Najeti sort de l'ombre
Sorti fin 1999 du tour de table familial de la Verrerie Cristallerie d'Arques, aujourd'hui Arc International, Jean-Jacques Durand réinvesti un petit quart de ses ressources dans l'hôtellerie de charme. Najeti Hôtellerie compte déjà 245 chambres et vise 400 à 450 chambres avant deux ans.
Le 4 novembre 1999, Jean-Jacques Durand se trouvait à la tête d'un important fonds d'investissements issu de la vente de ses parts dans la grande industrie familiale, Arc International. Cette sortie du giron familial s'explique "par des questions de stratégie familiale et d'entreprise", explique sobrement Jean-Jacques Durand. Le montant de la transaction n'est pas révélé, mais on peut, par recoupements élémentaires, évaluer au minimum à un demi-milliard de francs, sans doute davantage, le point zéro de cette nouvelle aventure. Le fonds est dès le départ regroupé dans une société holding familiale baptisée Najeti, ainsi nommée pour Nathalie, Jacques, Emmanuel et Thibaud, les quatre enfants de cette souche Durand éprise d'indépendance. L'essentiel du fonds est investi dans les technologies innovantes, dans l'environnement, les biotechnologies et le médical. Mais pour donner un côté plus 'briques et mortier', c'est-à-dire de la stabilité à ses engagements, Najeti investit entre 1/5e et 1/4 de ses capitaux dans l'hôtellerie. Il s'agit d'investissements en propriété, mais aussi de créer une véritable entreprise d'exploitation hôtelière.
Déjà cinq établissements
Avant la création de Najeti, la famille avait acquis en 1997 l'Hôtel Château de
Tilques, 53 chambres 3 étoiles près de Saint-Omer, des mains d'une chaîne britannique.
"Un pari à l'époque, au moment de l'incendie du tunnel, avant l'abolition du
duty free, et avec un compte d'exploitation de départ peu enthousiasmant, mais le prix
était relati-
vement modéré", commente Jean-Jacques Durand. Najeti prend l'affaire, et y
ajoute fin 1999 l'Hôtel Cléry (22 chambres 3 étoiles) à Hesdin-l'Abbé près de
Boulogne-sur-mer, le 1er juillet 2000
Hôtel de l'Univers à Arras (37 chambres 3 étoiles), acquis au tribunal de commerce à
la suite de la liquidation des affaires Tutrice, en novembre 2000 l'Hôtel du Parc à
Hardelot (81 chambres 3 étoiles), ces 5 établissements étant tous situés dans le
Pas-de-Calais. Le 1er janvier 2001, Najeti sort de ses bases et acquiert l'Hostellerie
Magnaneraie à Villeneuve-les-Avignon (27 chambres 3 étoiles). En début d'année, le
groupe a aussi repris le golf de Lumbres près de Saint-Omer à l'opportunité d'un
problème de refinancement. Quelle est la cohérence de ces achats ? "Nous
recherchons des hôtels de 3 à 4 étoiles, de bonne valeur immobilière, qui auront tous
ou presque une histoire à raconter. Ils doivent être situés près d'un axe de
circulation et disposer d'une synergie de loisir avec leur environnement, qu'elle soit
culturelle, sportive, commémorative... Ce ne seront pas des usines à manger, mais les
prix de restauration y seront mesurés. Ces hôtels se développeront avec une certaine
souplesse stratégique et une large autonomie donnée aux équipes en place",
résume le président de Najeti.
D'autres appétits
A près de 60 ans, le patron de Najeti n'a nulle intention de se retirer, et deux de ses
enfants sont actifs dans l'affaire. Il faut donc s'attendre à de nouvelles acquisitions.
Le groupe étudie actuellement l'achat de deux affaires existantes et projette de
construire un hôtel de 50 à 60 chambres sur le site du golf de Lumbres. "Nous
avons refusé une dizaine de propositions", précise Jean-Jacques Durand, qui se
défend d'acheter à tout prix au motif qu'il dispose de ressources importantes. Le groupe
vise 400 à 450 chambres à fin 2002 contre 245 chambres aujourd'hui (des extensions ont
entre-temps été opérées). Cette augmentation se fera par de nouvelles acquisitions,
par l'augmentation de capacités existantes, et par la construction de la nouvelle unité
de Lumbres.
L'affaire est-elle rentable ? Najeti ne publie pas le montant de ses investissements en
hôtellerie, mais selon des critères classiques (règle du millième, coefficient de
l'ordre du double du chiffre d'affaires), on peut tenter de les situer aujourd'hui entre
90 et 120 millions de francs (14 à 17 millions d'euros), golf non compris. "Je
n'ai pas fait de mauvaises affaires, confie Jean-Jacques Durand. Tous les hôtels
ont été achetés avec un potentiel d'amélioration intéressant. Sur une période de 10
ans, je suis très confiant." L'objectif pour cet exercice 2001 est un résultat
net après impôt de 10 % du chiffre d'affaires, malgré un retard du tourisme britannique
dû à la fièvre aphteuse et à l'effet duty paid sur la relation transmanche. "Nous
nous donnerons les moyens de nous développer en embauchant un contrôleur de gestion à
la forte expérience hôtelière qui, nous l'espérons, deviendra responsable de cette
activité de Najeti, et nous nous doterons rapidement d'une équipe commerciale avec un
responsable par grand marché de prospection", indique le président. L'effet
groupe a à peine commencé à jouer. Les premières démarches commerciales portent
rapidement leurs fruits. "Nous sommes dans l'hôtellerie pour longtemps",
affirme Jean-Jacques Durand.
A. Simoneau
Jean-Jacques Durand chez lui au golf de Lumbres : "Nous sommes dans
l'hôtellerie pour longtemps."
Stratégies contrastéesA chaque hôtel sa stratégie. La Magnaneraie (84) présente pour le moment le
meilleur profil économique, l'Hôtel du Parc d'Hardelot le plus difficile. Cette
dernière situation est due à des changements de propriétaires et de caps successifs, et
à la gestion de la saisonnalité, selon le nouveau repreneur. Objectif : mieux travailler
toute l'année en gardant un personnel de qualité à l'année. L'Univers est un hôtel
d'affaires urbain à la forte capacité de restauration par rapport à son hébergement.
Objectifs : gérer cet équilibre délicat et en tirer le meilleur. Tilques est un hôtel
de campagne quasi britannique dans sa tradition, qui doit élargir sa clientèle. Cléry
voit sa restauration restructurée avec une hausse de capacité, et l'hébergement passe
de 22 à 28 chambres. |
Najeti Hôtellerie en chiffresChiffre d'affaires 2000 : 64 MF (9,76 millions d'euros)
pour le parc hôtelier. Un montant qui sera bien sûr très sensiblement augmenté cette
année, l'Univers, le Parc et la Magnaneraie comptant en année pleine. |
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L'HÔTELLERIE n° 2719 Hebdo 24 Mai 2001