Rassurés. C’est ce qu’ont ressenti Kelly Letourneur et Emmanuel Catherine, les acquéreurs du restaurant l’Annexe, à Beaumont-Hague (Manche), quand ils ont repris l’affaire de leur patron. Il faut dire que le couple connaît bien cette crêperie-brasserie. Logé à l’étage, Emmanuel Catherine y officie en cuisine depuis six ans quand la propriétaire lui propose de lui vendre le fonds. Kelly Letourneur, quant à elle, y travaille en extra occasionnellement. Ils connaissent le restaurant, ses horaires d’ouverture, ses pics d’activité et sa clientèle.
C’est aussi ce qu’a dû penser le banquier qui a accepté de financer le projet, car rien n’était pas gagné d’avance pour le jeune couple qui n’avait pas d’apport. Ils finissent par vendre leur voiture et casser leur PEL pour amasser 5 000 € qui constitueront l’apport. Une somme presque dérisoire quant on sait que les banques exigent en moyenne 30 % du prix du fonds – cédé 200 000 € -, voire plus quand il s’agit de primo-accédants comme Emmanuel Catherine et Kelly Letourneur. “Bien connaître le fonctionnement du restaurant, les fournisseurs et la clientèle, couplé à un chiffre d’affaires en progression a été un atout indéniable auprès des banques”, se souvient Emmanuel Catherine.
Un crédit de 229 000 €
Aidé du cabinet Cousin, spécialiste de la transaction de fonds de commerce, le couple présente son dossier dans trois banques, et obtient deux offres. “Au vu du faible montant de l’apport, ceci aurait été impossible si le repreneur n’avait pas été le chef cuisinier de l’établissement. Le fait qu’il ait été en charge de la production depuis plusieurs années a vraiment pesé lourd dans l’appréciation du risque pris par la banque”, développe Grégory Cousin, qui a accompagné ses clients aux rendez-vous bancaires. C’est finalement le Crédit Mutuel qui finance le crédit. Au total, celui-ci s’élève à 229 000 €, car au prix du fonds s’ajoute la marchandise ainsi que les frais d’acquisition. Si l’offre de reprise s’est présentée en juin 2018 et que le compromis a été signé début août, ce n’est que cinq mois plus tard que le prêt a été officiellement décroché et l’acte de vente signé.
Une ouverture quinze jours après l’acte définitif
L’affaire a de nombreux atouts, dont son positionnement en angle avec places de parking alentour à quelques centaines de mètres du centre-bourg. De quoi attirer une clientèle variée d’ouvriers et de cadres en semaine, et de familles et de touristes le week-end et les vacances. Une situation qui assure ainsi un chiffre d’affaires relativement linéaire pour ce restaurant de 84 places assises sur 200 m2, dont la salle avait été rénovée quelques années plus tôt.
Les horaires d’ouverture (fermeture le dimanche et le soir en semaine) sont en outre compatibles avec le rythme de vie des entrepreneurs également jeunes parents. “Le fait de bénéficier du logement de fonction à l’étage est un vrai confort”, précise le couple. “Enfin les cinq semaines de fermeture, dont trois en juillet, sont une soupape de sécurité pouvant amortir une chute inhabituelle du chiffre d’affaires”, relève Grégory Cousin.
Après la signature de l’acte définitif au début de l’année, l’ouverture du restaurant a eu lieu une quinzaine de jours après. Les nouveaux propriétaires font perdurer l’esprit de la maison, avec de légers ajustements afin de ne pas perturber les habitudes des clients. “Nous avons juste ajouté la bolée de cidre ou le quart de vin dans les formules ce qui a occasionné une augmentation de 50 centimes”, explique Kelly Letourneur, qui commence également à développer des partenariats avec des fournisseurs locaux pour augmenter sa visibilité sur la page Facebook du restaurant. Un changement de direction donc, mais tout en douceur pour fidéliser au mieux la clientèle existante et en capter une nouvelle.
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Publié par Tiphaine BEAUSSERON