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L'événement
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Débats houleux au congrès de la CPIH à Niort

Jean-François Girault élu président

Journée difficile, le 2 avril dernier, pour Roland Magne, qui a vécu à la fois le rapport moral et le rapport financier repoussés par une majorité des suffrages. Un vote annonciateur du résultat des élections présidentielles dont le Sarthois, Jean-François Girault, est sorti vainqueur.

Par Sylvie Soubes

"J'ai le trac. Je ne veux pas qu'il y ait de conflits", confiait en début de séance Jean-François Girault, candidat à la présidence de la Confédération des professionnels indépendants de l'hôtellerie qui allait élire pour trois ans ses nouveaux responsables. Un congrès qui a commencé par un appel ouvert à la "courtoisie", au "fair-play" et au "débat d'idées" par le président sortant, Roland Magne, dont le mandat a été marqué par le départ de plusieurs départements.
Les premières attaques se sont très vite fait sentir avec le refus du vote du rapport moral par une majorité des représentants départementaux qui ont interpellé violemment leur président sur le nombre d'adhérents et de départements restant affiliés. Roland Magne eut beau insister sur l'arrivée de l'Upac au sein de la CPIH, rattachement dont il est effectivement le maître d'œuvre, la salle s'est opposée ouvertement au "bilan positif" soutenu par le secrétaire général, Alain Grandchamp, sous forme de vidéo, celui-ci étant à l'étranger au moment du congrès. Roland Magne est également revenu sur la manifestation du 16 octobre 2000, rappelant, pour sa défense, que les représentants de l'Umih lui avaient interdit notamment l'accès à la tribune. Les discussions électives ont encore pris le pas sur le rapport financier qui a été rejeté par 39 voix contre 29 pour et 6 abstentions. "Ce n'est pas contre la comptabilité que nous votons, mais contre le manque de transparence", commentait un peu plus tard le président des saisonniers, François Effling. Roland Magne eut beau rappeler le déficit de 700 000 francs trouvé à son arrivée, le rapprocher du bilan positif qu'il présentait, rien n'y a fait. Les comptes étaient brouillons, incomplets. On ne lui a pas pardonné.

Non aux 35 heures
Dans sa profession de foi, Jean-François Girault mettait l'accent sur la "reconquête de nouveaux adhérents" et évoquait sa volonté de faire revenir tous les départements qui avaient quitté les rangs de la confédération. Il se positionnait aussi comme un "porte-parole des indépendants", résolument décidé à se "battre pour obtenir la baisse des charges sociales", et à s'opposer aux 35 heures. Les termes étaient tantôt guerriers, tantôt victorieux. "J'ai l'habitude de monter au créneau et d'aller au charbon (...) La présidence que j'assume dans le département de la Sarthe m'a permis à ce jour d'obtenir tout ce qui était raisonnable de solliciter." Dans le discours qui a précédé les élections nationales, c'est un candidat sûr de lui et fort de ses convictions qui s'est adressé à la salle. L'homme a visiblement mûri depuis sa prestation du Havre, il y a quatre ans, où il s'était une première fois présenté à la tête de la confédération et où il avait été battu par Roland Magne.
Hélant d'abord les hôteliers, Jean-François Girault s'est dit inquiet de la "concurrence sauvage. Nous sommes impuissants pour le moment face aux coûts de production des services, la fiscalité aidant les autres, et vous le savez et le comprenez, il est totalement impensable que nous laissions cette situation en l'état. Nous ne pouvons admettre une concurrence non soumise aux mêmes charges que nous subissons". Se tournant ensuite vers les cafetiers, le candidat sarthois s'est attaqué aux fermetures administratives et aux règles qui régissent les débits de boissons. "Une révision urgente, autant sur le fond que sur la forme, est obligatoire et salvatrice", a-t-il martelé à propos d'un challenge qui s'apparente à une auberge espagnole pour bon nombre de professionnels, malheureusement.
Evoquant dans la foulée les campagnes de dénigrement dont les discothèques font les frais, Jean-François Girault s'est toutefois voulu rassurant. "Il existe des solutions, a-t-il déclaré. Elles passent obligatoirement par une concertation franche et profonde entre les autorités responsables et nous-mêmes." Appelant à la "réflexion" et à la "force sage". Il a terminé son discours par les saisonniers et les restaurateurs à qui il confirma sa volonté de batailler pour la normalisation de la TVA et l'obtention des "chèques-extras demandés par la profession depuis longtemps".

Négociations impératives
Affaibli par un début de matinée houleux, Roland Magne a pris la parole derrière le Sarthois sans grande conviction. On sentait l'homme touché à vif et ce n'est que lorsqu'il expliqua une nouvelle fois l'importance, selon lui, de négocier la réduction du temps de travail qu'il retrouva une certaine verve. "Il serait ridicule de croire que l'on peut échapper à l'application de la loi (...) Je me suis battu pour que les indépendants restent indépendants. Il est impératif de négocier à l'intérieur du système. Signer un accord, c'est permettre aux plus petits de pouvoir gagner du temps. La loi existe et elle nous est applicable, ce n'est pas moi qui l'ai votée cette loi ! Tout ce que je cherche en négociant, c'est trouver du temps et des aides pour que la plupart des entreprises puissent passer ce cap sans trop de mal. Si nous ne négocions rien, un décret sortira dans quelques semaines qui nous imposera à tous, grands et petits, l'application de cette RTT. Nous passerons, sans aides, sans calendrier, tous à 39 heures. Voilà ce que je cherche à éviter. Acceptons de mettre à plat les organisations des maisons, changeons de relation avec le personnel, car si nous ne faisons rien, plus personne ne viendra travailler chez nous demain !"
Est venu ensuite le traditionnel jeu des questions/réponses qui s'est axé sur les problèmes de TVA et de RTT. Roland Magne avait-il convaincu les présidents départementaux du bien-fondé de sa démarche ? Pouvait-il les convaincre ? C'est en début de repas qu'il a eu la réponse. Sur les 101 votants, 48 lui ont renouvelé leur confiance, tandis que la majorité, 52 votants, s'est exprimée en faveur de Jean-François Girault. Il y eut 1 vote blanc. "Ce n'est pas une déculottée pour Roland Magne ni une victoire glorieuse pour Jean-François Girault. Cela montre seulement qu'il existe un réel esprit démocratique au sein de la CPIH", a fait observer un adhérent.


Jean-François Girault (au centre), nouvellement élu, entouré de son équipe. De gauche à droite : Alcino Alvez-Pirez, conseiller ; Jean-Jacques Le Terrec, président du groupement des cafetiers ; Claude Izard, vice-président de la CPIH et président national des restaurateurs ; Jacques Fréalle, président national des hôteliers ; Gérard Geopfert, conseiller ; François Effling, président des saisonniers ; Alain Treuillard, président des discothécaires ; et Gérard Ryngel, conseiller.


Le candidat sortant, Roland Magne, n'a pas su convaincre.

 

Un nouveau discours

Si Jean-François Girault a fait basculer les suffrages en sa faveur, c'est aussi parce que son discours contre la réduction du temps de travail correspondait à celui qu'un grand nombre de professionnels attendait. Un discours qui se voulait rassurant, parce qu'il était en opposition avec ce qu'imposait le gouvernement. "Il n'est pas dans la nature d'un syndicat de négocier avec les pouvoirs publics, expliquait un adhérent. Il est dans sa nature de s'opposer. Nous ne devons pas accepter la loi, nous ne devons pas accepter l'idée même de l'appliquer." Un discours qui, toutefois, ne laissa pas l'assistance de marbre.
En effet, nombreux furent les chefs d'entreprise présents, définitivement convaincus qu'une négociation était nécessaire, particulièrement conscients de l'importance de la qualité de la relation employeurs-employés. Certains ont évoqué leurs tentatives de RTT dans leur propre entreprise, des PME qui, depuis plusieurs mois, cherchaient avec les salariés à organiser la vie de l'entreprise autrement. Il a été question d'enrichissement des ressources humaines, il a beaucoup été question d'avenir, de respect de la réglementation. Décidément, un discours nouveau dans les congrès d'organisations patronales. Roland Magne n'a pas fait, en la matière, cavalier seul...

 

Le Club de la TVA de Jacques Borel

Jacques Borel est venu, chiffres à l'appui, défendre le dossier de la TVA à Niort. Alors que l'Etat chiffre à 20 milliards de francs le coût d'une baisse de la TVA en restauration, Jacques Borel l'estime à 24 milliards de francs. C'est pourquoi il estime préférable de limiter dans un premier temps la baisse aux aliments solides : soit 11,8 MF. Celui-ci, dans le cadre du Club de la TVA, met en avant la création d'un "cercle vertueux". Selon lui, si le secteur de la restauration bénéficiait de cette baisse de la TVA, les professionnels s'engageraient au travers de ce "cercle vertueux" à baisser leurs prix, à former et à embaucher du personnel, et à investir. Toujours selon Jacques Borel, cette démarche permettrait la création de 56 000 emplois (alors que les économistes parlent de 40 000 emplois). Ces créations d'emploi viendraient contrebalancer la perte pour le Trésor qui serait dès lors quasiment nulle. Cette action de lobbying, menée par Jacques Borel, n'est pas sans avoir un coût. Celui-ci a récolté près de 3 millions de francs et devrait boucler son budget de 5 millions
de francs en juillet prochain. Des enseignes telles que Buffalo Grill
ou Courtepaille sont entrées dans son Club de la TVA.

Ils ont dit
Les groupements élisaient aussi leur président


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L'HÔTELLERIE n° 2713 Hebdo 12 Avril 2001


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