Ne lui demandez pas ce qu'elle ressent en tant que femme dans un métier a priori réservé aux hommes. Patricia Legros ne s'est jamais posé la question, mais reconnaît que le métier de croupier était historiquement occupé par des hommes. "Mais l'arrivée des machines à sous a révolutionné le métier", remarque-t-elle, en ajoutant que la place des femmes dans le Groupe Lucien Barrière, avec Diane Barrière-Desseigne comme dirigeante de 1990 à 1997, a toujours été une évidence. "Je n'ai jamais senti de clivage homme/femme, ni de secteurs particulièrement réservés aux hommes, parce qu'il n'y en a pas ici, justifie-t-elle. Peut-être est-ce aussi une approche du sujet sans tabou ni barrière qui permet de le vivre sans problème."
Un parcours atypique
Son parcours est pour le moins atypique. Patricia Legros a débuté en tant que comptable dans une entreprise de transport routier en Normandie. Déterminée à aller plus loin, elle prend des cours du soir pour continuer à se former. En 1990, elle rejoint la distribution avec le magasin Le Bon Marché, toujours en Normandie, pour s'occuper des services financiers, puis des ressources humaines. Le rachat de l'enseigne se solde par la réunion des deux services dont elle prend la tête. Une double casquette qui a certainement été un atout quand elle a postulé pour s'occuper de l'administratif au Casino Barrière de Ouistreham. "Je ne connaissais pourtant rien de l'univers des casinos", reconnaît-elle. En 1999, elle prend la direction administrative en charge des finances et des ressources humaines, au casino de Trouville. En 2002, son rêve de prendre la direction d'un casino et de se lancer dans l'opérationnel se réalise : elle prend la tête du casino de La Baule (44). En 2005, après la fusion du groupe Barrière avec Accor casinos, elle prend la direction générale de l'établissement de Bordeaux (33). Début 2007, on lui propose de prendre la direction du grand projet Barrière de Lille (59).
L'esprit d'équipe
Le défi était de taille : ouvrir un nouveau casino et un hôtel dans une ville qui n'en comptait pas et qui n'est pas au bord de la mer. Tout était à faire : le bâtiment, les autorisations, le recrutement, etc. "C'est une aventure à ne pas rater et qui n'arrive qu'une fois dans la vie de l'entreprise, raconte Patricia Legros. Nous avons commencé à trois personnes dans un bureau. Le casino provisoire avec des tables de jeux a été ouvert le 1er novembre 2007, juste après la formation des nouveaux croupiers dans l'école que nous avions ouverte durant l'été 2007. Le 1er février 2008, les premières machines à sous étaient disponibles. Le casino définitif a été ouvert en mars 2010, et l'hôtel fin septembre 2010. Aujourd'hui, nous sommes presque 320 personnes à travailler dans le complexe." Le retard des travaux, les transferts des machines au nouveau casino en à peine une journée, le ménage des 142 chambres de l'hôtel… "Toutes les difficultés sont oubliées quand elles sont surmontées. On y arrive toujours ! De telles ouvertures sont de véritables émulations. Et les équipes qui ont vécu ça sont soudées pour longtemps."
Patricia Legros est particulièrement attachée à l'esprit d'équipe : pas un employé à qui elle ne dit pas bonjour. Elle a eu "la chance de recruter l'ensemble des cadres. Le respect de l'autre et du client doit être une valeur partagée par tous nos collaborateurs, insiste-t-elle. Nous avons treize nationalités différentes parmi nos collaborateurs. Il y en a toujours un qui parle la langue d'un client étranger sensible à ce qu'on le comprenne bien." Elle a récemment embauché deux femmes pour les postes de directrice d'exploitation du casino et directrice de la restauration. Elles ont rejoint la directrice d'exploitation de l'hôtel et celle des ressources humaines. "J'aime m'entourer de gens directs, avec qui il est simple de travailler. Ce n'est pas une question de sexe, mais de personnalité et de compétences", explique la directrice générale. "Il faut une générosité naturelle pour exercer ce métier qui déploie des problématiques de gestion dans un univers glamour." Un métier que Patricia Legros aime aussi "pour sa diversité".
Publié par Emmanuelle COUTURIER