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Édito du journal du 8-10-2009 : “La main et l’esprit”

Hôtellerie - mercredi 7 octobre 2009 09:40
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En intervenant à l’école hôtelière d’Avignon pour présenter son plan d’une ‘politique pour la jeunesse’, le président de la République a involontairement confirmé, et ce n’était manifestement pas son intention, la mésestime latente que les ‘élites’ éprouvent à l’égard de métiers considérés comme de seconde zone.

Le choix d’un établissement professionnel pour expliquer un plan fort détaillé destiné à “l’autonomie et l’orientation des moins de 25 ans” n’était bien évidemment pas fortuit, mais il est révélateur de la condescendance - involontaire mais réelle - de l’entourage présidentiel.

Les formes d’enseignement sont suffisamment diversifiées pour qu’un discours où il est question de “jeunes paumés”, “sans diplôme, emploi ni formation”, d’“assistanat”, de “décrochage”, et autres terminologies tout aussi peu valorisantes trouve sa place ailleurs que dans une école hôtelière. Certes, il était évidemment hors de question d’évoquer la jeunesse en difficulté dans un collège de jésuites, un lycée du Quartier latin ou une prépa à Normale sup.

Il n’empêche : l’enseignement professionnel ne mérite certainement pas cette alliance subliminale avec l’échec scolaire, l’impasse professionnelle, le “décrochage” de ceux dont “on perd rapidement toute trace” comme le regrette un conseiller - inspiré - de la présidence.

Manifestement, les (bons) esprits ne sont pas encore mûrs pour la révolution intellectuelle qui permettrait de considérer que l’enseignement professionnel est une voie qui conduit à la réussite dans tous les autres pays, sauf l’Hexagone.

Inutile de retracer ici les fulgurantes carrières de managers allemands ou américains qui débutèrent par l’apprentissage et, tels John Welch, finissent à la présidence de General Electric.

Mais il faut quand même évoquer le formidable ascenseur social que reste une profession où il est encore possible non seulement de trouver un emploi, mais de devenir entrepreneur sans être obligé de justifier un passage par une école de gestion ou une maîtrise en droit des affaires.

Encore une fois, le choix de Nicolas Sarkozy était bien évidemment inspiré des meilleures intentions du monde, et avant tout de la volonté d’envoyer un message à une jeunesse parfois déboussolée par les difficultés de l’heure.

Rappelons néanmoins que les écoles hôtelières jouent un rôle déterminant dans la formation à des métiers en fort développement et créateurs d’emplois pour de nombreuses années encore.

Quant à ceux qui ne jurent que par les écoles dites ‘grandes’, rappelons-leur la très belle devise de l’institution qui a fourni le plus gros contingent de prix Nobel à l’humanité, le célébrissime Massachussets Institute of Technology (où étudia naguère Gérard Pélisson, co-fondateur d’Accor) : “La main et l’esprit”.
L. H.

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