L'Hôtellerie Restauration : Hormis les tensions économiques actuelles, de quoi le marché souffre-t-il ?
Olivier Colin : La marché pâtit d'un l'allongement des délais. Auparavant, on comptait environ trois mois entre le compromis et la signature définitive ; aujourd'hui le délai prend le double voire le triple de temps selon les cas. La signature de l'acte définitif est souvent conditionnée à la résolution d'une succession de problématiques impliquant chacun des intervenants : le vendeur voudra valider l'estimation de sa plus-value ou un partage familial, l'acquéreur obtiendra une offre de crédit conditionnée à l'obtention plusieurs garanties faisant appel à d'autres intervenants - BPI, compagnie d'assurance, famille... -, l'expert-comptable voudra valider plus précisément un point du bilan, le notaire demandera des éclaircissements sur un aspect du dossier... Une cession de fonds est devenue d'une complexité administrative telle que de négociateurs en cession de fonds, nous sommes devenus de véritable médiateurs chargé de régler une à une ces problématiques. En parallèle, cet allongement du processus de vente impacte notre trésorerie et fragilise notre activité.
Cet allongement des délais fait-il baisser les prix ?
Non, mais cela ajoute une pression supplémentaire pour le vendeur, qui doit maintenir le même niveau d'activité pendant plus longtemps. Ce qui agît sur les prix, ce sont surtout la rentabilité et la frilosité des banques. Aujourd'hui, il y a peu d'acquéreurs capables d'acheter au prix souhaité par les vendeurs. De sorte que nous rentrons souvent des affaires à prix moyen de trois fois l'EBE, qui se vendront finalement deux fois l'EBE.
Qu'en est-il du nombre de cessions de fonds ?
Leur volume a diminué et nous constatons un regain d'intérêt pour le droit au bail. Ceci notamment à la suite de commerces ayant mis la clé sous la porte. Les ventes murs et fonds sont devenues rares car peu encouragées par les banques. Le secteur de la sandwicherie, qui s'était bien développé et se démarquait encore par son potentiel de rentabilité, arrive selon moi à saturation dans notre secteur géographique.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON