Hôteliers, cafetiers, sont
aujourd'hui de plus en plus nombreux à s'organiser pour assumer seuls, les problèmes de
sécurité. Vols dans les chambres d'hôtel, vols de voitures des clients sur les
parkings, dans les rues, agressions des veilleurs de nuit, sont autant d'événements qui
font le quotidien de certains professionnels sans que qui que ce soit s'en émeuve. Coups,
blessures, intimidation, accidents de travail, la palette est large : des problèmes
réglés au cas par cas, des primes d'assurance qui n'en finissent pas de grimper, des
hôteliers qui prennent des maîtres-chiens la nuit pour garder les parkings, des
sociétés de gardiennage pour assurer la protection du veilleur de nuit.
Une chape de plomb pèse sur le sujet, devenu parfaitement tabou tant chez les
restaurateurs que chez les cafetiers et les hôteliers : il est aujourd'hui interdit de
parler des problèmes de sécurité ! Parler de sécurité serait implicitement accepter
de révéler que l'insécurité grandit dans certaines villes, et que les clients des
établissements en question sont menacés. En privé, à Paris, dans certains quartiers,
le coût pour assurer la sécurité des établissements est tel que leurs propriétaires
reconnaissent ne plus pouvoir préserver de marge ! Certains se disent prêts à céder
leurs fonds à n'importe quel prix dans le seul objectif de sortir de cette spirale.
Se taire pour ne pas affoler les clients, se taire pour ne pas faire baisser la valeur
des affaires, sont autant d'éléments qui amènent les professionnels au mutisme en la
matière.
Impassibles, les autorités observent et banalisent la situation, mettant en avant le
phénomène de société. Une situation dont les municipalités ne se sentent pas
responsables, pendant que les forces de l'ordre mettent en avant leur absence de moyens.
Et de faire retomber le problème sur les seuls professionnels concernés. Une manière un
peu rapide de se laver les mains de la part des municipalités qui n'hésitent pourtant
pas à éditer des brochures sur les charmes touristiques de leur cité et qui attendent
beaucoup de l'expansion des palais des congrès qu'elles poussent à se développer ! Et
d'occulter toujours plus facilement le problème que les professionnels, prisonnier de la
situation, continuent à taire pour protéger leur image ! A force de vouloir se
protéger, les chefs d'entreprise vont se saborder, mais les municipalités perdront elles
aussi beaucoup ! L'insécurité est un des facteurs qui fait le plus fuir une destination,
tant en congrès qu'en villégiature, la mauvaise image d'une ville, d'une région a des
conséquences lourdes au-delà du secteur touristique, les entreprises refusent de venir
s'implanter, celles qui le peuvent se délocalisent et petit à petit, la région se
paupérise... Et là, les hôteliers n'y pourront plus rien...
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2718 Hebdo 17 Mai 2001