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Édito du n°3241 du 9 juin 2011 : "Dans l'indifférence"

Vie professionnelle - mercredi 8 juin 2011 11:56
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Impossible d’ouvrir une gazette, d’allumer un téléviseur, d’écouter une radio ou de consulter un site web d’information sans avoir droit à l’écœurant déballage des ‘affaires’ qui semblent passionner les foules.

Il est vrai que nos excellences sont particulièrement en forme en ce printemps chaud et précoce. De l’incroyable feuilleton new-yorkais qui nous est proposé depuis trois semaines - et semble bien parti pour animer la chronique pendant des mois -, jusqu’aux rumeurs élégamment distillées par un ancien ministre au comportement pour le moins surprenant, sans oublier les vicissitudes d’un secrétaire d’État en butte aux accusations très précises d’anciennes collaboratrices, le citoyen “normal”, comme dit François Hollande, a de quoi méditer et commenter.

Hélas, cet affligeant déballage de supposées turpitudes, entre le nauséabond et le ridicule, occulte une réalité autrement dramatique qui mériterait autant, sinon davantage, d’attentions. Il ne s’agit pas ici de se livrer à une analyse des informations générales, mais la profession étant concernée par plusieurs faits de l’actualité, il est nécessaire d’essayer d’y réfléchir quelques instants.

Bien sûr, ce n’est guère le lieu de décortiquer le procès de DSK, même si le lourd contentieux engagé à son endroit risque de soulever quelques questions relatives à la gestion hôtelière dans sa délicate dimension des relations entre clients et salariés dans les établissements. Le fonds du dossier dépasse largement le Sofitel de New York, car il aurait pu se produire dans n’importe quel hôtel, y compris ailleurs que sur le territoire américain.

Mais le silence peut parfois être plus meurtrier que le bruit médiatique, par l’indifférence qu’il exprime cruellement.

C’était le 4 avril dernier, dans la ville d’Abidjan à feu et à sang à la suite de soubresauts d’une histoire trop tourmentée. Dans la fureur d’un début de guerre civile, le Novotel d’Abidjan fut envahi par un ‘commando’ des partisans du président déchu, mais décidé à garder le pouvoir, chargé (par qui ?) de s’emparer des journalistes descendus dans l’hôtel et qui étaient accusés d’avoir pris parti pour le nouvel élu.

Ce jour là, Stéphane Frantz di Rippel, retenez son nom, était à son poste de directeur du Novotel. Il fit face aux soudards qui exigeaient de connaître les chambres des représentants de la presse. Devant sa détermination à garantir la sécurité de ses clients, c’est lui, et trois de ses compagnons d’infortune qui furent embarqués vers un destin sans retour.

Stéphane Frantz di Rippel n’était pas le triste héros d’une affaire de mœurs ou de corruption médiatisée à outrance. Il se contentait de faire son métier et son devoir avec honneur et discrétion. On a retrouvé son corps torturé au fond de la lagune ivoirienne. Pour sa compagne, ses filles et sa famille, l’indifférence ne saurait atténuer leur douleur.

L. H.

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