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Les bar-bars naviguent par grand vent entre zinc et culture, et ça marche

Vie professionnelle - mardi 25 octobre 2011 08:37
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Nantes (44) Etre lieu de vie et de culture, revendiquer des origines « caf' conç », défendre ces valeurs et les porter tel un étendard : ce sont les 'bar-bars'. Le collectif est né à Nantes. Aujourd'hui, il rassemble plus de 400 bistrots sur l'ensemble du territoire. Mouvement de fond.



Au Cul de Poule, on vient pour l'ambiance détendue, les petits plats mijotés, le grand zinc, les pièces de théâtre et les soirées d'improvisation. Lionel Migault, le patron, a très vite rejoint le collectif. Il résume : « C'est un gros pétard au nez des syndicats et des administrations. Nous sommes force de cohésion. Du lien se crée entre patrons de bar. On se rencontre, on se voit, on apprend à se connaître. C'est plus fort que le syndicalisme car plus humain. Quand quelque chose marche, on n'hésite pas à la dire. Nous ne sommes pas là pour quémander mais pour proposer. » Difficile d'être plus clair… Les 24, 25 et 26 novembre, le Festival culture bar-bars fêtera ses 10 ans. C'est à la fois l'outil de communication et le point de départ de l'association. A l'origine, une quinzaine d'établissements qui veulent monter leur festival et se retrouvent face aux obstacles réglementaires. Plutôt que de baisser les bras, ce petit monde choisit de retrousser les manches. Laurent Messager, propriétaire du Café de la Perle - quelques mètres carrés tout en longueur - adhère depuis 4 ans au collectif. « Ma démarche est plus affective que politique, confie-t-il. Plus on sera nombreux, mieux ce sera. C'est de l'activisme culturel que je fais. Un bistrot n'est pas un dealer d'alcool. Nous devons nous structurer dans une démarche et ne plus être dans la censure. Les petits lieux ont aussi besoin d'identité. » Chez lui, dans son 'café de jour', quand le soleil décline, place au slam. « Je ne savais pas bien comment rémunérer les artistes qui passaient. J'étais plus dans le dédommagement. Maintenant, l'association m'apporte des réponses précises et je sais ce que je peux faire et ne pas faire. »

Passerelles

L'association, créée juridiquement en 2004, réunit des responsables de petits lieux, cafés et restaurants. Son objectif : informer, promouvoir et mener des actions pour défendre la liberté de diffusion de spectacles vivants dans des structures non subventionnés, à économie privée et défendre une éthique à la fois sociale, culturelle et citoyenne des bistrots. En 2008, à l'occasion de la Biennale internationale des spectacles, des rencontres s'organisent avec les collectivités, le ministère de la culture, les organisations professionnelles, les syndicats d'artistes. Denis Taillédec, qui vient d'être récemment nommé directeur du collectif, a participé à ces échanges. « Des constats communs ont pu être établis, des éléments de réponse se profilaient. Il s'agissait de travailler à un dispositif d'aide à l'emploi artistique. Il fallait que la chaîne de diffusion s'organise et corresponde au parcours de l'artiste. ». Une étape décisive pour les 'Bar-Bars' qui dialoguent désormais d'égal à égal avec les collectivités locales et mette dans la balance un retour à l'économie réelle. D'un côté, des cafés 'culture' en difficulté, confrontés à des problèmes administratifs et économiques.  De l'autre, des artistes interprètes professionnels en situation précaire. « Le nombre de jours travaillés par artistes, en moyenne par an, ne cesse de diminuer. Il devient compliqué pour eux de trouver des espaces d'expression, de pratique de leur métier où ils peuvent être salariés » souligne Denis Taillédec. A l'échelle des Pays de Loire, des passerelles se mettent en place. On est dans le concret. Le réseau fait ses preuves. En mai dernier, le travail effectué abouti à la création d'une plateforme nationale des cafés cultures. Celle-ci fait le pari de d'agir pour préserver et recréer des bassins d'emploi en proposant le premier dispositif national d'aide à l'emploi artistique direct. Compliqué sans l'être. La plateforme se donne pour mission de « permettre aux bars de développer leurs activités culturelles et musicales, en précisant le cadre de la programmation et de la diffusion des artistes amateurs et professionnels, en encadrant et précisant la réglementation, en garantissant un financement de ces activités et tout particulièrement des emplois artistiques par des aides des collectivités juridiques et des acteurs privés. » Un protocole de bonnes pratiques de diffusion des artistiques a été établi.  Les membres de la plateforme s'engagent. Sa composition actuelle ? Le collectif culture bar-bars, qui s'est étendu à plusieurs régions de France. L'Umih et un président des cafés, bars, brasseries et monde de la nuit, Laurent Lutse, entièrement dévoué à la cause même si certains membres du collectif montrent les dents quand on lâche le mot 'syndicat patronal'. L'Union nationale des syndicats d'artistes musiciens de France CGT, qui regroupe 35 syndicats locaux ou régionaux. Le Pôle de coopération des acteurs pour les musiques actuelles en Pays de Loire, organisme missionné par l'Etat et la région Pays de Loire pour développer les musiques actuelles sur le territoire régional. Le Réseau Aquitain des musiques amplifiées (Rama), trait d'union entre les publics, les acteurs de terrain et les institutions. Les régions Pays de Loire, Aquitaine et la ville de Nantes.

Sylvie Soubes

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