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Les hauts et les bas de l’Argentine

Conjoncture - jeudi 7 octobre 2010 11:26
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Buenos Aires (ARGENTINE) Après une année 2009 très difficile, l’Argentine reprend des couleurs. Placée sous les projecteurs du rallye Paris Dakar en 2009 et 2010, elle continue d’attirer les professionnels de l’hôtellerie restauration. Avec son lot de promesses et de risques.



Buenos Aires, les chutes d’Iguazú, ses vins récoltés au pied de la Cordillère des Andes, l’âpreté de ses paysages patagons ou encore ses trente-quatre parcs nationaux : l’Argentine fait rêver. Depuis la dévaluation du peso en 2001, la patrie du tango est devenue une destination prisée, où le tourisme représente environ 8 % du PIB. “ Riche en histoire, en culture, en divertissements, en nature et en gastronomie, l’Argentine possède une offre attractive et variée. Cette destination ‘professionnelle’ comprend un grand potentiel de croissance”, déclare Carlos Vogeler, représentant régional des Amériques au sein de l’Organisation mondiale du tourisme. Les autorités locales comptent d’ailleurs jouer sur cette diversité afin de positionner l’Argentine parmi les acteurs majeurs du secteur touristique en Amérique latine à l’horizon 2016. Selon la Mission économique de Buenos Aires, les centres de conventions, le tourisme vitivinicole, l’hôtellerie de luxe et les croisières sont autant de “niches exploitables présentant de bonnes opportunités d’affaires”. “Ces dernières années, les boutique-hôtels se sont multipliés à Buenos Aires : les ouvertures sont allées plus vite que la demande, le marché va s’épurer. En revanche, il existe un vrai besoin d’hôtels normés dans les grandes villes argentines”, estime Yves de Ricaud, chef du Service économique régional pour le Cône Sud. Le Novotel Buenos Aires, par exemple, ouvert en septembre 2009, illustre le succès de ces hôtels normés et novateurs. “Notre produit 4 étoiles, décoré par Natacha Froger, est d’une qualité supérieure à certains des hôtels 5 étoiles parfois vieillissants de la capitale, note Paul Barthe, directeur adjoint de l’établissement. C’est sans doute pourquoi, dès le deuxième mois d’ouverture, nous avons atteint 75 % de taux d’occupation.”

Buenos Aires, le “New York latino”

Côté restauration, “Buenos Aires est le New York latino, la ville qui ne dort jamais”, estime Pascal Bernard, le jeune directeur du relais gourmand La Bourgogne. “Les Argentins n’ont pas confiance dans l’épargne, dans le système bancaire. Ils préfèrent dépenser en sorties, en voyages... Certains déjeunent au restaurant tous les jours, midi et soir. Même en temps de crise, j’ai vu des établissements pleins !”, poursuit Toufic Reda, fondateur du restaurant franco-japonais Tô. Durant les dix dernières années, le nombre de restaurants est allé crescendo dans la capitale, aiguisant la concurrence. “Il y a de plus en plus de produits disponibles, d’intérêt pour la gastronomie et de restaurants à Buenos Aires. Aujourd’hui, pour réussir, il faut vraiment se différencier”, souligne Jérôme Mathe, à la tête du Café des Arts. Ce contexte n’empêche pas ce dernier et son associé, le célèbre Jean-Paul Bondoux, de multiplier les ouvertures et les missions de consultants dans le pays.

Les montagnes russes

Attirante, l’Argentine peut aussi s’avérer risquée. “Ce sont les montagnes russes d’un point de vue économique. Après la crise terrible de 2001 et 2002, l’Argentine a connu une forte croissance. 2009 a été une mauvaise année avec une chute phénoménale du tourisme, en raison de la crise internationale et de la grippe H1 N1, mais l’Argentine repart déjà”, observe Vincent Chevalier, ‘serial entrepreneur’ présent depuis une vingtaine d’années dans le pays. La restauration a particulièrement souffert, et de nombreux établissements ont dû mettre la clé sous la porte. “L’Argentine peut être imprévisible : le cadre juridique est fluctuant, les taux des crédits sont exorbitants, l’environnement politique est gangrené par la corruption, l’inflation est forte et les loyers peuvent augmenter du jour au lendemain”, déplorent Baptiste Renault et Frédéric Foucher qui ont récemment fermé leur restaurant Le Cosmopolitain. “Il faut avoir les reins solides”, résume Pascal Bernard. Les hauts et les bas de l’Argentine ne doivent pas pour autant décourager les initiatives, insiste Yves de Ricaud : “Il y a des créneaux à prendre, les Argentins étant amateurs de bonne chair et de nouveaux concepts. Mais il faut que les professionnels fassent des études de marché au lieu de se lancer sur un coup de tête.”
Violaine Brissart

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