Vous voulez garder votre personnel ?
Il est de plus en plus difficile de trouver du personnel. Si le problème est général à plusieurs secteurs économiques, il n'en est pas pour autant une fatalité. Certains chefs d'entreprise rencontrent davantage de problèmes que d'autres. Pour garder son personnel, il faut commencer par bien le choisir, donc bien le recruter. Une méthode de travail mais aussi un état d'esprit...
Par Claire Cosson
Aujourd'hui, le travail n'est plus ce qu'il était pour bon nombre de jeunes. Il n'est plus tout dans leur vie comme il l'a été pour leurs parents et leurs grands-parents. Chacun des candidats cherche désormais à y trouver son compte. D'abord en termes de salaire, évidemment. Sur ce point, la chambre de commerce et d'industrie de Paris estime clairement que le seul moyen de pallier les difficultés de recrutement, notamment dans des secteurs où les conditions de travail sont difficiles (bâtiment, hôtellerie, restauration, commerce de détail ou de l'industrie agroalimentaire), est de "renforcer l'attractivité salariale" de certains emplois. Mais au-delà de la rémunération, les candidats attendent autre chose de l'entreprise : une ambiance, l'établissement d'une relation de confiance, une possibilité d'évolution. Trop longtemps, les chefs d'entreprise ont porté peu d'attention au recrutement. Aujourd'hui, ils doivent changer leur fusil d'épaule concernant leur manière de recruter et leur comportement à l'égard des salariés. Longtemps, il a fallu investir pour faire venir les clients dans les hôtels, les restaurants, les cafés, les professionnels ont découvert la promotion, le marketing, la fonction commerciale, la réalité du marché. Aujourd'hui, c'est vers les ressources humaines qu'ils doivent porter leur attention s'ils veulent demain être en mesure d'avoir du personnel pour servir leurs clients. Il faut plus que jamais séduire pour parvenir à dénicher ses futurs collaborateurs. Un jeu de piste parsemé d'obstacles. Quelques conseils pratiques...
1 - Evaluez réellement vos
besoins
"La plupart des erreurs de recrutement pourraient être évitées si les
responsables du recrutement savaient exactement ce qu'ils cherchent avant de commencer à
chercher." René Karrer, consultant pour Unifhort, ne mâche pas ses mots.
On ne trouve pas chaussure à son pied sans en connaître au préalable la taille, la
forme, la couleur... Ce qui signifie que la première phase d'un recrutement doit passer
par une évaluation précise de vos besoins.
De quoi avez-vous besoin ? J'ai besoin de quelqu'un pour faire quoi ? Ai-je besoin de
recruter parce qu'il y a surcharge de travail actuellement (le planning est incomplet, un
départ imminent se dessine, etc.). Puis-je me passer de ce recrutement ? Existe-t-il
d'autres solutions (interne, intérim, réorganisation du travail, etc.) ? Voilà
plusieurs questions auxquelles vous devez répondre avant même de vous engager dans un
processus de recrutement.
2 - Définissez précisément la fonction ou le poste à
pourvoir
Une fois vos besoins analysés, il va falloir définir de la manière la plus claire
possible le poste à pourvoir. De toute évidence, un cuisinier exécute des tâches
différentes dans un restaurant gastronomique et dans un restaurant de collectivité par
exemple. "Le recruteur doit à ce moment précis s'interroger sur différents
points", explique René Karrer. Et d'ajouter : "Il lui faut tout d'abord
décrire la fonction ou le poste. Le situer dans l'organigramme de l'entreprise. Vient
ensuite le travail qui consiste à lister les responsabilités liées au poste ainsi que
ses principales activités. Sans oublier les conditions de travail et de rémunération.
Et puis, bien sûr, établir les compétences requises."
3 - Préférez les compétences plutôt que des CV
Ayant rédigé une description de fonction avec ses qualités et ses missions, il vous est
désormais facile de définir les principaux critères ou profils auxquels le candidat
devra répondre. A savoir ses caractéristiques personnelles, son savoir-faire et sa
formation, son expérience et surtout ses aptitudes. Sur ce point, mieux vaut ne pas
toujours accorder la faveur aux cursus scolaires. Ce n'est pas parce que le candidat a
décroché un BTS de gestion hôtelière qu'il a effectivement le sourire nécessaire pour
accueillir de manière conviviale vos clients. D'ailleurs, bon nombre d'anciens élèves
d'écoles hôtelières sont débauchés par d'autres filières (informatique,
immobilier...).
Soyez donc à l'écoute du savoir être (comportement), du dynamisme, de la motivation ou
bien encore des compétences, de la soif d'apprendre du candidat avec lequel vous allez
avoir un entretien. A titre d'exemple, au restaurant Quai Ouest, en bordure de Seine à
Saint-Cloud, le critère d'embauche n'est pas la qualification professionnelle, mais la
motivation. Selon le responsable des cuisines, Jean-Yves Guichard, "ce type de
recrutement porte réellement ses fruits puisqu'il évalue un taux d'échec de 3 sur
10".
4 - Soyez en état de recrutement permanent
L'époque où les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration pouvaient faire la
fine bouche dans le domaine du recrutement est aujourd'hui bel et bien morte et enterrée.
Mieux vaut donc désormais prendre une candidature en considération et la traiter avec
beaucoup d'égards. "C'est-à-dire étudier les dossiers spontanés et rencontrer
les candidats", explique René Karrer. Sans oublier d'être à l'écoute de votre
personnel pour détecter d'éventuels départs. Anticipez sur la saisonnalité et les
surcharges de travail. Et puis essayez donc de fidéliser votre équipe.
5- Favorisez la mobilité interne
On a souvent tendance à aller chercher ailleurs ce dont on dispose à l'intérieur même
de son entreprise. Alors, avant de se lancer dans un recrutement extérieur, pourquoi ne
pas s'intéresser aux 'talents' du personnel en place ? Une démarche qui non seulement
vous fera gagner du temps et de l'argent, mais revalorisera également vos équipes. Cela
signifie évidemment que vous devez pratiquer de manière régulière une évaluation des
potentiels de vos collaborateurs. Si les chaînes de restauration et d'hôtellerie
réalisent cet exercice bien souvent annuellement, il n'en est rien hélas chez les
indépendants. Dommage ! Il y a pourtant là tout à gagner.
Mieux vaudrait en outre informer vos équipes de vos besoins. C'est-à-dire afficher le ou
les postes qui sont à pourvoir. "Tous les postes à pouvoir figurent dans nos
publications internes", indique Didier Chevalier, chef du personnel de
l'Intercontinental à Paris.
6 - Misez sur le parrainage ou la cooptation
La pratique a tendance à se généraliser dans le secteur de l'hôtellerie et de la
restauration. Il est en effet de plus en plus demandé aux salariés (cadres comme
employés) de recommander à leurs supérieurs hiérarchiques des noms de candidats
potentiels correspondant aux profils recherchés par l'entreprise. Certaines vont même
jusqu'à récompenser ces interventions sous forme de cadeaux, ou mieux encore, de primes
sonnantes et trébuchantes.
"Nous versons une prime de 1 500 francs aux collaborateurs qui nous ont
recommandé des candidats", raconte Karine Lettré de chez Ibis. Et de préciser
: "Cette prime est accordée à l'issue de 3 mois dans le poste, pour des contrats
à durée déterminée." Procédé identique au sein de la chaîne de
restaurants à thème, El Rancho. "Nous avons récemment décidé de récompenser
les collaborateurs qui nous indiquent des candidats. Ils touchent une prime de 2 000
francs bruts après que le nouvel embauché ait effectué 6 mois dans l'entreprise",
souligne Christophe Careaux, directeur marketing de El Rancho.
Hôteliers et restaurateurs sont encore très peu nombreux à entretenir des
relations avec les écoles hôtelières ou autres organismes professionnels.
7 - Soyez en contact avec les écoles
"Les jeunes ne sont plus motivés." Voilà le genre de propos que
bon nombre de professionnels des CHR tiennent aujourd'hui sans aucune gêne. Mais comment
pourrait-il en être autrement ? La profession traîne une mauvaise image depuis des
lustres et ne semble pas toujours prête à se remettre en question en la matière quand
on entend les interventions de certains ou que l'on constate le comportement d'autres...
D'ailleurs, hôteliers et restaurateurs sont encore très peu nombreux à entretenir des
relations avec les écoles hôtelières ou autres organismes professionnels.
Ces lieux de formation constituent pourtant des pistes non négligeables concernant les
recrutements. Les grands groupes hôteliers, comme Lucien Barrière, Bass ou bien Accor
par exemple, le savent parfaitement. Accor a ainsi récemment mis sur pied un kit de
communication pour mieux se promouvoir au sein des écoles organisant divers conférences
et forums. "Nous interviendrons cette année dans 25 établissements scolaires
différents", surenchérit Delphine Bouladoux, chargée du recrutement et de la
gestion de carrière chez Lucien Barrière... Alors pourquoi pas vous ? Réunis à
plusieurs chefs d'entreprise, vous êtes tout à fait capables de vendre auprès des
jeunes vos propres maisons.
8 - Fidélisez les stagiaires
"Depuis deux ans environ, 80 % de nos embauches proviennent des stagiaires",
confesse Patrice Bert, responsable des ressources humaines du voyagiste français Fram. La
preuve que les écoles, même s'il s'agit ici d'établissements spécialisés dans le
tourisme, fournissent des collaborateurs d'intérêt. D'autant plus faciles à intégrer
que les petits stagiaires en question ont déjà acquis une certaine culture d'entreprise.
La vôtre en l'occurrence.
Reste à les traiter de manière convenable et surtout les séduire pour qu'ils viennent
travailler chez vous. Là aussi, l'époque du stagiaire 'fille' ou 'garçon' à tout faire
est bel et bien tombée dans les oubliettes. A tel point du reste qu'Accor a mis en place
une charte stagiaire. Le tuteur s'engage ainsi vis-à-vis de l'étudiant concerné. Et en
fin de stage, un questionnaire est remis au stagiaire. Il n'y a pas de raison que ce soit
toujours les mêmes qui jugent !
9 - Nouez des contacts avec les associations d'anciens
élèves
Même si quelques-unes ne sont guère actives, les associations d'anciens élèves peuvent
constituer un vivier intéressant. D'autant que la plupart éditent des annuaires fort
instructifs. A vous de vous procurer ces documents et de partir à la 'chasse' de manière
intelligente.
10 - Organisez des journées d'information
Conscientes du besoin de travailler sur l'image des métiers du secteur des CHR, plusieurs
entreprises organisent des journées portes ouvertes. Au cours de ces manifestations, les
candidats s'informent sur les différentes professions offertes dans l'activité
concernée. L'an passé, autour du slogan 'L'avenir vous sourit', le groupe Accor a
accueilli plus de 2 000 visiteurs au Sofitel Paris Forum rive Gauche. Si vous êtes
indépendants, il n'est pas impossible pour vous d'organiser également ce genre de
rencontre. Après tout, en jouant l'union, on peut tout entreprendre. Comme une visite de
plusieurs établissements, un débat...
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Mieux détecter les potentialités maison Les conseils de Patrick Laborieux, responsable d'ITC DevelopmentUn
bon manageur est forcément altruiste. Il éprouvera donc toujours un sentiment de fierté
lorsqu'un membre de son équipe fera l'objet d'une promotion. C'est effectivement une
manière indirecte de reconnaître ses compétences de formateur. Malheureusement, le chef
de service préférera, dans bon nombre de cas, garder son collaborateur le plus longtemps
possible au sein de son équipe. Cela lui permet de garantir la productivité et la
qualité de son service. |
Fiche de poste schématique Chef de cuisineResponsabilités Missions Qualités requises *Sources : ITC Development |
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L'HÔTELLERIE n° 2708 Supplément Formation 8 Mars 2001