du 5 juin 2008 |
SECRETS DE CHEF |
Depuis trois ans, Cyril Lignac consacre son temps à son restaurant, Le Quinzième à Paris. Son émission hebdomadaire, 'Chef, la recette' sur M6, lui demande trois jours de tournage tous les deux mois. Il supervise le bimestriel 'Cuisine by Cyril Lignac', en kiosque depuis plus d'un an (tirage : 140 000 exemplaires). Et côté livres de cuisine, le succès est aussi au rendez-vous. Pour autant, le cuisinier ne se laisse pas griser. Il n'a qu'une envie, se perfectionner, apprendre, en un mot : avancer. "Le temps est mon meilleur allié", se répète le tout juste trentenaire qui n'oublie pas non plus que "tout peut s'arrêter demain".
Propos recueillis par Nadine Lemoine
Photos et recettes
extraites de l'ouvrage Chef, de
Cyril Lignac aux Éditions Hachette Pratique
Photo
de une : Philippe
Vaurès-Santamaria
Recettes : Emmanuel Turiot (styliste)
Mickaël Roulier (photographe)
CYRIL LIGNAC - LE QUINZIÈME À PARIS
"Je suis de la veine des gens qui avancent"
L'Hôtellerie
Restauration : S'il
ne fallait retenir qu'un plat parmi vos créations ?
Cyril Lignac
: La sole. Depuis trois ans,
ce plat est à la carte. Les gens reviennent pour le manger. Il a beaucoup
évolué dans le temps, mais a gardé la même appellation : Les
filets de sole rôtis, purée de pommes de terre légèrement vanillée,
foie gras et jus de viande acidulé. Aujourd'hui, le plat se présente sous
la forme d'un tube de sole avec une farce aux morilles, foie gras et champignons
sauvages. C'est tout simple.
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Le plat que
vous auriez aimé inventer ?
Le Gargouillou de légumes
de Michel Bras, parce que c'est un Aveyronnais, un homme exceptionnel et que c'est
une vraie création. Il y a aussi les Tomates aux 12 saveurs d'Alain Passard.
Ce plat, je le connais par coeur. Je le préparais, quand je travaillais à
L'Arpège.
Le repas le
plus éblouissant ?
Il y a eu pour moi deux grandes
rencontres. À 18 ans, j'étais au lycée hôtelier, je me suis
payé mon premier menu dégustation au Vieux Pont à Belcastel (12).
J'ai eu le déclic. Le lendemain, j'y suis retourné pour leur demander
de me prendre en apprentissage. J'ai passé deux ans là-bas. Nicole Fagegaltier,
c'est comme ma maman dans le métier. Si je ne l'avais pas rencontrée…
La seconde, c'est Éric Fréchon.
En
goûtant sa cuisine au Bristol, j'ai eu un vrai choc, une révélation.
À tel point que ça m'a fait changer mon univers. Ça m'a donné
envie d'une cuisine plus gourmande, plus bourgeoise, qui prend moins de risques
aussi. C'est quelqu'un que j'admire énormément, à qui j'ai demandé
des conseils. C'est devenu un ami.
À l'étranger
?
J'ai très peu voyagé.
Au fond, je suis assez chauvin. Je viens de la campagne et, avec tous les merveilleux
produits dont on dispose en France, je n'en ressens pas le besoin. Je citerai Al
Fasia, un restaurant de Marrakech où l'on déguste une cuisine marocaine
chaleureuse et gourmande, réalisée par des femmes.
Qu'est-ce
qui vous agace le plus ?
Je suis de la veine des gens
qui avancent. Je n'ai jamais critiqué personne, ni envié la réussite
de qui que ce soit, car elle n'est que le résultat du travail. Ça n'arrive
pas tout seul. Alors, c'est vrai que ça m'agace que certains se permettent
de critiquer, souvent sans connaître. L'injustice et la mauvaise foi, je n'arrive
pas à le supporter.
La critique
qui vous a le plus marqué ?
Quand j'ai ouvert Le Quinzième,
il y a trois ans, une certaine presse s'est acharnée. On pouvait lire : "Ce
ne sera qu'un feu de paille", "Ça va retomber comme un soufflé"…
Ils avaient condamné le
restaurant dès l'ouverture. J'ai vécu ça comme une véritable
injustice. Mais ce n'est pas la presse qui fait ou défait un restaurant, ce
sont les clients. Et le restaurant marche très bien.
Le plus beau
compliment ?
Quand les gens me disent :
"On ne s'attendait pas à quelque chose d'aussi bon. On a passé un super
moment." Ils ont l'image des plats simples qu'ils voient à la télévision
et ils sont surpris de ce qu'ils découvrent au restaurant.
Le secret
de la réussite ?
Une remise en question perpétuelle,
le travail, l'exigence et ne penser qu'à ça… Quand on vit sa
passion pleinement, on ne vit que pour elle. Après, la réussite…
Il faut garder à l'esprit que tout peut s'arrêter demain. Et puis,
c'est quoi la réussite ? Aujourd'hui, je fais ce que j'aime et j'ai encore
beaucoup de travail à accomplir.
Votre plus
grand rêve ?
Continuer à vivre de
ma passion et me lever tous les matins en me disant : "Quelle chance j'ai",
en toute humilité.
Le Quinzième,
Cuisine Attitude
14 rue Cauchy
75015 Paris
Tél. : 01 45 54 43 43
restaurantlequinzieme.com
LES GRANDES DATES DE CYRIL LIGNAC
5 novembre 1977
Naissance
à rodez (12)
Septembre
1994
Entrée
à l'école hôtelière de Villefranche-de-Rouergue (12)
Juin
1996
BEP-CAP
cuisine
Juin
1997
BEP-CAP
pâtissier glacier chocolatier
Septembre
1998
Rencontre
avec Nicole Fagegaltier à Belcastel (12)
Octobre
2000
Rencontre
avec Jacques et Laurent Pourcel
Novembre
2004
Rencontre
avec Éric Fréchon
Janvier
2005
Ouverture
du restaurant Le Quinzième à Paris
Mai
2005
Premier
ouvrage de cuisine, 'Cuisine Attitude'
CHEF
80
recettes Star de la télé,
star de l'édition aussi : Cyril Lignac s'approche à grands pas de
la barre du million de livres de cuisine vendus. Chef, 80 recettes, son tout
dernier ouvrage, occupe une place à part. "J'ai travaillé un an et
demi dessus. On y trouve des recettes du Quinzième, mais aussi des plats de
l'Aveyron, familiaux…
Quatre-vingts
recettes, simples ou élaborées, en six chapitres qui sont autant de clefs
pour cerner l'homme : générosité, simplicité, émerveillement,
famille, exigence et audace. |
Recettes extraites de l'ouvrage 'Chef'
Crème de panais, émulsion
de châtaignes, gambas grillées
Carré
d'agneau en croûte d'épices, condiment abricot-safran
Crémeux
et shortbread au chocolat, compotée d'ananas vanillée
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L'Hôtellerie Restauration n° 3084 Hebdo 5 juin 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE