Un hôtel particulier du XVIIIe siècle dans le Vieux-Lille est déjà une merveille architecturale. Alors quand les lieux, auparavant habités par une famille, sont transformés en un hôtel 5 étoiles de 19 chambres, l'édifice prend une nouvelle dimension. L'affaire a été menée efficacement par un trio de femmes lilloises : Aurélie Vermesse, la nouvelle propriétaire des lieux, l'architecte Anne-Sophie Brettemieux (Dumortier Bettremieux à Marcq-en-Baroeul), chargée de revoir l'agencement des trois niveaux du bâtiment, et Sophie Lavigogne (SL décoration à Bondues), qui s'est occupée de la décoration intérieure.
Les trois femmes travaillent de concert, non seulement pour penser l'image que le futur hôtel devait renvoyer : un lieu accueillant chic et cosy mélangeant de façon subtile l'art contemporain et l'ancien, afin de ne pas dénaturer les lieux ; mais aussi sur le nom à lui donner et les couleurs dominantes : ce sera Clarance, un prénom féminin et bien français mais prononçable dans toutes les langues, et la couleur blanche, elle aussi signe de féminité.
Hommage aux Fleurs du mal
Le côté masculin est apporté par un poète, Charles Beaudelaire, et ses Fleurs du mal. Chaque chambre porte donc le nom d'un des poèmes de l'auteur et dispose d'une édition haut de gamme de l'oeuvre. Autre point commun des 19 chambres : elles possèdent chacune une cheminée différente, des menuiseries et des plafonds d'époque. À ce cocon ancien, Sophie Lavigogne a marié avec audace une décoration design contemporaine, avec du mobilier et des luminaires qu'elle a créé sur mesure et fait réaliser dans ses ateliers, et avec des oeuvres d'art qui apportent une touche excentrique. L'Albatros, le Cygne, le Balcon, le Flacon ou la suite Clarance s'ouvrent sur la cour privative ou sur le jardin et disposent toutes d'un coin bureau et d'une salle de bains avec douche à l'italienne. Certaines chambres peuvent communiquer pour se transformer en suite familiale et d'autres sont accessibles pour les personnes à mobilité réduite. La suite se niche sous les magnifiques poutres des combles, avec vue sur les toits de Lille.
Le bar et le restaurant ont été installés dans les trois salons aux boiseries XVIIIe intactes, dans lesquels une quinzaine d'oeuvres d'art contemporain, signées par des artistes de renommée internationale (Mehdi George Lahlou, Amir H Fallah, Takashi Murakami, Natacha Mercier, Adam Sultan ou encore Richard Meitner), ont toute leur place. Atouts supplémentaires : une bibliothèque d'époque avec son escalier en colimaçon, et un beau jardin à la française sous le clocher de l'église Sainte-Catherine. Deux pépites dans ce bijou lillois.
Publié par Emmanuelle COUTURIER