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Ruralité et développement durable : le sénateur-maire de Fleurance y croit, avec la profession pour alliée

Vie professionnelle - mardi 27 janvier 2009 07:39
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32 - Gers Le combat contre la désertification des zones rurales passe aussi par le développement durable. Raymond Vall, maire PRG de Fleurance et nouveau sénateur du Gers, initiateur de la Ferme des étoiles aux côtés d’Hubert Reeves et de Michel Cassé au début des années 90, défend une agriculture de précision, mais aussi le développement de nouveaux pôles scientifiques. Pour lui et depuis toujours, la restauration et l’hôtellerie sont parties prenantes. Entretien croisé avec André Daguin, président du conseil de surveillance de l’Umih. Et Gersois de souche.



André Daguin, président du conseil de surveillance de l'Umih, et Raymond Vall, sénateur-maire de Fleurance.
André Daguin, président du conseil de surveillance de l'Umih, et Raymond Vall, sénateur-maire de Fleurance.

Raymond Vall : Il y a quinze ans, avec Michel Cassé, Hubert Reeves et toi, André, nous avons décidé de lancer une manifestation qui permettrait aux gens de prendre conscience de l’état de la planète. L’astronomie, c’est aussi un regard sur notre planète. Nous voulions à la fois ‘vulgariser’ et montrer aux visiteurs que la planète était en danger et qu’il fallait cesser de la polluer. On voulait faire comprendre que chacun d’entre nous pouvait agir à son niveau, sur son territoire, dans ses activités. Nous avons créé un festival et la Ferme des étoiles. Nous voulions faire venir des touristes dans un lieu qui leur permettent de s’enrichir de l’astronomie et de l’exploration du ciel. À l’époque, Hubert Reeves était un des tout premiers à alerter l’opinion publique sur les problèmes de la planète.

André Daguin : Ces cris d’alarmes étaient ‘décalés’ par rapport à la position générale. Hubert Reeves passait pour un farfelu. Depuis, on sait qu’il avait raison…

R. V. : L’idée n’était pas de faire peur, mais de faire prendre conscience… On a d’ailleurs couplé astronomie et gastronomie.

A. D. : Vous avez dans l’assiette des atomes…

R. V. : En parallèle, nous avons créé le bio pôle de Fleurance. Un site à partir duquel nous allions pouvoir développer les productions ‘bio’ et leur transformation. Aujourd’hui, les produits ‘bio’ représentent 10 à 15 millions d’euros de chiffre d’affaires sur la commune. Cette démarche nous a amené à nous pencher sur l’agriculture intensive, qui peut amener des déséquilibres importants, notamment à cause des traitements entrants… Et nous avons mis en place avec le Cesbio (Centre d’études spatiales de la biosphère), un centre de recherche qui utilise les techniques satellitaires au profit d’une agriculture de précision. Grâce aux satellites et aux données recueillies, nous pouvons mieux gérer l’irrigation, connaître le niveau de chlorophylle des plantes… On voit ce que l’œil humain ne peut pas voir.
 
A. D. : Au sens propre comme au sens figuré.

R. V. : Ces données permettent de traiter mieux, plus tôt, plus vite et de manière moins agressive. Grâce aux images satellitaires anticipées, on sait aussi que dans dix ans, le climat du Sud-Ouest sera celui de l’Aragon aujourd’hui. On va devoir planter différemment.

A.D. : Il ne pleuvra pas plus, mais plus tôt dans l’année et plus longtemps. Il existe un certain nombre d’associations, comme Eurotoques, qui s’intéressent aux changements climatiques et aux incidences qu’ils auront sur les productions.

R. V. : Dans la viticulture, on va avoir des surprises importantes.

A. D. : Certains disent que dans cinquante ans, le grenache pourra pousser en Champagne.

R. V. : Le pôle d’application des techniques satellitaires mis en place utilise des satellites, dont les missions d’origine sont dépassées ou terminées. Il faut savoir qu’en vieillissant, les satellites perdent de l’altitude et ce sont eux qui permettent ce suivi des activités terrestres à un coût faible.

A. D. : Satellites d’occasion, recyclage, deuxième vie… Le Gers est en train de sauter du primaire au tertiaire. Et les possibilités sont nombreuses.

R. V. : En matière de durable, il faut trouver des données scientifiques valables et les transformer en données économiques utiles. Il faudrait pouvoir développer ces pôles d’application ailleurs, pour que la ruralité au sens large puisse en bénéficier. Cela amène aussi de l’activité : il faut former les personnes à la gestion de l’eau, à l’état des réserves naturelles…

A. D. : Des activités qui amènent de nouvelles clientèles pour les bistrots. Bon, d’accord, on n’accueille pas un ingénieur anglo-saxon de la même manière qu’on accueille un agriculteur.

R. V. : Il existe un facteur d’intégration. Il faut aussi construire un cadre culturel. Que ce soit la restauration, l’hôtellerie, les transports, tout le monde est concerné. Et puis, je voudrais insister sur le fait que les choses sont possibles. C’est une entreprise du Gers qui a construit le hall d’assemblage du A 380. Actuellement, je souhaite implanter dans le Gers la première centrale photovoltaïque de Midi-Pyrénées, sur 20 hectares, à Miradou. On a l’espace, mais pas l’infrastructure. Pour que le projet aboutisse, il faut notamment créer un raccordement aux lignes Edf et c’est cher et pas simple. On est à 14 habitants au km2 dans cette région.

A. D. : Au dessous de 10 habitants au km2, c’est la désertification.

R. V : En même temps, on est à 25 km d’une sortie d’autoroute. Il y a d’énormes décalages d’un lieu à un autre. En zone urbaine, on ne peut pas en implanter cette source d’énergie, sauf sur les toits. Le problème, chez nous, ce n’est pas le manque de place, c’est qu’il n’y a pas de lignes conductrices. Il faut les construire. Pour que le projet soit équilibré, il faudrait que l’État impose à Edf d’augmenter le prix d’achat du solaire, de l’aligner sur l’éolien par exemple. On est à 0,32 centimes le prix du kwa en solaire et 0,40 pour l’éolienne.

A. D. : Une route amène aussi des touristes, de la vie.

R. V. : Nous avons un rendez-vous historique dans la région avec l’implantation d’une gare TGV au sud d’Agen. En 2020, Toulouse sera à trois heures de Paris et Agen à deux heures. Dans cinq ans, Agen sera déjà à moins de trois heures et demi de Paris. La gare va générer une zone d’activité… Ces nouvelles infrastructures ont déjà des répercussions positives. Dans ma commune, j’ai un hôtel qui est fermé depuis dix ans et j’ai une candidature sérieuse à sa réouverture. Ce sont des professionnels qui anticipent. Et c’est rassurant pour l’avenir, non ?

Propos recueillis par Sylvie Soubes

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