Malgré un volume des ventes de fonds de commerce CHR en retrait depuis le début de l'année, la restauration demeure le premier contributeur de reprises de fonds de commerce et les demandes de crédits professionnels demeurent inévitables. Muriel Lauret, directrice de CrediPro Lyon (69), répond à nos questions sur les exigences actuelles des banques en matière de crédit professionnel.
L'Hôtellerie Restauration : La BCE a abaissé une nouvelle fois son taux directeur ce qui permet de maintenir des taux d'intérêt très bas en immobilier. Cela va-t-il aussi avoir une incidence sur le marché du crédit professionnel dans le secteur CHR ?
Muriel Lauret : Pas nécessairement. En effet, le crédit professionnel ne suit pas exactement la tendance du crédit immobilier car les risques sont différents et la manière de les apprécier aussi. Ainsi, dans le cadre d'une reprise de fonds CHR, la banque va évaluer le risque en s'appuyant notamment sur des critères objectifs (cotation du secteur d'activité, cotation des comptes de l'entreprise, cotation banque de France). À noter que le secteur de la restauration est toujours sensible tandis que l'hôtellerie bénéficie d'une meilleure réputation auprès des professionnels du crédit. À côté de ces critères objectifs que nous ne maîtrisons pas, la banque va aussi s'appuyer sur des critères subjectifs (qualité de gestion du dirigeant, profil adapté du repreneur, qualité de l'emplacement, prévisionnel cohérent, plan de financement équilibré, garanties…). C'est là que notre rôle d'avocat financier intervient au profit de notre clientèle. Sur notre département, nous constatons un taux compris entre 2,40 % pour les très belles affaires et 3,50 % en moyenne sur les reprises de fonds de commerce de CHR. La sandwicherie - restauration rapide est considérée aujourd'hui comme moins risquée sur Lyon, par rapport au restaurant traditionnel. La brasserie reste plutôt bien cotée. En revanche, les bars de nuit sont difficilement finançables.
Les taux varient-ils selon que la reprise porte sur le fonds ou sur les titres ?
Cette distinction n'a pas de réelle incidence sur les taux, mais elle jouera au niveau des garanties. Ainsi, en cas de reprise de l'activité par acquisition de titre, un nantissement devra le plus souvent être doublé d'une caution personnelle plus importante car le nantissement des parts sociales est plus risqué pour la banque en cas de contentieux.
Les repreneurs de fonds de commerce doivent-ils nécessairement apporter 30 % du montant emprunté ?
Globalement, les banques exigent des apports supérieurs à 30 % dans le cas de reprise d'affaires en difficulté ou sur des créations avec un concept novateur et un budget supérieur à 150 000 euros. Par contre, quand le dossier est bien ficelé, cohérent et pertinent, nous obtenons des accords même avec un apport inférieur à 30 %. Par exemple, nous avons récemment obtenu un crédit pour une reprise de sandwicherie en première installation avec un apport de 23 %. Vous voyez que notre rôle de conseil en financement ne s'arrête pas à l'obtention du meilleur taux. Elle s'étend véritablement à l'obtention des meilleures conditions de crédit. En outre, nous négocions les conditions de fonctionnement du compte professionnel (une commission carte bleue, par exemple, peut varier de 0,20 % à 1 % selon l'activité et le ticket moyen, la moyenne étant plutôt entre 0,40 % et 0,70 %).
Aidez-vous à obtenir un financement en dehors du circuit bancaire ?
Pour partager le risque, il arrive qu'un financement du type prêt participatif ou fonds d'investissement vienne soit compléter l'intervention bancaire soit la remplacer. Ces financements externes peuvent être par ailleurs utiles pour surmonter des difficultés de trésorerie ou financer du matériel, des investissements. Nous proposons là encore notre compétence de spécialiste du financement.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON