“Le problème, ce n’est pas le Brexit, c’est la pandémie”, annonce d’emblée Pierre Nouchi, président de l’Umih du Pas-de-Calais et vice-président de l’Umih des Hauts-de-France. “Les Anglais venaient chez nous avant le Brexit. Rassurez-vous, ils reviendront après.” Et il insiste : “Vivement que l’on se débarrasse de ce maudit virus. Parce qu’en ce moment, on ne les voit plus nos amis Anglais !”
Alors pourquoi autant d’optimisme pour la suite ? “Les Anglais adorent la France et tout particulièrement, notre région”, assure-t-il, fort d’une expérience de plusieurs décennies comme hôtelier-restaurateur sur la côte d’Opale. “C’est une clientèle très implantée, qui a ses habitudes. Par exemple, ceux qui viennent jouer au golf au Touquet sont très fidèles Ils continueront de venir, Brexit ou pas Brexit. Et puis aussi ceux qui aiment la ville de Montreuil, la baie de Somme…”
Quel niveau pour la livre ?
Pour Pierre Nouchi, les règles imposées par le Brexit depuis janvier 2021 n’auront aucun impact sur la fréquentation de la clientèle anglaise. “Ils devront juste présenter un passeport. Rien de plus”, balaye-t-il d’un revers de main. Et l’enjeu est de taille. À eux seuls, les sujets de sa Majesté représentent 60 % des touristes étrangers qui réservent des chambres d’hôtel dans les Hauts-de-France. Un pourcentage confirmé par Marc Meurin, le chef doublement étoilé qui vient de céder le Château de Beaulieu, un hôtel 4 étoiles de vingt chambres, situé à Busnes (Pas-de-Calais). “Notre clientèle anglaise était très régulière, confirme-t-il. En général, ils restaient deux ou trois jours, avant de se rendre dans le sud de la France. Et on les revoyait au retour.”
Pour Pierre Nouchi, le Brexit pourrait tout de même avoir une petite influence pour cette clientèle qui ne lésine pas sur la dépense. “On va voir comment la livre sterling évolue. Mais lorsqu’elle aura retrouvé son niveau d’antan, ils reviendront en masse.” En revanche, il s’interroge sur la clientèle de passage. Notamment, ces bus de jeunes Anglais qui passaient la journée à Calais, souvent pour faire le plein d’alcool. “On ne voit plus les bus, déplore-t-il. Mais c’était déjà comme ça avant la pandémie. Les compagnies de ferry favorisent le transport de fret.”
Faire revenir les 'Day Trippers'
Pierre Nouchi est donc clair sur le combat qu’il entend mener. Le responsable de l’Umih se souvient bien que jusqu’en 1999, le Calaisis a connu le temps béni du duty free. Ces 'Day Trippers' (voyageurs pour la journée), comme on les appelle, faisaient le bonheur des compagnies maritimes, mais aussi celui des commerces et des restaurateurs.
“Il faut recréer ces espaces sans TVA”, assure Pierre Nouchi. Sur les bateaux, c’est bien, mais aussi au niveau du Tunnel, comme le souhaite le président de l’Umih 62. Et il n’est pas le seul. “La concession Eurotunnel de Coquelles n’a pas eu d’autorisation pour organiser à nouveau ces ventes”, s’inquiète le secrétaire général FO Eurotunnel. “Dans quelques semaines, nos clients ne pourront pas bénéficier de ces ventes qui représentaient, en 1999, plusieurs dizaines de millions de francs. Beaucoup de commerçants s'en souviennent avec nostalgie ! Il ne s'agit pas de pointer du doigt les compagnies maritimes et les ports qui ont reçu l'autorisation de mettre en place le duty free, mais tout simplement de pouvoir, avec les mêmes armes commerciales, proposer à nos clients les mêmes offres et contribuer ainsi à la sauvegarde de nos emplois.”
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Publié par Pour Aletheia Press, Benoît Dequevauviller
vendredi 14 mai 2021