de juin 2004 |
EUROPE |
Europe élargie
Le 1er mai 2004 est une date largement symbolique. Accor s'est implanté dans les pays d'Europe centrale depuis trente ans déjà, devenant le numéro 1 notamment en Pologne. Envergure, lui, s'est lancé dans l'aventure en 1999.
Claire Cosson
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Aujourd'hui
à moins de 2 heures d'avion de Paris, l'Europe centrale séduit un nombre grandissant de
touristes. La preuve : entre 1990 et 2000, les pays constituant cette zone ont enregistré
une hausse de 4,9 % du nombre de visiteurs étrangers. A fin 2003, plus de 68 millions de
visiteurs internationaux avaient foulé le sol de ces territoires. Un chiffre conséquent
qui devrait encore augmenter au cours des prochaines années. D'autant plus vite,
d'ailleurs, que l'élargissement de l'Union européenne va logiquement faciliter les
déplacements, sans oublier de booster les économies de chacun des nouveaux membres,
sachant qu'actuellement, leurs taux de croissance moyens s'élèvent aux environs de 3 %.
Et l'introduction de l'euro (pas avant 2007 pour les meilleurs élèves) d'accroître,
elle aussi, les niveaux de vie des habitants.
Autrement dit, les pays d'Europe centrale constitueront, à plus ou moins long
terme, un formidable marché pour le tourisme d'affaires et de loisirs. Des données
intégrées depuis un certain temps déjà dans la stratégie de développement des deux
grands groupes hôteliers français que sont Accor et Envergure. "Nous avons
toujours considéré les pays d'Europe centrale comme faisant partie de l'Europe, et donc
de notre champ de développement", explique Christian Karaoglanian, directeur
général en charge du développement hôtelier chez Accor. Résultat : le numéro 1
actuel de l'hôtellerie européenne a mis le cap à l'Est voilà plus de trente ans, en
1973.
Un démarrage, comme à son habitude en avance sur son temps, qui se traduit alors
par la signature d'un premier contrat de franchise avec Orbis pour la construction de 6
Novotel en Pologne. Reste qu'Accor va accélérer la cadence au fil du temps.
Christian Karaoglanian, directeur général du développement hôtelier
d'Accor : "La Pologne, c'est l'Espagne d'il y a trente ans. Si la situation évolue
comme pour les nouveaux membres entrés dans l'Union en 1986, c'est un pays extrêmement
prometteur."
"La Pologne, c'est
l'Espagne d'il y a trente ans"
Grâce notamment à des partenariats noués avec des chaînes hôtelières locales
comme Orbis (dont Accor est devenu l'actionnaire de référence avec 36 % du capital) et
Pannonia Hotels, le groupe couvre d'ailleurs désormais toute la région. A ce jour, un
Polonais peut ainsi coucher dans quelque 32 hôtels portant les enseignes de la compagnie
française, auxquels s'ajoutent 36 autres adresses. "La Pologne, c'est l'Espagne
d'il y a trente ans. Si la situation évolue comme pour les nouveaux membres entrés dans
l'Union en 1986, ce pays est un pays extrêmement prometteur", déclare le patron
du développement hôtelier d'Accor.
Parallèlement, l'entreprise française s'est confortablement installée en Hongrie
avec plus de 4 000 chambres (représentant 18 unités)... Sans compter sur 5 autres
établissements en République tchèque, 1 en Slovaquie... Au total, le réseau du groupe
Accor, fondé par Gérard Pélisson et Paul Dubrule, affiche une centaine
d'établissements en Europe centrale et orientale. Le petit dernier étant le Novotel de
Vilnius, construit en association avec UAB Pinus Proprius, filiale de Vastint Holding BV
(Inter-Ikea).
Très loin derrière, Envergure s'est concentré sur la Pologne où il emploie pour
le moment plus de 200 personnes. Comme beaucoup d'autres investisseurs français du reste
: les investissements provenant de la France s'élevaient à 8,753 milliards d'euros à
fin 2002. Doté de 80 chambres, le premier Campanile a ainsi été inauguré en novembre
1999 à Katowice.
Accor présent sur tous les
segments de marché
Depuis, Envergure a bien sûr étoffé son parc. A ce jour, il exploite ainsi 7
établissements répartis dans les grandes villes de Pologne dont 4 sous enseigne
Campanile, 1 Première Classe et 1 Kyriad Prestige. "Nous avons inauguré en mai
dernier notre premier complexe multimarques à Varsovie. Un concept intégrant un Kyriad
Prestige, un Campanile et un Première Classe, souligne Bernard Sudreau, directeur du
développement Europe du Nord. Cette ouverture, qui a nécessité un montant de 30 Me,
est le plus gros investissement touristique français en Pologne pour l'année 2004."
Et les affaires semblent plutôt prospères. "Dès le premier soir chez
Première Classe, nous enregistrions un taux d'occupation de 68 %. Le tout sans aucune
publicité et avec un prix moyen de 33 e la chambre", témoigne le
directeur en charge de l'Europe du Nord pour Envergure. De quoi inciter le numéro 2
européen de l'hôtellerie et de la restauration à poursuivre son essor sur le marché
polonais. "Deux Campanile ouvriront à Lublin et à Poznan en août prochain, pour
un investissement de 8 Me. D'autres sont en cours de négociation",
précise Keith Lindsay, directeur général du groupe.
La Pologne n'en est pas pour autant le nouvel Eldorado de l'Est. Présent sur tous
les segments de marché (de l'économique au luxe) en Pologne, Accor a certes encore
l'intention d'y ouvrir 4 nouvelles unités d'ici à 2006. "Nous allons en outre
passer les hôtels Orbis sous nos enseignes. Puis nous développerons sans doute par la
suite notre produit Etap'Hôtel", commente Christian Karaoglanian, qui dénonce
néanmoins "une surcapacité hôtelière évidente aujourd'hui sur le haut de
gamme dans la ville de Varsovie".
Bernard Sudreau, directeur du développement Europe du Nord pour Envergure
: "Dès la fin du mois d'août 2004, nous disposerons de deux nouveaux
établissements en Pologne, à Lublin et à Poznan."
Meilleurs rendements sur
l'hôtellerie économique
Beaucoup de grands groupes hôteliers internationaux ont en effet planté leur
drapeau dans la capitale polonaise. Tout comme à Budapest, d'ailleurs, où sont
présentes les chaînes Marriott, Four Seasons, Sofitel, InterContinental, Kempinski et
beaucoup d'autres encore. A croire que les pays d'Europe centrale cachent de véritables
trésors en matière d'hôtellerie.
"Il est vrai que les coûts du foncier demeurent aujourd'hui encore
inférieurs à ceux pratiqués en Europe occidentale. A titre d'exemple, les bureaux se
louent là-bas un tiers du prix pratiqué à Paris", note le patron du
développement hôtelier d'Accor. Autre élément de poids : les frais de construction
s'avèrent compétitifs. "Pour 1 500 e en France, on a l'équivalent de 2
000 à 3 000 e en Pologne", estime Bernard Sudreau. Ajoutons à cela un
coût de main-d'uvre intéressant : "il est comparable, voire légèrement
inférieur à celui du Portugal", indique Christian Karaoglanian. Dans ce
contexte, il n'a plus guère de doute à avoir. Les taux de rendement sont meilleurs qu'en
Europe occidentale, notamment sur les segments dits économiques. "Dans des
périodes stabilisées, on avoisine des ROCE* de 20 % sur l'hôtellerie de type Ibis",
confesse le directeur général du développement hôtelier Accor.
Reste que tout ne roule pas toujours comme sur des roulettes à l'Est. La
corruption fait toujours des ravages dans un certain nombre de pays entrant dans la
nouvelle Europe. Autre bémol : l'environnement légal, qui varie d'une nation à l'autre
de manière parfois radicale. Malgré cela, les hôteliers français paraissent décidés
à continuer leur chemin. Espérant que l'entrée dans l'Union européenne va peut-être
déboucher sur une relative harmonisation. En Europe centrale et orientale, 15 nouveaux
hôtels sont déjà en cours de construction avec des ouvertures en 2004 et en 2005 pour
Accor. S'agissant d'Envergure, plusieurs projets sont également en cours d'étude d'ici
fin 2005 pour la Pologne. < zzz20a
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L'Hôtellerie Restauration n° 2876 Magazine 10 juin 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE