Guy Lacour à Giéville
Giéville, petite commune de la Manche, est administrée par Guy Lacour, maire depuis 1977 et reconduit lors des dernières municipales. Propriétaire du Motel du Bocage, ce dernier est également le seul commerçant du village.
Planté discrètement dans le
bocage manchois, à deux pas du Calvados, la petite commune de Giéville ressemble "à
une banane", selon les dires du premier magistrat du bourg, Guy Lacour. Giéville
s'étend en effet sur 7 km de long pour seulement 1,5 km de large, "et pour une
superficie de quelque 1 050 hectares". On y compte environ 670 âmes, une église
aux vitraux classés cernée par son cimetière, une école et une salle des fêtes, dont
le maire n'est pas peu fier puisqu'elle a été entièrement construite bénévolement par
les habitants. Mais pas de commerces. Ou si, un seul, le Motel du Bocage, un Logis de
France 2 cheminées, tenu par... Guy Lacour, le maire en personne.
Lors des dernières municipales, la liste qu'il a conduite a été réélue dès le
premier tour. Et la double casquette d'hôtelier-maire, cet homme robuste la porte depuis
maintenant 24 ans ! A l'époque, en 1975, la municipalité en place se heurte à plusieurs
habitants sur le délicat problème du remembrement. "Des gens sont venus me voir
en me demandant de conduire une liste, se souvient Guy Lacour en ajoutant, pourquoi
moi ? Parce que je devais leur plaire !" Deux ans plus tard, en 1977, ce
collectionneur d'objets militaires liés au débarquement est élu maire. Pourtant l'homme
découvre totalement la politique et la gestion municipale. "Je n'y connaissais
rien, et au départ, c'est le secrétaire de mairie, essentiel dans des communes rurales
comme la nôtre, qui m'a formé." Aujourd'hui encore, Guy Lacour, même s'il
adhère au RPR, revendique une gestion apolitique : "Dans des villages comme
Giéville, la politique ne veut rien dire. Ici on apprend à respecter les idées de
chacun, et la couleur de tel ou tel parti n'intervient pas dans la vie communale."
A son actif sur la commune, on peut notamment évoquer la construction d'un lotissement,
la conservation de l'école (une gageure dans une si petite commune et le maire a fait
passer, pour se faire, une mesure peu commune : l'interdiction de scolarisation hors
commune), la plus grande salle des fêtes du canton bien entendu, et la gestion d'un point
de vue sécuritaire de
l'Echo du Lac, "la plus importante discothèque de Basse-Normandie pouvant
accueillir 1 800 personnes", dixit le maire.
Le 'Bon Dieu'
A l'instar de tous ses confrères, le maire est perçu comme le 'Bon Dieu' dans une petite
commune. On l'appelle pour un rien, il intervient dans des problèmes familiaux, on le
tient pour responsable dès qu'un problème surgit... Pas évident dans ces conditions
d'exercer à temps plein son activité d'hôtelier. Pourtant, Guy Lacour se consacre dès
qu'il le peut au Motel de 20 chambres et au restaurant de 90 couverts. Un établissement
ouvert en 1988. "En fait, la mairie n'est pas ouverte tous les jours. J'y passe
donc les matins d'ouverture pour signer des papiers, me tenir au courant d'éventuels
problèmes." Parfois, la secrétaire de mairie se déplace elle-même au Motel du
Bocage, dossiers sous le bras, pour lui faire signer tel ou tel document. Pour Guy Lacour,
la fonction de maire n'a rien d'incompatible, au contraire, avec son métier d'hôtelier.
"Cela me permet d'être certainement plus ouvert aux autres. J'ai beaucoup appris
au contact des gens.
Cette fonction m'a permis par ailleurs de bien maîtriser la législation, ce qui peut
être utile dans notre métier." Et ce n'est certainement pas le syndicat
départemental qui se plaindra de compter parmi ses adhérents un maire puisque "dès
que je le peux, je touche deux mots aux députés et sénateurs de notre combat contre la
TVA au taux actuel". Laissant son écharpe tricolore à la mairie, Guy Lacour
n'hésite pas à défendre les intérêts de sa profession comme en juillet dernier,
"où nous avons coupé la nationale pendant de longues heures". Côtoyant
également de nombreux chefs d'entreprise, ces derniers viennent régulièrement déjeuner
dans le restaurant du Motel, tenu par Francine Lacour. Et à l'occasion d'une réunion de
la Communauté des communes dont Giéville fait partie, "nous organisons le repas
ici". Mais ne comptez pas sur le maire pour abuser de sa fonction. Si les élus
se rendent chez Guy Lacour, c'est bel et bien parce que le Motel reste le seul
établissement du coin. Mais l'hôtelier l'avoue aisément : "Nous sommes ici
depuis 13 ans et nous pensons bien nous retirer." Pour ce qui est de sa fonction
de maire, Guy Lacour compte bien s'en acquitter jusqu'au bout.
O. Marie
Laissant son écharpe tricolore à la mairie, Guy Lacour n'hésite pas à
défendre les intérêts de sa profession.
En dates1977 |
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L'HÔTELLERIE n° 2721 Hebdo 7 Juin 2001