Vous pouvez fumer autant de
paquets de cigarettes que vous le désirez, boire autant d'alcool que vous le souhaitez,
mais il vous est interdit de travailler autant d'heures que vous le voulez ! La loi
française vous protège mieux aujourd'hui des 'méfaits' du travail que de ceux de
l'alcool ou du tabac... Constatation insolite pour le moins... Serait-il donc plus
dangereux de travailler que de fumer ou de boire ?... C'est en effet à se le demander
quand on voit avec quel acharnement les pouvoirs publics s'échinent à mettre au point la
loi sur la réduction du temps de travail en refusant de prendre en compte les aspirations
tant des salariés que des chefs d'entreprise ! Et de tout compter, décompter pour mieux
pouvoir limiter et interdire de travailler au-delà d'une certaine norme. Car c'est bien
d'interdit qu'il est question aujourd'hui dans la loi sur la réduction du temps de
travail.
On ne peut que se féliciter qu'une réflexion soit menée - enfin ! - dans le monde de
l'hôtellerie-restauration sur l'amélioration des conditions de vie des salariés, mais
aussi des patrons, de ce secteur. Amplitudes du temps de travail très larges, rythme
professionnel difficilement compatible avec une vie familiale harmonieuse, spécificité
du travail saisonnier, sont autant d'éléments qui méritent d'être pris en
considération pour que des améliorations voient le jour. Mais ce n'est pas pour autant
qu'une position d'interdit unilatérale vis-à-vis du travail apportera satisfaction et
solution aux problèmes que rencontrent dans ces métiers tant les employeurs que les
salariés ! Pourquoi veut-on chaque jour un peu plus répartir d'une manière que l'on
qualifie d'égalitaire le travail ? Pourquoi ne pas laisser justement toute liberté aux
uns et aux autres pour établir, en fonction de leurs intérêts du moment, de leur âge,
de leurs charges de famille, leur propre rapport avec le travail et le temps qu'ils
peuvent y consacrer ? Pourquoi refuser à celui qui le désire, et qui le peut, de
travailler 12 heures par jour, alors qu'un autre se contenterait de n'en travailler que 6
en acceptant, bien sûr, de se satisfaire du salaire correspondant ?
De toute évidence, n'évoquer que le 'moins de travail', sans jamais valoriser
l'intérêt que l'on peut porter au travail, sans jamais chercher à comprendre le rapport
que les hommes et les femmes peuvent avoir avec le travail, ne peut apparaître que comme
un élément de frustration pour tous ceux qui ont justement su trouver un épanouissement
dans leur profession.
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2721 Hebdo 7 Juin 2001
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