Thalassothérapie
Après le formidable effet de mode dont a bénéficié le secteur dans les années 80, le marché français de la thalassothérapie avait connu un essoufflement. On assiste depuis environ 2 ans à une relance de la demande dont profitent pleinement l'hôtellerie et la restauration voisines.
Il paraissait évident que le marché français de la thalassothérapie était arrivé à maturité en France depuis 10 ans environ. Du côté de l'offre, entre 1989 et 1995, le nombre d'instituts en France avait doublé, passant de 22 à 44 unités. Or, depuis, seuls 3 nouveaux établissements ont été ouverts. Du côté de la demande, un essoufflement patent a marqué les esprits dans les années 90. Avec des prix de séjours réputés chers (malgré des tentatives de démocratisation), touchant par conséquent des adeptes plutôt élitistes et une clientèle plutôt vieillissante, le nombre de journées-cure a été globalement en stagnation pendant 10 ans. Pourtant depuis 2 à 3 ans, les centres, qui ont joué la carte du renouvellement et du rajeunissement ont vu leurs efforts récompensés. Selon la Maison de la Thalassothérapie, la demande (350 000 curistes en 2000) progresserait de 20 % cette année. Dans un même temps, ce volume représente environ 2 millions de nuitées, dont 2/3 concernent l'hôtellerie des stations balnéaires où sont implantés les instituts de thalassothérapie et plus de 3,7 millions de repas. Une manne.
Une clientèle soucieuse de sa forme et plus autonome
Cette relance de la demande s'explique à la fois par une nouvelle prise de conscience de
la santé et par l'envie de se ressourcer, phénomènes qui reviennent par cycle. La bonne
situation économique de la France est un des facteurs supplémentaires qui ont provoqué
cette envolée. Par ailleurs, le public réagit aussi à de nouvelles offres, comme
l'élargissement de gammes de forfaits et d'activités, la création de nouveaux hôtels
liés aux centres ou encore les rénovations. Quelle que soit leur spécialité
(diététique, détente, sport, beauté...), les séjours de remise en forme sont les plus
prisés, au détriment des séjours médicalisés. "Ils correspondent maintenant
à près de 75 % de notre activité", commente Vincent Baslé, responsable
marketing des Thermes Marins de Saint-Malo. Autre nouvelle particularité des curistes :
ils privilégient leur indépendance, ce que les centres de thalassothérapie ont bien
compris en complétant leur offre hôtelière avec une résidence de tourisme, formule
moins chère et plus souple que l'hôtellerie. De même, afin de laisser le choix aux
curistes, les centres proposent systématiquement de l'hébergement intégré ou externe.
Cette croissance de la fréquentation est en outre alimentée par la poussée continue des
courts séjours. La durée moyenne des cures ne cesse de raccourcir, passant de 6 jours en
1995 à 5 jours actuellement. Formules week-end et journées découvertes sont désormais
opportunes. "Elles constituent plus de 10 % de la fréquentation dans certains de
nos centres, notamment pour les établissements les plus proches de Paris",
explique un responsable de Thalassa International, filiale du groupe Accor.
Une concurrence méditerranéenne
Cependant, tout n'est pas rose pour le marché français de la thalassothérapie. En
premier, elle a du mal à capter une clientèle étrangère : entre 8 et 9 clients sur 10
sont français, selon les instituts. Mais il y a aussi la concurrence des nouveaux
instituts à l'étranger alors que la France a été longtemps le berceau exclusif de la
thalassothérapie. Force est de constater qu'à certaines périodes de l'année, les
forfaits hors frontières sont plus intéressants financièrement, prix d'avion compris. "Nous
pensons augmenter notre chiffre d'affaires par l'engouement nouveau pour les séjours de
thalassothérapie à l'étranger", affirme Gilles Bonnet, responsable de la
filière thalassothérapie de Nouvelles Frontières. Les centres situés aux abords du
bassin méditerranéen sont de plus en plus nombreux. Pour Vincent Baslé, la
Méditerranée représente une concurrence incontestable : "Outre les tarifs
exceptionnels des centres de thalassothérapie pour une prestation de luxe, leur offre est
devenue très complète : ils allient le savoir-faire médical et leurs spécificités
telles que les massages, la restauration." Toutefois, le développement de ces
instituts ne captera probablement pas massivement la clientèle française. "Les
clients alternent les plaisirs : une cure dans un pays chaud puis une autre en
Bretagne pour son côté plus tonique", modère Vincent Baslé. Devant ce
développement concurrentiel, les centres de
thalassothérapie français devront donc encore faire preuve d'innovation.
C. Corsin
Les centres de thalassothérapie ont diversifié leurs modes de commercialisation
et touchent de nouvelles clientèles.
Une nouvelle forme de distributionLe secteur de la thalassothérapie a trouvé de nouvelles opportunités en diversifiant sa distribution pour toucher des couches nouvelles de clientèles potentielles. Le centre de thalassothérapie Daniel Jouvance de Pornichet, géré par le groupe Yves Rocher, fut le pionnier en la matière en se commercialisant presque exclusivement par VPC à partir de 1991. Le mécanisme de tarifications réduites de ce système de distribution a provoqué une démocratisation de la thalassothérapie. Depuis 5 ans, les voyagistes se sont également intéressés à cette filière rentable. Maintenant, les agences de voyages, après quelques années d'expériences ratées, connaissent bien le produit thalassothérapie, pourtant complexe à maîtriser, et savent le vendre. Cette distribution, pour l'instant en émergence, représente dans la majorité des centres 10 % de leur activité. "La part du tour-operating va vers une nette progression", affirme un expert. "Certains centres travaillent déjà avec des partenaires pour 25 à 30 % de leur chiffre d'affaires", précise Vincent Baslé. De plus, selon lui, "de réelles opportunités arrivent par Internet". Les acteurs vendant des séjours à des prix plus modestes, tels que Réductour, sont une nouvelle aubaine pour les professionnels de la thalassothérapie face à des consommateurs sensibles aux offres tarifaires. |
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L'HÔTELLERIE n° 2722 L'Hôtellerie Économie 14 Juin 2001