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Pour Claude Daumas, président de la Fagiht, 2010 est une année de combat

Vie professionnelle - vendredi 13 août 2010 14:47
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Chambéry (73) Le principal syndicat de l'hôtellerie saisonnière pointe du doigt les risques encourus par le secteur. Pas de repos estival pour son président, Claude Daumas. Micro.



Le point sur la saisonnalité et la montagne avec Claude Daumas, président national de la Fagiht.
Le point sur la saisonnalité et la montagne avec Claude Daumas, président national de la Fagiht.

L’Hôtellerie-Restauration : C’est quoi, aujourd’hui, la montagne ?
Claude Daumas : Il y a, disons, trois grands types de stations. Celles de relativement basse altitude, qui se sont développées autour d’un village pour la saison d’été et se sont adaptées à l’hiver. On en compte une centaine, comme la Clusaz, le Grand Bornand. Pour elles, l’hiver est moyen et l’été intéressant. Deuxièmement, il y a les stations créées de toutes pièces sur des sites vierges comme Tignes, Val Thorens, avec de très bonnes saisons d’hiver et pas de saison estivale. Certains établissements sont ouverts et tournent au ralenti. Cela permet de fidéliser le personnel. Enfin, il y a des stations qui avaient - et c’est très particulier - de très belles saisons d’été, fréquentées par nos compatriotes des colonies. Ca a duré jusque dans les années 60. Je me souviens de l’établissement de mes parents qui ouvrait de Pâques à octobre. Lorsque nous l’avons arrêté, en 1998, l’été commençait le 14 juillet et se terminait le 20 août ! L’explosion des sports d’hiver a donné naissance à de nouveaux hébergements. En 1952, à Saint-François Longchamp, où je suis, il y avait 300 lits et 7 hôtels. Aujourd’hui, il y a 13 000 lits et 2 hôtels. Avec ce phénomène, les grands hébergeurs augmentent les prix l’hiver, les cassent à l’intersaison et les ‘sur cassent’ en été. Sachant qu’ils achètent aussi les forfaits de remontées mécaniques très en avance et qu’ils les couplent à l’hébergement l’hiver. On ne peut pas lutter contre ça. 

Comment se comporte la restauration ?
C. D. : La fréquentation n’a pas particulièrement baissé mais le ticket moyen s’est effondré. C’est flagrant cet été. Vous savez, les clients en sont à se partager une pizza à quatre… On constate également une réduction de l’offre. Il y a de moins en moins de restaurants traditionnels dans les stations, à l’exception bien sûr de Courchevel, Méribel ou Val d’Isère. On trouve des pizzerias, des crêperies, des sandwicheries. Les formes plus élaborées de restauration ne rentrent plus dans leurs frais. Quand un restaurant traditionnel fait un service, une pizzeria en fait trois… Je ne vous parle pas de qualité, car il y a d’excellentes pizzerias, mais d’une réduction des prestations, liée aux facteurs économiques.

Votre opinion sur la baisse de la TVA ?
C. D. : La TVA a arrangé les choses, à condition qu’on ne nous reprenne pas plus qu’on nous a donné. Ce que je regrette, c’est que le contrat d’avenir n’ait pas pris en compte les fonds propres du restaurateur. Nous avons remis dans le social la moitié de que nous a été accordé. Ajoutez à cela les embauches. Il faut aussi penser à l’entreprise, pour qu’elle ne disparaisse pas.

Confirmez-vous la baisse de fréquentation des hébergements hôteliers saisonniers cet été ?
C. D. : Les campings sont remplis, ce qui n’est pas le cas des hôtels qui doivent faire face, en outre, à une clientèle de dernière minute. Les hôtels sont souvent un complément lorsqu’une famille est en location et que des parents viennent pour deux ou trois jours. Mais dans ce cas là, la restauration ne bénéficie pas de cette clientèle. La meilleure clientèle, en ce moment, ce sont les motards. Ils ont besoin de confort le soir et au dîner. Ce sont beaucoup d’étrangers, en provenance de Suisse, d’Allemagne, des pays nordiques. Ce qui est dramatique, c’est que beaucoup de commerces et d’hôtels commencent à fermer l’été par le seuil d’équilibre n’y est plus. Nous n’avons pas le choix vous savez. 

A l’échelon national, quelles sont vos actions prioritaires ?
C. D. Nous avons longuement rencontré Jean-Luc Michaud, qui travaille à la rédaction du rapport demandé par le gouvernement dans le cadre de la loi sur le tourisme. Nous avons fait plusieurs proposions qui ont été bien accueillies parce qu’elle sont raisonnables. Actuellement, les hôteliers ne savent pas quels travaux entamer. Il y a l’échéance fin 2011 pour l’incendie, 2012 pour le classement hôtelier et 2015 pour l’accessibilité. On le sait parfaitement, si on applique la réglementation telle qu’elle a été formulée, 40% des hôtels vont disparaître. Sur le papier, les travaux sont presque toujours faisables. Mais dans la réalité, c’est impossible à mettre en oeuvre. Si l’Etat veut que les hôtels ferment, qu’il nous le dise en face. Au moins, on saura à quoi s’en tenir.

Vous êtes pessimiste ?
C. D. : Non, nous sommes dans un combat qui est juste et qu’il faut mener. Lorsque les pompiers passent dans un établissement, ils demandent le maximum. Or, il existe, selon les cas de figure, des aménagements à coût moindre et amplement suffisants. Il faut que ce soit l’hôtelier qui ait le choix des travaux. Imposer la solution la plus chère à tout le monde est absurde. Il est aussi nécessaire que la profession puisse siéger dans les commissions de sécurité. Nous devons pouvoir expliquer nos contraintes, que le débat soit ouvert et non à sens unique. Nous demandons d’ailleurs qu’il y ait une possibilité de faire appel des décisions. En ce qui concerne le handicap, il y a des bâtiments existants qui peuvent être modifiés. Mais, pour la plupart, le montant des financements est irréaliste. Nous avons proposé, que dans des périmètres à définir (quartier, village, avenue, etc.), l’on recherche les établissements qui se prêtent le mieux à ces adaptations et qu’on centralise sur lui les aides à l’aménagement pour qu’il puisse supporter la charge d’investissement. Nous voulons aussi la diffusion d’un guide pratique qui recense tous les établissements aménagés et que tous les accès pratiques (train, routes, transports en commun…) pour accéder à ces établissements soient indiqués. Et que dans les villes, qu’il y ait un vrai fléchage.

On reparle d’une modification du rythme scolaire…
C. D. : Nous sommes contre. C’est d’abord une remise en cause fondamentale des vacances d’hiver qui va créer des vacances à des périodes où le temps ne permet que très peu de loisirs. Bref, à part faire plaisir aux parcs d’attractions, je ne vois pas ce que cela va apporter. Les vacances d’hiver permettent aujourd’hui à tout le monde de s’y retrouver. 

Vous avez rencontré le député des Vosges, François Vannsson, à propos du rapport dont il a la charge sur les saisonniers de montagne.
C. D. : Nous sommes, à la Fagiht, opposés, par exemple, des immeubles d’habitation dédiés uniquement aux saisonniers. C’est refaire ce qu’on a fait avec les constructions en périphérie des grandes villes. Des concentrations. Il n’y pas une solution miracle, mais plusieurs solutions qui correspondent là encore à tel ou tel besoin. Vous savez, l’hôtellerie est la branche qui loge le mieux ses saisonniers. Et ça, on ne le dit pas ! Un autre sujet qui nous tient à cœur, c’est la formation. La bonne volonté du Fafih ne suffit pas. Et pourtant, ce qu’ils ont mis en place est judicieux. La formation des saisonniers est un vrai problème et il faut que le cadre évolue, qu’on accepte la spécificité saisonnière. Sans parler de la médecine du travail. Nous avons beaucoup d’entreprises dont les salariés n’obtiennent pas de rendez-vous ou en toute fin de saison. En Tarentaise, ce sont 15 000 personnes qui viennent travailler en saison et le système ne suit pas. Nous défendons l’idée d’un carnet de santé, avec une seule visite annuelle, que ce soit pour la saison d’été ou d’hiver.
Propos recueillis par Sylvie Soubes

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