Lycée professionnel régional hôtelier Jacques de Romas à Nérac (47)
Dès sa nomination en septembre 1999, le proviseur, Michel Rancé s'est lancé un défi : élaborer dans les plus brefs délais un projet d'établissement. Deux mois plus tard ce travail, mené en étroite concertation avec les enseignants et les élèves, débouchait sur une ligne de conduite jamais démentie : Le lycée professionnel de Nérac jouera 'l'ouverture', un mot qui prend ici tout son sens.
Niché au cur du Lot-
et-Garonne, à la sortie de la charmante cité touristique de Nérac, le lycée
professionnel régional hôtelier Jacques de Roman, construit en 1966, accueille 410
élèves dont les deux tiers en hôtellerie. Les conditions de travail sont optimales
depuis que l'établissement a été rénové voici 6 ans. Un restaurant d'application de
17 couverts et un restaurant d'initiation - chacun possédant sa propre cuisine -
voisinent avec une salle informatique de 12 postes, un laboratoire de sommellerie, 2
chambres d'application pour le BEP option hébergement. Les jeunes viennent de toute
l'Aquitaine et parfois de plus loin, la moitiées constituée d'internes.
Incontestablement, le travail accompli depuis 1992 pour rénover les formations, élever
le niveau des qualifications porte ses fruits : création d'un bac professionnel
hôtellerie-restauration, option hébergement au BEP hôtellerie, mentions
complémentaires aide à domicile, accueil- réception post-bac... Et en 1999, en réponse
à la demande de professionnels locaux, l'apparition d'une mention complémentaire
desserts en restauration (servis à l'assiette) ; la sélection fut draconienne : 72
postulants pour 12 places. Dans sa volonté d'ouverture, Michel Rancé a bien d'autres
idées en tête : ouvrir une section européenne en bac pro technologique et une mention
complémentaire décoration florale.
"Ici c'est un peu votre maison"
Sans cesse, Michel Rancé invite les professionnels à se rendre dans l'établissement. Il
martèle lors de chaque rencontre : "Ici c'est un peu votre maison. On nous dit,
les jeunes sont mal formés, moi je leur réponds de prendre le temps de s'investir, de
participer aux examens, de faire partie des jurys des concours que nous organisons."
En clair, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Cette liberté de ton
caractérise, il est vrai, un proviseur quelque peu atypique.
Que penser en effet de cet homme de 54 ans, vice-président du festival de jazz de
Marciac, musicien à ses heures et encore disponible pour être sapeur- pompier volontaire
? Curieux de tout et exigeant - tous les matins, il est en haut de l'escalier pour
accueillir ses élèves -, il s'attache à ouvrir les 'gamins' (comme il les surnomme
affectueusement) sur tous les plans. Ainsi les uvres d'artistes font leur entrée
dans l'établissement grâce à la mise sur pied d'un pool d'entreprises de la région
invitées à jouer les mécènes. Des stages de jonglage sont proposés aux élèves :
"C'est excellent pour acquérir adresse et grâce", dit-il, et un groupe
musical de 'batucadas' aussi animé qu'au Brésil a été formé. L'ambiance détendue,
conviviale voire familiale, n'en révèle pas moins son efficacité. Les taux de réussite
aux examens sont compris entre 80 et 100 %. Et fort d'un fichier comprenant 300
entreprises, un emploi est assuré à la sortie. Les propositions sont même qualifiées
de trop séduisantes parfois. "Depuis deux ans, nous sommes victimes d'une OPA des
Suisses, en particulier sur la sommellerie. Nos élèves ont du mal à résister à des
salaires de 16 000 F, logé, nourris et blanchis quand, pour un même poste, on leur
propose 8 000 F dans la région. On ne peut pas leur mettre le fil à la patte."
L'époque où l'établissement vivait replié sur lui-même est bel et bien révolue.
"Autrefois, on devait mendier des stages, avoue une enseignante ici depuis 10
an. Aujourd'hui, nos élèves n'ont que l'embarras du choix pour trouver un stage ou un
emploi pour peu qu'ils acceptent de bouger." Le projet d'établissement a
parfaitement rempli sa mission.
B. Ducasse
Au lycée Jacques de Romas, les taux de réussite aux examens sont compris entre
80 et 100 %.
FormationsCAP : cuisine (24 élèves), restaurant (24 élèves)
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L'HÔTELLERIE n° 2721 Hebdo 7 Juin 2001