L'Hôtellerie Restauration : Comment l'hôtellerie et la restauration rochelaises traversent-elles la crise ?
Jean-Yves Proust : L'année 2012 a été plus chaotique que 2011. La tendance pour l'hôtellerie reste bonne grâce à la présence de différents segments de clientèle très complémentaires avec un taux d'occupation de près de 61 % en 2012, toutes catégories confondues. La forte progression des clientèles limitrophes et du Grand Ouest ont permis de limiter la casse. La restauration classique et traditionnelle souffre beaucoup plus. La clientèle hôtelière loisirs a tendance à privilégier les petits déjeuners copieux pour sauter le déjeuner, quitte à consommer une crêpe ou une gaufre l'après-midi.
Les nouvelles normes de classement ont-elles modifié le paysage hôtelier ?
Le paysage hôtelier rochelais s'est métamorphosé depuis deux ans. Une forte majorité de 2 étoiles est désormais classée 3 étoiles, ce dernier classement étant devenu prépondérant. On constate par ailleurs une montée en puissance du 4 étoiles (voir graphiques).
Y voyez-vous un potentiel de développement du segment luxe et bien-être ?
L'offre bien-être est encore peu développée, notamment sur le segment 4-5 étoiles, même si on notera la création d'un spa au sein de l'hôtel de la Monnaie avec espace soins, jacuzzi et sauna. Sur le segment hôtellerie de luxe, La Rochelle est en concurrence avec des villes comme Deauville ou Biarritz, mais ne dispose pas aujourd'hui d'une offre globale suffisamment haut de gamme au niveau des commerces et enseignes de luxe pour fixer la clientèle plus longtemps sur place.
Les hôteliers se préparent-ils aux normes d'accueil des clientèles en situation de handicap ?
Oui, dans la grande majorité. Des outils ont été fournis aux hôteliers par la CCI leur permettant de faire eux-mêmes un pré-diagnostic. Sur les 47 hôtels classés, six seulement ne sont pas réellement entrés dans la démarche et espèrent d'éventuelles dérogations. Il faut par ailleurs signaler que tous les hôtels sont aux normes incendie.
Quelles sont les difficultés rencontrées par les hôteliers rochelais ?
Côté commercialisation des chambres, les hôteliers indépendants ont du mal à caler leur offre tarifaire sur le classement pour lequel ils ont opté. Ils semblent souffrir d'une part d'une concurrence tarifaire de plus en en plus agressive de la part des chaînes intégrées, et d'autre part, du fait que la clientèle loisirs n'a pas encore intégré la notion de nouveau classement et les standards de confort qui y sont liés. Côté emploi, l'embauche de saisonniers pour quatre mois alors que les vacances des étudiants ne s'étalent que sur deux à trois mois est une difficulté importante.
Durant la saison estivale, l'activité hôtelière évolue-t-elle ?
Même si le mois d'août reste le mois référence avec un taux d'occupation de 89,2 % en 2011, on note que les flux hôteliers se sont renforcés pendant l'avant- saison (d'avril à juin) et l'après-saison (septembre et octobre). Les mois de juin, juillet et septembre sont désormais quasiment équivalents en termes d'activité, avec des scores aux alentours de 78 % de taux d'occupation.
Quelles sont les caractéristiques de la clientèle hôtelière ?
La diversité de l'offre touristique sur La Rochelle permet d'accueillir une mixité de clientèles, des jeunes comme des seniors, et des couples comme des familles. Néanmoins, la part des familles reste prépondérante dans la segmentation et notamment sur toute la période des vacances scolaires. La clientèle est toujours majoritairement française avec néanmoins une réelle progression des clientèles étrangères (voir encadré ci-contre). À noter que la clientèle russe progresse et est désormais bien identifiée par les hôteliers, tandis que le volume de la clientèle asiatique reste faible.
Quel est l'impact de l'événementiel et de la culture sur l'hôtellerie ?
Le calendrier très dense de manifestations tout au long de l'année garantit à l'hôtellerie de bonnes retombées et désaisonnalise l'activité. On citera notamment les Francofolies, le Festival international du film, le Festival de la fiction TV et plus récemment le Webprogramm Festival. Les événements sportifs ne sont pas en reste avec le Grand Pavois, le Marathon et le retour du championnat du monde de Plongeon en 2013. Il est clair que l'ensemble de ces événements échelonnés tout au long de l'année garantissent un flux régulier et significatif de clients pour l'hôtellerie locale.
Publié par Jean-Yves Proust, directeur du cabinet Headlight Consulting avec Tiphaine Beausseron