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C

omme beaucoup de fils de

restaurateurs,

Guillaume

Buecher

a tôt traîné ses

guêtres en cuisine comme en salle.

“Mes parents ont créé l’auberge

Frankenbourg en 1985

[à La Van-

celle, Bas-Rhin, NDLR].

Le restau-

rant, c’était la garderie. On s’occu-

pait des tâches ingrates, la vaisselle,

la pluche. On râlait, bien sûr, quand

on voyait les autres enfants jouer

dehors,

se souvient Guillaume Bue-

cher

. Mais, avec le recul, c’était une

belle initiation au métier.”

Le jeune garçon a un temps pensé

passer derrière les fourneaux et de-

venir pâtissier. Il avait 12 ans à l’époque.

“Mais ce n’était

pas pour moi. Plutôt que de me salir les mains, je préférais la

tchatche. J’avais besoin de contact humain. Et j’ai toujours

aimé m’apprêter. Je préférais au tablier de chef pâtissier,

l’élégance des métiers de la salle”,

sourit-il. Aujourd’hui, à

34 ans, c’est d’ailleurs en chemise, cravate et souliers tou-

jours brossés qu’il œuvre à l’auberge Frankenbourg en tant

que directeur.

Le déclic, il l’a eu lors de son stage de 3

e

, au Vieux Couvent

à Rhinau, étoilé familial tenu par

Jean

et

Alexis Albrecht

.

C’est là, élève au Cefppa d’Illkirch-Graffenstaden, qu’il

effectue son apprentissage, avant de se frotter à deux res-

taurants strasbourgeois alors triplement étoilés : le

“très

codé”

Crocodile et le

“plus décontracté”

Buerehiesel où il

reste respectivement un an et quatre ans.

Là, il fait la rencontre de deux hommes :

le

“doux et patient”

Gilbert Mestrallet

,

sommelier de

Monique

et

Émile Jung

, et

Pierre Walch

, alors le directeur du Buere-

hiesel. Deux personnalités fortes qui lui

ont

“montré la voie”

et appris

“la rigueur et

la spontanéité”

qu’il met en œuvre à l’au-

berge Frankenbourg.

“Une certaine décontraction”

Depuis 2008, le trentenaire forme avec son

frère, Sébastien Buecher, chef étoilé depuis 2005, un

duo d’aubergistes dynamiques dans un petit village de

400 âmes du Val d’argent.

“On a la chance d’avoir des ca-

ractères opposés. Sébastien est impulsif, spontané. Je suis

plus calme, réfléchi. Et, l’avantage, c’est qu’il y a toujours

une porte entre la salle et la cuisine.”

D’années en années,

les frères ont entièrement rénové et agrandi l’auberge de

leurs parents, apportant une touche de modernité.

Dans la salle de 50 couverts, habillée d’une charpente en

bois clair, Guillaume Buecher a apporté un soin tout par-

ticulier aux arts de la table. Depuis cinq ans, il collabore

avec la céramiste

Barbara Lebœuf

. Elle signe l’intégra-

lité de la vaisselle.

“Les clients la touchent, la caressent,

une vraie intimité se crée avec la porcelaine,

souligne le

directeur.

J’ai voulu créer un intérieur épuré, immaculé,

pour mettre en valeur la nature sur laquelle s’ouvre le res-

taurant.”

Avec son équipe de sept personnes, Guillaume

Buecher propose

“un service contemporain avec un pied

dans la tradition […]. J’aime les restaurants où règne une

certaine décontraction. Je déteste l’arrogance. Qu’un em-

ployé éclate de rire avec un client, cela ne m’embête pas.

J’aime cette proximité. Je m’ennuie quand le service est

trop caricatural. Il faut laisser le tempérament de chacun

s’exprimer tout en s’appuyant des bases solides, apporter

des renseignements précis, clairs, sans pour autant donner

la couleur de la veste du fermier avec lequel on travaille.”

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L’Hôtellerie Restauration

N° 3524 - 10 novembre 2016

SERVICE EN SALLE

Sonia

de Araujo

www.lhotellerie-restauration.fr/publications/sonia.dearaujo

LA VANCELLE

Après s’être frotté à deux restaurants d’excellence, Guillaume Buecher, 34 ans,

a repris en 2008 avec son frère Sébastien, chef étoilé, les rênes de la maison familiale :

l’auberge Frankenbourg, dans un petit village de 400 âmes.

Guillaume Buecher,

“Un service contemporain

avec un pied dans la tradition”

Guillaume Buecher

, travaille aux côtés

de son frère, le chef

Sébastien Buecher

,

à l’auberge Frankenbourg.

Pour

Guillaume Buecher

, la qualité la plus importante des métiers

de la salle est la disponibilité.

“Elle se fait de plus en plus rare dans les

commerces, même les plus luxueux, et pourtant elle est fondamentale.

Bien sûr, savoir bien découper un poulet est nécessaire, mais les écoles

hôtelières devraient mettre l’accent sur la disponibilité, l’écoute, la

gentillesse.”

LA DISPONIBILITÉ,

“UNE QUALITÉ

INDISPENSABLE”