Les autoentrepreneurs face à la pénurie de personnel dans la restauration

Paris (75) Alors que les contrats courts pourraient être surtaxés et compliquer encore plus la recherche de collaborateurs dans la restauration, les jeunes générations en particulier, plébiscitent l'autoentrepreneuriat et se présentent comme un recours à la pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur.

Publié le 25 juin 2019 à 00:29

Un extra voire un CDI en trois minutes et deux clics, pour une nuit ou pour la vie ? C’est ce que proposent de nouvelles plateformes de mise en relation entre recruteurs et candidats dans un contexte de valorisation de l’autoentrepreneuriat, en particulier chez les plus jeunes. Ce statut ne semble pourtant pas à ce jour une revendication des recruteurs traditionnels. “Pour pallier le surcroît d’activité dans notre activité événementielle, plutôt qu'à des autoentrepreneurs, nous faisons appel à une agence qui nous adjoint les services d’hôtesses-plateau. Elles interviennent trois ou quatre heures sur une réception pour aider au service”, explique le traiteur Lionel Duval, qui s’inquiète plus de la baisse d’activité que des problèmes liés à l’éventuelle taxation des CDD ou du recrutement d’intermittents de la restauration “qui se plaignent de plus en plus de la perte de droits, notamment à l’assurance chômage.

Côté cadres, on ne signale pas de percée du statut des autoentrepreneurs. “Je ne perçois pas d’attente particulière pour du personnel qui serait en capacité de facturer sa collaboration. Par contre le souhait que le futur salarié puisse, en cas de bonne entente, devenir un associé reste prégnant”, constate Alain Jacob, du cabinet AJ conseils. Le chasseur de têtes, spécialisé dans la recherche de cadres pour l’hôtellerie et la restauration depuis vingt-cinq ans, relève cependant une nouveauté : “Ce sont les postulants qui évoquent parfois la possibilité de travailler sous le régime de l’autoentreprenariat, en pensant que cela puisse être un argument décisif à leur embauche. Ce qui n’est pas certain. En outre, le recours aux autoentrepreneurs peut exposer l’employeur à des requalifications en CDI.”

En effet, des affaires retentissantes comme celle d’Acadomia ou, dans la restauration, des Jardins de Bagatelle en mars 2010, avaient mis en lumière des abus. Dans un arrêt du 22 mars dernier, la Cour de cassation rappelait d’ailleurs qu’il n’est pas permis d’employer sous ce régime une personne précédemment salariée dans la même entreprise pour des tâches identiques avec un lien de subordination.

Ubérisation des usages

“Le statut d’autoentrepreneur est surtout intéressant pour l’autoentrepreneur lui-même, pour des questions d’organisation de son travail, de liberté de choix de ses horaires et d'hôteliers-restaurateurs avec lesquels ils souhaitent travailler. On sent une forte demande en ce sens. C’est l’évolution du travail qui est à l’origine de nos plateformes. Internet a changé le rapport entre l’offre et la demande de travail. Les deux peuvent plus facilement interagir”, envisage Matthieu Coelenbier Tré-Hardy, créateur d'une plateforme de recherche d'extras. “C’est tellement simple administrativement que des recruteurs effrayés par les déclarations sociales ou l’urgence d’un surcroît d’activité imprévu plébiscitent le recours aux autoentrepreneurs. C’est une façon aussi de lutter contre le travail non déclaré. Et nous offrons de nouveaux usages : un serveur ou un cuisinier intérimaire peuvent difficilement refuser une mission quand on les appelle. Le risque serait de se retrouver blacklisté un certain temps par l’agence. Nous offrons la liberté de choisir”, tente Matthieu Coelenbier Tré-hardy, à l'origine d'une entreprise se positionnant sur la mise en relation de main-d’œuvre au pied levé. “80 % de nos membres sont en CDI et pratiquent l’autoentrepreneuriat en complément. À ce titre, on ne peut donc pas dire qu’ils n’ont pas de protection.”

 

entrepreneuriat extra


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Publié par Francois PONT



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