Une cuve en inox de 20 hl, une loupe binoculaire, un réfractomètre manuel, un thermomètre digital, un filtre à houblons, un aérateur de moût… Voilà un bien étrange inventaire à la Prévert, celui d'une partie du matériel nécessaire à Thierry Roche pour la fabrication de ses bières artisanales en plein coeur de Barbès à Paris. Cet outillage a été financé par 176 internautes qui ont investi entre 5 et 400 € sur son projet jusqu'à dépasser de 10 % l'appel de fond de 7 500 € initié par l'entrepreneur sur le site de financement participatif Ulule. "Cette somme représente 4 % de l'investissement de 200 000 € nécessaire à l'ouverture de ma brasserie mais cette souscription a convaincu les banquiers de me faire confiance. Quand 200 personnes vous prêtent de l'argent, on vous regarde différemment", s'amuse le brasseur parisien. "Pour l'instant, Ulule accompagne surtout des projets culturels ou artisanaux mais les applications dans la restauration sont nombreuses. Cependant, il ne suffit pas d'avoir une idée pour pouvoir automatiquement la financer grâce à Ulule. Pour garantir le succès, le porteur de projet doit avoir un solide réseau (famille et amis) qui va colporter la souscription sur le net. En outre, l'idée doit être originale pour faire le buzz et convaincre un cercle plus large d'investisseurs", explique Mathieu Maire du Poset, le directeur de la communication du site de financement participatif Ulule.
Entre le mécénat et la souscription
"Notre modèle économique se distingue de celui de My Major Compagny qui a popularisé la levée de fonds sur le web. Ceux qui investissent sur un artiste ont la possibilité de devenir producteur et attendent un retour sur investissement. Ulule se positionne plutôt entre le mécénat et la souscription. Les internautes qui accompagnent nos projets avec une mise minimale de 5 € peuvent juste espérer une contrepartie comme des bouteilles de bière, un repas, une invitation à une soirée. Nous prenons une commission de 8 % sur les sommes perçues et uniquement si le projet est financé", ajoute Mathieu Maire du Poset. Mais dans la réalité, lever des fonds avec un site de financement participatif revêt d'autres avantages. "Outre la recherche d'un complément de financement, il s'agit aussi d'une opération de communication qui va fédérer une base de clientèle, rendre populaire le projet et rassurer les banquiers sur la capacité de réussite de l'entrepreneur", conclut le directeur de la communication d'Ulule. Les observateurs du secteur de l'hôtellerie seront bien inspirés de garder un oeil sur ces sites, car c'est du côté du 'crowdfunding' que les projets les plus innovants vont se dévoiler.
Publié par Francois PONT