Fonds de commerce : comment apprécier l'état général d'une affaire

Lille (59) Lors d'une cession de fonds de commerce, l'acquéreur et, avant lui, l'intermédiaire en transaction de fonds de commerce, va s'attarder sur l'aspect physique de l'affaire. Le point de vue d'Emmanuel Marchand, directeur du cabinet B2M, membre du réseau CEH, à Lille.

Publié le 19 décembre 2016 à 12:17

L'Hôtellerie Restauration : Quels sont les éléments physiques de l'affaire auxquels vous vous attachez pour fixer un prix de cession au plus juste de sa valeur de marché ?

Emmanuel Marchand : Nous prenons en compte l'environnement du fonds de commerce : centre-ville ou campagne ? Des travaux de voirie sont-ils prochainement prévus ? Des aménagements routiers ou déviations sont-ils envisagés ? Il faut également tenir compte de la qualité du bâtiment lui-même - des travaux de façade ou des rénovations sont-elles prévues dans les communs ? - et de son mode gestion - le bâtiment est-il à un unique propriétaire ou soumis à une copropriété ? Si oui, quelles sont les obligations du règlement ?

Concernant le fonds de commerce, on observe s'il est aux normes de sécurité et d'accessibilité ou s'il nécessite des travaux, plus ou moins importants, qui pourront venir en diminution du prix s'ils doivent être assumés par l'acquéreur. Le type de licence dont bénéficie le fonds de commerce entre également en compte, et si elle est attachée au fonds ou détenue par le bailleur et mise à la disposition du locataire. Existe-t-il un contrat qui contraint cette licence (brasseur, distributeur ou autres) ?

Enfin, et surtout, on tient compte de l'état du matériel : des investissements sont-ils nécessaires ? Le matériel appartient-il en propre au fonds de commerce ou est-il détenu par un crédit-bailleur ?

 

Quelles sont les expertises qui attestent de l'état de l'affaire et que le vendeur doit être prêt à remettre à l'acquéreur dès qu'il envisage de vendre ?

Les mairies n'imposent pas toutes les mêmes obligations pour la réalisation d'une cession de fonds de commerce. Toutefois, et de manière assez générale, il est recommandé de se renseigner sur la dernière commission de sécurité et son avis. Si elle est passée - ce qui n'est pas une obligation sauf par exemple pour les hôtels ou les discothèques -, le vendeur doit transmettre le PV qui a été établi suite à cette visite.

Le diagnostic PMR et l'agenda d'accessibilité programmée [Ad'ap] sont obligatoires depuis le 27 juillet 2015 pour tous les établissements recevant du public. Théoriquement, une cession n'est plus possible sans ces documents. Le diagnostic permet d'identifier les mises aux normes obligatoires et l'Ad'ap permet de demander d'éventuelles dérogations aux aménagements ou de les planifier dans les trois ans qui suivent le dépôt de l'Ad'ap.

 

Le cédant doit-il transmettre à l'acquéreur d'autres documents obligatoires ?

Une attestation annuelle de l'entretien de la hotte doit être obligatoirement fournie par le restaurateur cédant. Il est également obligatoire de faire vérifier annuellement ses extincteurs et d'en apporter la preuve. De même, si l'établissement possède un ascenseur et/ou un monte-charge, la vérification annuelle est obligatoire, tout comme l'attestation qui le prouve. Enfin, si vous avez une cheminée à feu de bois, le ramonage doit être réalisé au moins une fois par an et l'attestation de ce dernier produite également. Tous ces éléments se retrouvent dans le registre de sécurité. Ils sont nécessaires à une transaction mais aussi obligatoires pour la bonne assurance de l'exploitant. De plus, un restaurateur devra également s'inquiéter de la présence d'un bac dégraisseur et du rejet de ses eaux usées selon les préconisations de la mairie d'accès au réseau public. Enfin, lors de l'entrée dans les lieux, il faut toujours faire établir un état des lieux contradictoire avec le sortant.

En cas de cession immobilière concomitante, le bailleur cédant devra également soumettre son local à tous les diagnostics obligatoires : DPE, amiante, plomb, risques naturels, termites…

 

D'autres documents non obligatoires sont-ils couramment sollicités par l'acquéreur ?

En effet, un acquéreur peut également solliciter une vérification des installations de gaz et d'électricité dans la mesure où elle peut être demandée par l'assureur. L'acquéreur devra alors faire les démarches en accord avec le vendeur. L'acquéreur doit également veiller aux contrats du vendeur qui pourraient lui incomber lors de la reprise et dont il ne pourrait se soustraire : crédit-bail, distribution de boissons, d'énergie, vidéosurveillance, linge…


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Publié par Tiphaine BEAUSSERON



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