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Sécurité à Aix-en-Provence

Un exploitant de bar-tabac abattu

François Hernandez, cogérant du Café des Minimes, a été tué alors qu'il poursuivait son agresseur. Ce crime relance le problème de l'insécurité.

François Hernandez, 48 ans, marié, 2 enfants, a eu moins de chance que son homologue du Chiquito. Alors que le patron et les clients désarmaient le braqueur, François Hernandez restait à terre avec 9 balles dans le corps. Le drame s'est déroulé dans les quartiers ouest d'Aix, non loin du centre-ville à 22 h 45. Le cogérant du bar-tabac était avec son épouse à l'intérieur de l'établissement, rideaux baissés. Une voix lui aurait demandé d'ouvrir parce que la moto de leur voisin gênait le passage. François Hernandez a ouvert et s'est retrouvé face à un homme cagoulé, muni d'un pistolet. Il l'a poursuivi. On connaît la suite.
Cette affaire soulève la colère des commerçants comme en témoigne Daniel Gubernati, patron du bar-tabac de la rue Mignet : "En 6 mois, il y a eu 13 cambriolages ou agressions et 2 morts."
Le discours est identique chez Pierre Alfonsi, président du CHR 13 pour les cafés : "La délinquance augmente à Aix. Les banques ne sont plus braquées, alors ce sont les commerçants qui sont visés. Le directeur des 2G a reçu un coup de poignard il y a peu de temps, le Grillon a été braqué... Quant aux touristes, on ne compte plus les vols à la tire, les cartes bleues volées... Avec l'office de tourisme, je réfléchis à l'édition d'un document distribué aux touristes ainsi qu'à une information sur Internet... Mais ce n'est pas suffisant. Les forces de police ne sont pas assez nombreuses et présentes. L'an dernier, nous avions adressé 600 pétitions individuelles à l'ancien maire. Il n'en a pas tenu compte. Il semble que les choses bougent avec Maryse Joissains, le nouveau maire."
Pierre Alfonsi tape du poing sur la table : "La manière dont la Provence a rapporté la mort de François Hernandez est choquante. Elle laisse entendre qu'il s'agit d'un règlement de compte. On nous assimile à une profession louche, tenue par des voyous. C'est insupportable, pour la famille de François Hernandez comme pour la profession."

Tourisme et délinquance
Pour sa première conférence de presse, le maire avait choisi de parler de la sécurité, confiée à son adjointe, Martine Portejoie, ancien capitaine de la police municipale. "Nous demandons une augmentation des effectifs de la police nationale, très insuffisants par rapport à Marseille. Nous recrutons aussi une trentaine de policiers municipaux, développons l'îlotage et créons des postes de police municipale, dont l'un en centre-ville."
L'insécurité n'est pas un problème aixois. A Marseille, comme ailleurs, les CHR sont en première ligne. Georges Antoun, vice-président de la chambre de commerce, monte au créneau. Vendredi dernier, il a réuni les acteurs du tourisme sur les questions de sécurité. L'objectif était la rédaction d'une lettre adressée aux autorités compétentes. Il s'agissait aussi de demander que les patrons des hôtels puissent porter plainte pour leurs clients, en particulier pour un vol sans effraction. "Avec l'arrivée du TGV Méditerranée dans un quartier qui n'est pas sécurisé, et l'augmentation sensible du tourisme, nous voulons plus de forces de police. Dans un état de droit, il n'est pas question que les professionnels se dotent de polices privées."
Marc Thépot, président des hôtels de chaînes pour le CHR 13, remarque : "L'insécurité est inquiétante pour le personnel. Nous avions déjà du mal à recruter. Cela ne va pas arranger les choses."
Du côté de l'office de tourisme, Maxime Tissot, directeur adjoint, insiste : "Marseille n'était pas une destination touristique et était relativement épargnée. Maintenant qu'elle a la cote, il nous faut être particulièrement vigilant."
Pour Alain Paulin, directeur de la Résidence du Vieux Port : "Malgré tout, Marseille reste la ville la plus sûre du sud de la France." Victime d'une agression il y a 2 ans, l'hôtel s'est doté d'une vidéo-surveillance et d'une porte blindée.
Marc Thépot, également directeur régional des opérations du groupe Accor, explique : "Les problèmes de sécurité existent, mais on en parle peu. Cela aurait un impact négatif sur notre clientèle." Pour ses hôtels, il est clair que la sécurité coûte cher, jusqu'à 500 kF pour un système de vidéo-surveillance et 300 kF par an pour un vigile maître-chien. Pas vraiment à la portée de tous les hôtels. Il conclut : "En 4 ans, le tourisme a augmenté de 40 %. Ce n'est pas le cas des forces de police. J'ai l'impression qu'on ne nous prend pas vraiment au sérieux. Pourtant, sans sécurité, il n'y a pas de tourisme durable."
D. Fonsèque-Nathan

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L'HÔTELLERIE n° 2719 Hebdo 24 Mai 2001


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