost', prêtes à tout pour s'attirer les faveurs de ces touristes potentiels.
Adriana Karembeu, peinte sur l'avion du transporteur slovaque SkyEurope, donne du reste
assez bien le ton.
Ajoutons à ces éléments favorables un autre point essentiel : les nouveaux
membres de l'Union adopteront à terme l'euro (à condition de respecter les critères de
convergences imposés par le traité de Maastricht). Et voici donc l'Europe transformée
en un vaste 'village de vacances'. Village dans lequel la France devrait conforter sa
place. "Les 10 pays entrants ont bien sûr vocation à devenir des pays émetteurs
de touristes. C'est juste une question de temps ! Mais, à plus ou moins long terme, ils
dynamiseront l'activité touristique française", confie un expert du secteur.
"S'agissant des pays de l'ancien bloc soviétique, les habitants, longtemps
privés de liberté, vont vouloir changer d'air et pourquoi pas découvrir Paris et la
France", explique Régis Bulot, président international des Relais &
Châteaux. "Reste que, compte tenu de leur pouvoir d'achat actuel, ce n'est pas
notre chaîne qui profitera la première de cette nouvelle donne. Encore que les Slovènes
ont un déjà un niveau de vie assez élevé", poursuit le patron de la plus
belle chaîne du monde.
CE QU'ILS EN PENSENT
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50 000 skieurs tchèques et 16 000
Hongrois cet hiver en France
"Même si pour l'heure nous ne constatons pas encore de sérieux engouement
pour Paris de la part des touristes originaires de ces nouveaux pays, il est clair que
l'élargissement de l'Union constitue pour nous une opportunité unique ! C'est l'apport
d'un marché supplémentaire et complémentaire", avoue avec enthousiasme Paul
Roll, directeur de l'office de tourisme de Paris.
"L'Hexagone est un pays éminemment touristique et Paris demeure une
destination mythique. L'Europe centrale représente indiscutablement un potentiel de
clients énorme, notamment pour l'hôtellerie économique et midscale", assure
Christian Karaoglanian, directeur général du développement hôtelier pour le groupe
Accor. "Nous accueillons d'ores et déjà pas mal de touristes en provenance de
l'Europe centrale et orientale. A titre d'exemple, près de 50 000 Tchèques et 16 000
Hongrois ont fréquenté cet hiver nos stations de sports d'hiver. Par conséquent, je
considère vraiment que l'Europe à 25 est un atout pour la France", surenchérit
Thierry Baudier, directeur général de Maison de la France. Et Bernard Sudreau, directeur
de l'Europe du Nord pour Envergure, de souligner : "Nous accueillons déjà pas
mal de clients d'Europe centrale, notamment de Pologne. L'élargissement va accélérer ce
mouvement. Première Classe sera la première enseigne de notre groupe à bénéficier de
cet apport supplémentaire de clientèle. Puis ce sera le tour de Campanile."
Patience et jeu serré face à la
concurrence des pays frontaliers
A première vue, l'optimisme est général. Sachant que la France jouit
parallèlement d'une bonne image auprès d'un grand nombre des nouveaux membres de l'Union
européenne. Selon une étude réalisée par Maison de la France sur les données
touristiques de cinq pays d'Europe centrale, il s'avère en effet que les Hongrois
apprécient globalement l'Hexagone tant pour sa richesse culturelle que pour son histoire
et son art.
Près de 200 000 séjours émanant de visiteurs hongrois ont ainsi été recensés
en France l'année dernière. Chiffre qui dépasse les 350 000 pour les Polonais. "Aujourd'hui,
7 millions de Polonais partent en vacances avec un nombre de séjours à l'étranger qui
avoisine les 3,3 millions (2003), la France se situant en 5e position des pays visités, indique
l'enquête. La France a une excellente image en Pologne."
Du côté de la République tchèque, notre pays se défend également assez bien
en figurant au 6e rang du hit-parade des destinations étrangères privilégiées. Quant
aux Slovènes, ils aiment apparemment eux aussi beaucoup le pays des irréductibles
Gaulois. Et visitent en priorité Paris, la Côte d'Azur, la Normandie ou bien encore la
Bretagne, les Pays-de-la-Loire et l'Alsace. En fréquentant dans tous types d'hôtels.
Il n'en demeure pas moins vrai qu'il va falloir faire preuve de patience et jouer
serré pour séduire encore davantage le 'chaland'. D'une part parce que les niveaux de
vie des nouveaux entrants restent largement inférieurs à ceux de l'Europe occidentale :
"Pour le moment, seul un petit pourcentage de Polonais a un niveau de revenus
comparable à celui de l'Europe occidentale. Ceci dit, le pays se développe rapidement et
les Polonais adorent voyager", déclare Grzegorz Pradzynski, p.-d.g. de Orbis,
dans le Courrier de Maison de la France. D'autre part parce que la concurrence des
pays frontaliers tels l'Autriche et l'Allemagne s'avère assez rude. Sans oublier les
propres attraits touristiques que possède chacun des 10 nouveaux pays.
Promouvoir la France
A commencer par les stations balnéaires pour Chypre et Malte. Question tourisme
thermal, la Hongrie a de quoi faire pâlir d'envie plus d'un concurrent. Parcs naturels,
grands espaces, stations de sports d'hiver..., la Pologne est elle aussi bien lotie. Tout
comme les anciennes provinces baltes qui misent à fond sur la carte du tourisme culturel.
Qu'à cela ne tienne ! La France n'a pas l'intention de baisser les bras. D'autant
plus qu'elle a anticipé l'élargissement de l'Union européenne depuis un certain nombre
d'années. "Il y a 4 ans déjà que nous travaillons sur le marché polonais.
Concernant la République tchèque, elle est gérée depuis l'Autriche où nous sommes
présents depuis les années 50. Quant à la Hongrie, cela va faire bientôt 13 ans que
nous y sommes présents", précise Thierry Baudier. Forts de cette présence, les
professionnels du tourisme originaires de ces pays n'en connaissent que mieux les valeurs
touristiques françaises. Et c'est tant mieux pour le business.
Il n'empêche que les opérations de promotion envers ces nouvelles destinations
doivent se poursuivre. Ce qui est le cas. En témoigne le planning assez chargé des
responsables de Maison de la France. Avec des participations aux principaux salons
professionnels organisés dans des grandes villes comme Budapest, Prague, Bratislava,
Varsovie... Sans oublier des road shows dans les grandes villes de chacun des pays
concernés et des actions encore plus ciblées, comme l'édition d'un guide France à
destination des Hongrois... Comme toujours, rien n'est jamais définitivement acquis ! < zzz20a zzz99 zzz36v zzz70
GROS PLAN SUR LES TOURISTES HONGROIS, TCHEQUES ET POLONAIS
Données touristiques |
Caractéristiques touristiques | Relations avec la France |
Actions prévues par Maison de la France | |
HONGROIS | Vacances :
20 à 30 jours par an Nombre de sorties en 2003 : 14,3 millions Durée des séjours : 10/11 jours durant l'été entre mai et septembre ; 7/8 jours en hiver entre novembre et avril ; courts séjours durant les fêtes et week-ends Taux de départ en vacances : 62 % dont 33 % à l'étranger Nombre de séjours à l'étranger : 3 millions en 2002 Modes d'hébergement utilisés : 36 % hôtel, 39 % résidence de tourisme et 25 % camping |
*Sensibilité
au prix *Préférence pour les destinations soleil à moindre coût l'été comme l'Italie, la Croatie, la Grèce, la Tunisie, la Turquie, la Jordanie et l'Egypte *L'hiver est réservé au ski en Autriche, en France, en Slovaquie, en Slovénie ou en Pologne *Les adeptes de tourisme culturel optent pour la France, le Benelux, la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Italie *Grand succès de la formule 'tout compris' *15 % des voyages sont achetés en agence de voyages *Réservations souvent tardives *1 540 agences de voyages étaient référencées en 2002 |
*200 000
séjours passés par les Hongrois en France en 2003 *Durée moyenne du séjour de 5,5 jours *Les régions françaises les plus fréquentées sont Paris, la Côte d'Azur, la Provence, le val de Loire, la Normandie, la Bretagne, les Alpes et la Corse *16 000 Hongrois ont été recensés sur les pistes françaises au cours de la saison 2003-2004 *En France, ils résident dans des hôtels économiques (32 %), des résidences de tourisme (32 %), des chambres d'hôte ou hôtels plus haut de gamme. 15 % choisissent le camping *Image de la France globalement positive appréciée par sa richesse culturelle, artistique et historique. Mode et gastronomie sont aussi appréciées |
*Edition en
mars 2004 d'un guide France avec des informations pratiques, tarifs, produits *Organisation d'une tournée en Europe centrale avec une escale à Budapest *Organisation d'un road show dans quatre villes de province chaque année *Participation aux salons professionnels |
TCHÈQUES |
Taux de
départ en vacances : 75 % en 2002, soit 7,7 millions de départs Taux de départ à l'étranger : 36 % en 2002, soit 2,7 millions de départs Durée moyenne des séjours à l'étranger : 10 jours Saisonnalité : entre juin et septembre Modes d'hébergement utilisés : 30 % hôtellerie, 26 % pension, 12,5 % location, 12 % camping et 9,5 % amis/famille Dépense moyenne à l'étranger au cours d'un séjour : 453 e Principales destinations étrangères : la Croatie, la Slovaquie, la Grèce, l'Italie, l'Espagne et la France |
*Les
Tchèques consacrent 10 % de leurs revenus au poste loisirs/détente *Extrême sensibilité au prix, mais soif de s'ouvrir au monde *Ils aiment la mer, la montagne pour le ski et les villes pour la culture *61 % des vacanciers utilisent les services d'un tour-opérateur et/ou d'un agent de voyages pour réserver un séjour à l'étranger *Ils utilisent en majorité l'autocar (42 %), la voiture (38 %) et l'avion (15 %). |
*Les régions les plus visitées par les Tchèques sont Paris, l'Ile-de-France, la région Rhône-Alpes, la Côte d'Azur, la Bretagne, la Normandie, le val de Loire, la Corse et le Languedoc-Roussillon | *Une escale
en mai 2005 à Prague de la tournée Europe centrale *Présence au salon professionnel Madi à Prague en novembre 2004 *Un workshop France à Zagreb en Croatie et à Belgrade en Serbie *Développement du site franceguide.com/cz *Présence au salon Holiday World à Prague en février 2004 |
POLONAIS |
Taux de
départ en vacances : 10,5 % soit 7,2 millions Nombre de séjours à l'étranger en 2003 : 3,3 millions Nature des séjours : 48 % tourisme et 23 % affaires Dépense moyenne à l'étranger au cours d'un séjour : 159 e Saisonnalité : printemps 19 %, été 40 %, automne 21 % et hiver 20 % |
*Les
principales destinations touristiques étrangères visitées sont l'Allemagne, l'Italie,
la République tchèque, la Slovaquie et la France *La majorité des Polonais sont hébergés par des amis ou de la famille (38 %). Seuls 33 % choisissent l'hôtel *Grande sensibilité à l'aspect culturel et historique des pays visités |
*L'Institut
du tourisme recense 350 000 séjours passés par des Polonais en France en 2003 *La durée du séjour est en moyenne de 9,1 jours *Le nombre de nuitées passées dans un hôtel s'élève à environ 185 000 *Les dépenses moyennes par jour sont estimées à 14,44 e *La majorité des Polonais se rendent en France en voiture. Les autres moyens de transport utilisés étant le car, l'avion, l'autocar de ligne et enfin le train *Une forte majorité des Polonais n'utilise aucun intermédiaire pour voyager *La France a une excellente image en Pologne notamment grâce à sa diversité culturelle et événementielle. Notre pays rime aussi avec vins et fromages *La France demeure une destination onéreuse |
*Le marché
polonais n'est qu'au début de son développement. L'entrée dans l'Union européenne va
stimuler l'économie, selon Maison de la France, et parallèlement les ventes de produits
touristiques *L'ouverture du ciel en Europe va aussi créer de nouvelles opportunités |
Quelques tour-opérateurs
République tchèque a Campanatour Namasti 131 345 06 Kdyne Tél. : 00 420 379 732 772 www.campana.cz a CK Adventura a Ile de beauté voyages a Color Travel |
Slovaquie a HITKA OD Slimak 831 03 Bratislava 3 Tél. : 00 421 2 446 35 354 hitka@hitka.sk a Paxtravel Pologne a TUI Polska SP Z.O.O |
Vos questions et vos remarques sur le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 2876 Magazine 10 juin 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE