du 20 décembre 2007 |
VIE PROFESSIONNELLE |
POUR APPRENDRE UN "VRAI MÉTIER" CONFORME À LA STRATÉGIE DU GROUPE
Les GO du Club Med se ressourcent à Vittel
Pour l'organisation de son 2e Campus, le Club Méditerranée a convoqué dans la ville d'eau plus de 250 'Gentil Organisateurs' du monde entier, venus suivre la formation nécessaire pour mettre en place la nouvelle stratégie du Club. Un bouleversement total des méthodes et des cultures et un apprentissage de 'vrais métiers' pour tous.
Yves Lebond et Gilbert Thibaut. |
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C'est en 2006, lors de l'assemblée générale du groupe, que le président du Club Med, Henri Giscard d'Estaing, lançait 'Cap sur l'incomparable', la nouvelle stratégie, fondée sur un triptyque de nouvelles valeurs : haut de gamme, convivialité et multiculturalité. Finie la familiarité des années 1970. "Désormais, on personnalise la relation au client, on lui offre le maximum de choix, mais c'est lui qui décide", déclare Yves Lebond, directeur des marchés Afrique et Asie. Mais pour atteindre ces résultats, encore fallait-il modifier totalement les comportements en interne. Un projet d'envergure, nommé 'Magellan', mené tambour battant par la direction des ressources humaines, avec un double objectif : former le personnel en place à de nouveaux métiers (d'où la création du Campus à Vittel), et assurer la mise en place de parcours professionnels, d'intéressements, d'entretiens d'évaluation réguliers. En 2007, pour la deuxième édition, ce sont donc 2 000 personnes (soit 10 % des effectifs totaux !) qui se sont réunies, pendant un mois, autour de 11 formateurs extérieurs au Club de Vittel, dans les salles de la Villa Trigano transformées en salles de classe. À leur disposition, matériel informatique le plus récent, laboratoires de cuisine et de pâtisserie… Bref, toute une structure pour permettre aux élèves d'apprendre 'un vrai métier' et non plus de se conduire en Gentils Organisateurs.
Améliorer l'offre en restauration
C'est surtout dans le domaine
de la cuisine que la marque aux tridents a décidé de porter ses efforts.
Aujourd'hui, avec la volonté du Club de monter en gamme, les traditionnels
gigantesques buffets n'ont plus leur place. Il faut au contraire développer
une restauration appropriée, destinée à une clientèle plus
exigeante. Or, les tendances actuelles vont surtout vers une cuisine plus équilibrée,
utilisant des matières premières élaborées, jouant sur des petites
portions et proposant des services à horaires décalés. "Aujourd'hui,
on veut pouvoir être servi à toute heure de la journée", précise
Yves Lebon. De plus, le goût est au mélange des nouvelles saveurs, des
épices les plus douces aux plus exotiques… N'est-ce pas d'ailleurs un
atout pour le Club qui veut miser sur cette multiculturalité ?
Pour professionnaliser les savoir-faire
dans le domaine de la restauration, le Club s'est entouré de cabinets extérieurs
spécialisés. C'est
ainsi
qu'on voit intervenir Jean-Michel Fraisse, un Français émigré
en Malaisie, qui travaille également pour de grandes chaînes internationales,
mais aussi des personnalités comme Jean-François Arnaud, MOF
pâtissier 2000… La formation se passe dans les 110 m2 de
la cuisine de Vittel, opérationnelle quasiment 24 heures sur 24, plusieurs
équipes se relayant pour préparer les repas certes, mais aussi pour s'entraîner
tous les jours aux nouvelles techniques. Et ce n'est pas simple quand on travaille
avec dix nationalités en même temps. D'ailleurs, pour le chef Gilbert
Thibaut, le management est certainement la plus grande des difficultés
: "Nous changeons de village toutes les saisons, il faut donc s'adapter aux équipes,
et vice versa. Mais le Club nous offre, en tant que chefs, de vraies opportunités.
Songez donc : ici, je travaille avec une équipe de 62 personnes, et je gère
un budget de 19 millions d'euros par an. À 35 ans, que demander de mieux
!"
Innovation et créativité
encouragées
Parallèlement, un véritable
système de 'recherche de talents' a été mis en place dans tous les
villages et à tous les niveaux. Les entretiens d'évaluation sont faits
tout au long de l'année. Lorsque certains sont identifiés comme étant
à 'fort potentiel', ils sont propulsés par le Club pour être,
petit à petit, confrontés à de plus grandes responsabilités.
Et pour couronner le tout, le Club permet à ces 'jeunes pousses' de se perfectionner,
en intégrant des cursus de formation par alternance. Des partenariats ont été
passés avec certains organismes comme l'université de Paris XII Val-de-Marne,
pour le management des villages, mais aussi avec Enofor pour l'hôtellerie
et la restauration, et d'autres sont en vue. Toutes ces formations sont, bien entendu,
prises en charge par le Club.
Enfin, l'innovation est au coeur
de la nouvelle politique du groupe. Pour séduire la nouvelle clientèle
haut de gamme, le Club renforce
l'esprit
de créativité au sein de ses équipes. Entre les cours, des 'bulles
de créativité' sont organisées au sein du Campus et des boîtes
à idées sont mises à la disposition de tous dans les villages.
De nouveaux métiers apparaissent, notamment dans les services plus, où
l'on a vu se développer les 'tables coup de coeur' qui font un tabac.
En adoptant cette nouvelle stratégie et passer,
comme le souligne Yves Lebond, "d'une approche de masse à une approche
de valeur", il a fallu investir environ 1 milliard d'euros, surtout dans la
rénovation des villages. Mais ce nouveau positionnement haut de gamme peut
s'avérer risqué. En effet, la marque aux tridents se met directement en
concurrence avec de redoutables challengers que sont les resorts américains
et asiatiques comme les marques Shangri-La, Marriott, Mandarin Oriental…,
déjà bien placées sur ce créneau. Mais le Club s'appuie sur
son joker : une réputation de convivialité, de gentillesse et de qualité
d'accueil reconnue universellement. À lui donc de la conserver.
Évelyne
de Bast zzz36v
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L'Hôtellerie Restauration n° 3060 Hebdo 20 décembre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE