L'Hôtellerie Restauration : Quel bilan tirez-vous de l'année 2014 pour le marché français de la transaction hôtelière ?
Philippe Souterbicq : En termes de volumes, l'année écoulée a été bonne puisque nous avons finalisé en 34 ventes d'hôtels France représentant 136 M€ en valeur d'actifs. Néanmoins, l'année 2014 a été compliquée par une instabilité juridique avec les lois Pinel, Hamon et Alur. Nous avons vu également un certain nombre de transactions ralenties impliquant l'accord préalable des crédits-bailleurs. En effet, la Banque centrale européenne a réalisé de nombreux contrôles sur les prêteurs, dénommés AQR [pour Asset Quality Review, NDLR], dans le but de sécuriser le marché, ce qui a retardé d'autant la disponibilité des équipes. Pour toutes ces raisons réunies, certaines ventes qui auraient dû être bouclées en 2014 ne le seront qu'en 2015.
Quels sont les secteurs géographiques de prédilection pour les investisseurs du marché hôtelier ?
Paris reste la valeur refuge par excellence, associée à un chiffre d'affaires supérieur à la moyenne et un taux d'occupation dépassant souvent les 80 %. Viennent ensuite des zones stables telles que Cannes, Arcachon, Biarritz, Saint-Malo où la demande reste toujours supérieure à l'offre. D'autres destinations comme Montpellier, Lille, Marseille, Nice et Bordeaux tirent bien leur épingle du jeu. Le reste de la France semble souffrir plus lourdement de la crise, ce qui influe sur les résultats hôteliers et attire moins les investisseurs.
Le profil des investisseurs a-t-il évolué ?
Hormis les palaces et les grands noms de l'hôtellerie parisienne qui restent à part, nous observons que l'intérêt des investisseurs étrangers s'amoindrit. La Chine reste l'exception. Les contraintes du droit du travail français ont mauvaise réputation et cela semble peser dans la balance des considérations des investisseurs. La conjoncture économique n'aide pas. De sorte qu'actuellement, le mid-market de province [30 à 100 chambres, NDLR] n'attire quasiment que des investisseurs français. Parmi eux, des professionnels et quelques grandes fortunes de l'immobilier, de la construction ou de la grande distribution manifestent le désir de diversifier leurs investissements, pour des raisons fiscales notamment.
Votre sentiment pour l'année à venir ?
Nous tablons sur une année 2015 au moins aussi dynamique que 2014. Malgré une législation qui rend les transactions plus compliquées, les conditions financières avec des taux historiquement bas sont à la faveur des acquéreurs.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON