Ils ont quitté la restauration mais y sont revenus

Quel restaurateur n’a pas déjà pensé à la reconversion ? Certains franchissent le pas… et reviennent parfois à leur amour de jeunesse. Ils nous expliquent pourquoi.

Publié le 29 octobre 2024 à 10:30

Salaires trop bas, horaires à rallonge, vie de famille déséquilibrée… On le sait la restauration réclame de nombreux compromis professionnels comme personnels. Pourtant, certains décident de revenir dans le secteur après l’avoir quitté.

 

Caroline Gaunée Nicaise : “J’avais envie de faire plaisir aux gens”

Cuisinière à L’Inattendu, à Vouécourt

“Je suis entrée dans la restauration il y a 28 ans, pour mon premier job d’été, qui s’est poursuivi en CDI. Malheureusement, j’ai dû le quitter à la suite d’un harcèlement sexuel. J’ai immédiatement rebondi et j’ai travaillé en usine pendant 25 ans.

En avril dernier, une connaissance et son amie ont décidé de reprendre le petit restaurant de la commune. Connaissant ma réputation de bonne cuisinière et mon expérience en restauration, elles m’ont proposé de les aider pendant les week-ends. Puisque que mes filles sont grandes, j’ai décidé d’accepter tout en continuant mon travail à l’usine. Un mois après l’ouverture, il y avait tellement de clients, que j’ai été embauchée à temps complet.

Au début, j’ai dû retrouver mes marques, d’autant que mes deux patronnes ne sont pas issues de la restauration. Mais faire plaisir aux gens, leur faire découvrir des petits goûts inattendus, c’est ce qui me fait le plus plaisir. Et surtout, le contact humain m’avait vraiment manqué.”

 

Vincent Mével : “On peut quitter la restauration mais on peut aussi y revenir”

Auberge de la dame Jouanne - Le Chalet Jobert, près de Fontainebleau

“Je suis entré en restauration très jeune. Avec mon épouse, on faisait des saisons ensemble, et ensuite j’ai travaillé pour les restaurants IKEA. Puis, on a décidé de changer de vie et d’ouvrir une épicerie fine-cave. Ça a duré quinze ans. Cela nous a permis de voir autre chose que le métier de la restauration, et c’était mieux pour élever les enfants.

On est passionnés par le métier, on a toujours su que nous allions revenir dans la restauration. Alors une fois nos enfants adultes, on s’est décidés et on a repris un établissement dans la forêt de Fontainebleau. Ce qui m’a le plus manqué, c’est le rythme, c’est grisant. J’ai 60 ans, l’adrénaline ça maintient en forme ! Et puis, je trouve ça agréable d’être en dehors du rythme de la société, de travailler le week-end et en décalé. Aujourd’hui, la restauration, c’est une affaire de famille, nos trois enfants y travaillent et notre gendre officie même en cuisine. ”

 

Régis Lorteau : “Le coup de jus des services me manquait”

Le Phare, aux Sables-d’Olonne

“En 2020, lors de la pandémie du Covid, nous avons été mis au chômage. Heureusement, on pouvait cumuler un petit emploi à côté, donc j’ai fait de l’intérim. Il n’y avait pas de possibilité d’évolution dans le restaurant où je travaillais et l’agroalimentaire me plaisait, on était mieux payés qu’en cuisine. Mais professionnellement, je ne me suis pas épanoui. Je n’avais plus le contact client, je n’avais pas autant d’amusement avec les collègues, et le “coup de jus” des services me manquait.

Puis un jour, le restaurant où je travaillais avant a été repris par un copain qui m’a proposé de revenir dans l’équipe. On a discuté des conditions et de nos envies et on est tombé d’accord. J’y suis retourné en juillet dernier et c’est génial !”

 

David Ripetti : “J’ai retrouvé un équilibre”

La Marmite de l’Échanson, à Leynes

“En 2018, après avoir travaillé l’hôtellerie de luxe en tant que directeur sommelier, directeur de la restauration et directeur d’hôtel, j’ai suivi mon épouse en Saône-et-Loire. Cela faisait trente ans que je travaillais dans ce secteur, que je n’avais pas de congés, que je ne passais pas Noël en famille, alors je me suis dit que c’était l’occasion temps de changer de voie.

J’ai essayé d’être agent de vin pour ne pas sortir complétement de ce milieu-là. J’ai passé neuf mois compliqués. Je ne me suis pas plu dans ce métier, le rythme ne me convenait pas. Le soir, à la maison, je tournais comme un lion en cage. Le métier me manquait, l’adrénaline du service me manquait. J’ai commencé à 16 ans, je n’avais connu que ça.

Par chance, un restaurant était à vendre dans mon village. J’ai racheté le fonds de commerce et aujourd’hui, je suis très heureux, j’ai retrouvé un équilibre.”

 

Julie Lesure : “J’avais plus de liberté”

Crousty’s en Martinique

“Durant cinq ans, j’ai été responsable d’un Indiana Café en Île-de-France et j’en avais deux autres en supervision. J’avais carte blanche, avec une grande liberté de décision. Mon conjoint a décroché un poste qui était intéressant et je l’ai suivi en outre-mer. C’était l’occasion de changer de vie, de lever le pied pour passer du temps avec mon petit garçon de 18 mois plutôt que de travailler 70 heures par semaine.

Je me disais que j’allais retrouver un travail facilement, dans l’hôtellerie notamment. Mais pas du tout. En Martinique, les salaires sont très bas et tout se fait grâce au réseau. Alors j’ai trouvé un poste dans un magasin de prêt-à-porter dans un centre commercial. L’objectif était de faire l’ouverture, puis de développer d’autres magasins en Martinique. Ça a duré un an, mais je m’ennuyais. Le quotidien était routinier, j’avais l’impression d’être un robot alors qu’en restauration, j’avais plus de liberté, de responsabilité et mon travail était nettement plus intéressant.

Entretemps, mon conjoint et moi, on s’est fait un peu de réseau et on a proposé mon CV. Et j’ai pu trouver mon poste de responsable multisites dans la restauration. Je commence mi-décembre !”


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Publié par Ingrid BOINET



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