Vimy (62), un mois plus tard
Vimy (Pas-de-Calais), à deux pas d'Arras, au pied de la côte d'Artois sur laquelle tant de soldats de l'empire britannique et du second Reich sont morts pendant la Grande Guerre. Un mois après le grand chambardement, est-ce déjà un nom oublié ? Que sont devenus les habitants et les commerçants chassés des lieux pour 'raisons de sécurité' ?
Le vendredi 13
avril, les habitants de cette paisible commune de 3 600 habitants apprenaient ex abrupto
qu'ils devaient évacuer leur ville dans la journée en laissant tout sur place à la
garde des forces de l'ordre. Une vingtaine de professionnels des CHR étaient concernés,
dont 6 syndiqués, estime le président de la section de l'Umih à Arras, Thierry Depret,
patron de L'Aquarium à Fresnes-les-Montauban. Lui-même comme d'autres avait été
prévenu le matin, se trouvant réquisitionné par la préfecture pour recevoir des
évacués. Motif : mettre en lieu sûr des bombes à désamorcer, devenues dangereuses
avec le temps.
L'affaire fut menée tambour battant, "assez bien organisée" d'ailleurs,
commente Thierry Depret. La plupart des habitants ont choisi d'aller dans leur famille
proche, plutôt que dans un logement réquisitionné. Marie-Paule Lefèbvre, patronne de
café, prévenue par les habitants le matin et officiellement par les pompiers en milieu
de journée, a été l'une des toutes dernières à quitter la ville.
"Les organisateurs ne savaient pas où aller. Ce n'était pas le moment de ne pas
travailler", raconte-t-elle. Les 'évacués' ont trouvé le temps long jusqu'à
leur retour, le samedi 22 avril suivant Pâques. Dernière partie, Marie-Paule Lefèbvre,
logée tout près dans sa famille, a tenu à se trouver parmi les toutes premières au
retour. Ce sont les moments où l'on se souvient qu'un café est un lieu social important.
La garde a bien été assurée pendant l'absence des habitants, aucun pillage n'a été
signalé.
Chacun a reçu 750 francs pour les frais immédiats, et en allant à la préfecture, une
aide supplémentaire de 1 000 francs par adulte et de 500 francs par enfant a été
allouée. Pour le chômage partiel des salariés des entreprises, il a été entièrement
pris en charge par l'Etat (brut et charges sociales). Toutes les échéances ont été
automatiquement décalées.
Un dossier minutieux
Mais la perte d'activité a été importante, pendant un long week-end où les pèlerins
britanniques se rendent souvent sur les tombes de leurs ancêtres disparus, et où de
grandes familles se réunissent volontiers.
Les affaires, en particulier les restaurants, n'ont pu être remises en route que le
mardi, le temps par exemple de récupérer une eau potable après avoir évacué ce qui
avait stagné dans les tuyaux. Le remboursement de ces pertes incombe à l'Etat.
Tous les commerçants doivent établir un dossier minutieux, "monté exactement
comme un dossier de sinistre auprès
d'un assureur", explique le représentant syndical.
Un hôtelier ou un restaurateur devait non seulement évaluer les clients identifiés
évacués ou prévenus au dernier moment
de la caducité d'une réservation, mais aussi le chiffre d'affaires virtuellement perdu
pour la période. Les commerçants sont "relativement confiants",
explique le syndicaliste, mais il faut prévoir un certain délai. Le 22 mai dernier,
personne ou presque n'était encore indemnisé.
Marie-Paule Lefèbvre a remis son dossier un peu tard, car son comptable était
débordé...
Elle n'est pas seule dans ce cas.
A. Simoneau
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L'HÔTELLERIE n° 2720 Hebdo 31 Mai 2001