Le chef exerce ses talents au Tastevin à Maisons-Laffitte dans la périphérie parisienne. Mais Michel Blanchet préside depuis février 2000 les Maîtres cuisiniers de France et, à ce titre, répond à L'Hôtellerie.
Propos recueillis par J.-F. M.
L'Hôtellerie :
N'avez-vous pas le sentiment qu'il existe un décalage entre votre discours novateur et
l'image un brin vieillotte qui s'attache aux Maîtres cuisiniers de France ?
Michel Blanchet :
Sans doute, mais la plus vieille association ayant pignon sur rue est à une période
charnière entre deux générations. Nous devons nous adapter à de nouvelles méthodes et
perspectives sociales... tout en étant un peu conservateurs. Certains gestes ne doivent
pas disparaître sous peine de tomber dans l'industrialisation. Nous avons toujours eu ce
genre de réflexion, mais peut-être qu'on ne l'extériorisait pas. Nous avons contribué
à la création de l'Upac, ce qui, pour certains, était un coup de pied dans la
fourmilière...
L'Hôtellerie :
Lors du congrès, Laurent Pourcel, MCF et président de la chambre syndicale de la Haute
Cuisine française, et vous-même avez évoqué un rapprochement...
Michel Blanchet :
Nous présidons deux associations avec des spécificités et des différences, mais qui
sont totalement complémentaires avec un but identique. Bien sûr nous n'avons pas tout à
fait les mêmes intérêts et la chambre syndicale réunit des chefs étrangers peu
concernés par nos problèmes. Il me semble malgré tout que nous défendons les mêmes
valeurs, ce qui doit être facteur de rapprochement.
L'Hôtellerie :
Avez-vous le sentiment, après un demi-siècle d'existence, que les Maîtres
cuisiniers de France sont à un tournant ?
Michel Blanchet :
Nous ne sommes pas tous sur la même longueur d'onde : nous vivons une autre
époque en matière de gestion de nos entreprises, du personnel, et nous devons penser aux
problèmes de demain. Nous sommes en train de prendre ce virage qui nous avait amenés,
sans renier certaines spécificités, à dépoussiérer nos statuts lors de l'assemblée
générale d'Evian en 1998. Nous avions alors parlé, peut-être un peu vivement,
d'éliminer les 'vieux croûtons'. Cela avait jeté un froid, mais ça voulait simplement
dire que, pour n'avoir aucun blocage de nos actions et de nos réflexions, les décisions
ne devaient pas être le fait d'anciens, inactifs dans nos métiers. Le message a été
compris. Jean Schillinger a amené le modernisme, Fernand Mischler le syndicalisme,
j'espère arriver à faire une synthèse des deux.
L'Hôtellerie :
Vous parlez de modernisme. Lors du congrès d'Evian, l'arrivée de femmes dans vos
rangs avait été évoquée par Fernand Mischler (1). On est encore loin du compte
puisqu'elles ne sont que 2 sur 354 adhérents...
Michel Blanchet :
La réflexion qu'un cuisinier pouvait s'appeler Jean ou Nicole existe chez nous
depuis de nombreuses années. Nous recensons 25 à 30 % de femmes dans la profession et la
parité va se faire d'elle-même. Je ne doute pas que certaines réticences, plus
folkloriques que réelles, vont s'estomper.
(1) On se souvient, et ce fut évoqué dans nos colonnes, que les admissions de Jacotte Brazier et Anne-Sophie Pic avaient été acceptées puis refusées pour d'obscures raisons.
Congrès des Maîtres cuisiniers à Lyon, savoir se remettre en question
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L'HÔTELLERIE n° 2716 Hebdo 3 Mai 2001