Congrès des Maîtres cuisiniers à Lyon
Annulé la première fois pour cause d'inondation, le congrès des MCF de cette année a eu lieu un peu plus tard que prévu. Il n'en a pas moins attiré un grand nombre de cuisiniers, toujours heureux de se retrouver pour échanger sur leur métier bien sûr, mais aussi, pour le plaisir de l'amitié et de la fête. De toute évidence, un noyau de professionnels compte bien faire entendre sa voix, président en tête, pour que l'association évolue et joue un rôle actif au sein de la cuisine française.
Soirée de gala à
Collonges-au-Mont-d'Or. Autour de Paul Bocuse ravi d'un final en apothéose, ils sont
près de 300. Parmi eux, les Maîtres cuisiniers 'promotion 2001', adoubés sur la scène
en présence de leurs parrains. Chacun goûte le moment et apprécie le repas.
Cet instant festif ne fait pas oublier le reste : dans la journée, les travaux ont réuni
180 participants attentifs aux exposés et prompts à participer à la discussion sur
trois axes : la transmission d'entreprise, les avancées sociales, et la formation
professionnelle débouchant sur un plan de carrière. Au lendemain du congrès, Michel
Blanchet, président national, et Georges Rousset, secrétaire général, font le point
pour L'Hôtellerie.
"Si nous sommes assez individualistes, nous acceptons volontiers de prendre des
conseils. C'est ce qui a motivé notre appel à des intervenants extérieurs pour
générer une réflexion sur des sujets précis." On le sait, le problème de la
transmission d'entreprises fut à l'ordre du jour. "C'est une problématique que
ne rencontrent pas les grands groupes. Il faut informer nos confrères des moyens fiscaux
légaux dont ils disposent pour prévoir l'avenir. Une réflexion est apportée par la
nouvelle génération qui peut faire comprendre à certains qu'il est intéressant d'agir
avant qu'ils aient 70 ans et qui se croient toujours indispensables à la vie de
l'entreprise."
Autre sujet de réflexion, l'intéressement du personnel. "Faire venir les jeunes
c'est bien, mais les conserver c'est mieux", résume Michel Blanchet. "Il
n'y a cependant pas les jeunes et les autres, car il faut traiter le phénomène social
dans son ensemble", complète Georges Rousset.
L'étude des possibilités existantes en matière d'assurances de groupe pourrait
permettre la mise en place d'avantages sociaux. Et l'on parle alors de complémentaire
maladie, de fonds de pension, qui ont l'avantage d'être défiscalisés à 100 % et non
assujettis aux charges sociales. "Aux MCF, nous avons constitué un groupe de
réflexion pour essayer d'être les premiers à passer un accord. Il servirait d'exemple
à la profession et permettrait un certain fédéralisme des petits groupuscules. Si à
titre individuel il n'y a pas grand-chose à changer à notre image, il existe au plan
social une nébuleuse qui n'est pas jolie à voir. Ce n'est pas très valorisant pour les
jeunes", disent en chur Michel Blanchet et Georges Rousset.
"Nous devons faire un effort pour améliorer la vie sociale de nos salariés, sans
grandes manifestations et sans blocage de routes, insistent-ils. Si les jeunes ne
viennent pas à nous, il faut aller à eux. L'aménagement du temps de travail est une
réalité économique vitale pour notre profession. Les temps ont changé, et il est très
important de mettre notre organisation en ressources humaines, occultée dans nos
métiers, en équité avec le monde du travail. Si l'amour du travail existe toujours, il
faut organiser le temps de vie. Si nous parvenons à apporter du social à la profession,
nous pourrons non seulement amener les jeunes, mais aussi les conserver."
Autre sujet sur le tapis : la formation professionnelle où les violons ne sont pas
forcément accordés. "Nous ne sommes pas tous sur la même longueur d'onde,
admet Georges Rousset. Le problème de la formation continue dans nos entreprises est
posé. Les titulaires d'un CAP ou d'un BEP sont parfois assimilés à une
main-d'uvre bon marché et pas très qualifiée. Le contrat d'apprentissage pour
l'obtention du brevet professionnel nous paraît la voie à suivre avec des avantages pour
l'employeur et le salarié faisant ce choix. L'Education nationale se refuse à le
promotionner et le Fafih semble avoir une position négative par rapport à cette
formation. Or elle représente, à nos yeux, d'excellents débouchés pour les jeunes. A
travers cette option, nous préconisons un rapprochement entre l'école et l'entreprise.
Nous pouvons et devons servir de locomotive : si nous y parvenons, nous aurons fait un
grand pas en avant." Le discours a le mérite d'être clair. Et voilà qui change
singulièrement de l'image parfois obsolète attachée à une association née voici un
demi-siècle. Pour aussi méritoire soit-il, le dépoussiérage des statuts décrété
voici quelques années n'était pas suffisant.
Conscients de leurs responsabilités, les Maîtres cuisiniers de France veulent vivre avec
leur temps. L'avenir dira si le congrès de Lyon marquera une étape importante pour la
profession ! "Nous ne voulons surtout pas être qu'une amicale", dit
encore Michel Blanchet.
J.-F. Mesplède
Les nouveaux adhérentsPour 2001, 21 nouveaux membres (pas une seule femme...) ont été admis au sein des
Maîtres cuisiniers de France. Ceux qui étaient présents à Lyon ont reçu médaille et
diplôme concrétisant leur appartenance aux MCF. © Lyon Reportage / Becam |
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L'HÔTELLERIE n° 2716 Hebdo 3 Mai 2001